Un rapport explosif rédigé par l’agence de presse McClatchy d’après des sources très sérieuses vient de confirmer ce que beaucoup dénonçaient depuis longtemps déjà : l’implication de la coalition américaine « anti-Etat islamique » dans l’ascension de l’Etat islamique lui-même. Il affirme que l’un des chefs militaires les plus redoutés de l’organisation islamiste a été entraîné par les forces spéciales américaines en Géorgie : Tarkhan Batirashvili s’est ensuite radicalisé dans une mosquée de sa région, financée par l’Arabie Saoudite, qui participe activement à la fameuse coalition américaine.
Sans les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, Tarkhan Batirashvili – qui se fait aujourd’hui appeler Abu Omar al Shishani – ne serait donc jamais parti pour la Syrie, et ne serait jamais devenu l’un des chefs les plus efficaces de l’Etat islamique. Aujourd’hui, il sévit dans la région d’Alep. Il est loin d’être seul de son espèce.
Etats-Unis et Arabie Saoudite, membres de la coalition anti-Etat islamique, ont formé et entraîné Tarkhan Batirashvili
Le vice-président Joe Biden n’a-t-il pas reconnu lors d’un discours prononcé à Harvard que la « coalition anti-Etat islamique » a financé et armé différents groupes terroristes en Syrie qui ont ensuite formé l’Etat islamique ? Le soutien était officiel, il s’adressait alors aux rebelles « modérés » dont personne n’a jamais pu constater la modération ailleurs que dans les rapports du gouvernement américain.
Le chef d’état major interarmées Martin Dempsey a confirmé ses dires, révélant devant le Sénat que les dictateurs sunnites de la « coalition anti-Etat islamique » ne se contentent pas de soutenir l’Etat islamique, mais qu’ils le financent.
En 2012, contrainte par le Freedom of Information Act, la Defense Intelligence Agency américaine divulguait un rapport affirmant que les pouvoirs occidentaux et leurs alliés sunnites soutenaient les terroristes islamistes dans l’espoir de voir naître un Etat islamique dans l’est de la Syrie. Quelque temps après, l’ancien directeur de la Defense Intelligence Agency dénonçait le soutien « obstiné » de Barack Obama aux islamistes.
Le rapport de l’agence de presse McClatchy en apporte une preuve de plus. Il révèle le passé trouble de Tarkhan Batirashvili et explique comment il est devenu l’un des commandants à qui l’Etat islamique doit nombre de ses victoires.
Chef redouté de l’Etat islamique, il a été préparé à coups de dollars
Plusieurs sources militaires voient en lui « peut-être le commandant le plus redoutable du groupe », et la raison en est simple : l’argent du contribuable américain lui a permis de suivre une formation exceptionnelle. « Nous l’avons bien entraîné, et nous avons eu beaucoup d’aide de la part des Etats-Unis », précise un ancien fonctionnaire de la défense géorgienne sous couvert d’anonymat, en raison du caractère sensible du dossier. « En réalité, la seule raison pour laquelle il n’est pas parti se battre en Irak avec les Américains, c’est que nous avions besoin de ses compétences en Géorgie », ajoute-t-il.
Très vite repéré pour ses qualités militaires – aux dires de ses anciens camarades géorgiens – Tarkhan Batirashvili est immédiatement intégré aux forces géorgiennes entraînées par les forces spéciales américaines. Le petit musulman tchétchène devient la recrue idéale, le soldat présenté en exemple. Il est évident que les Etats-Unis n’ont pas entraîné cet homme dans le but de le faire rejoindre l’Etat islamique, mais pour défendre l’Etat géorgien contre éventuelles attaques de son voisin russe. Mais il a fini par changer de camp, et les Etats-Unis avaient déjà l’expérience de l’Afghanistan pour tenir compte de ce risque.
Tarkhan Batirashvili vient d’un petit village musulman au sein d’une nation majoritairement chrétienne. On y pratique un islam soufi, présenté comme une version modérée de l’islam, très combattue par les pétromonarchies du Golfe.
C’est dans une petite mosquée financée par l’Arabie saoudite – pour combattre le soufisme, précisément –, que ce jeune homme s’est radicalisé, abandonnant peu à peu toutes les traditions de son pays pour embrasser le wahhabisme imposé à coups de dollars en provenance de pays arabes membres de la coalition américaine contre l’Etat islamique.
Les Etats-Unis incapables de former une force « rebelle » contre l’Etat islamique
Lorsque la guerre a éclaté en Syrie, nombre de Tchétchènes sont partis mener la « guerre sainte » contre l’« apostat » Bachar el-Assad. Combien d’autres ont ainsi été entraînés par les Etats-Unis, radicalisés par l’Arabie Saoudite ? Il est difficile de le savoir précisément, mais ils sont assurément nombreux. Ne serait-ce qu’en raison de la stratégie de Barack Obama qui a consisté à soutenir des groupes islamistes pour combattre l’Etat islamique.
Auditionné devant le Sénat le mercredi 16 octobre, le chef militaire des forces américaines au Moyen-Orient, le général Lloyd Austin a reconnu l’échec de la stratégie américaine.
Le Pentagone a annoncé en début d’année un projet de formation de 5.000 combattants pour un budget de 500 millions de dollars. Washington précisait alors que les futurs combattants devraient se battre contre l’Etat islamique et non contre le régime de Bachar el-Assad.
A ce jour, seuls 54 combattants ont été formés, et la plupart d’entre eux ont été attaqués, en juillet, dès leur arrivée en Syrie, par un groupe proche d’Al-Qaïda. Ceux qui n’ont pas été tués ou capturé ont pris la fuite : ils ne sont plus que quatre ou cinq sur le terrain.
L’échec est total, mais les forces mondialistes s’en servent désormais pour renforcer leur tyrannie, au nom de la lutte contre le terrorisme…