Le Bitcoin, avec ses remontées spectaculaires et ses pertes de valeur subites, est par essence un avoir spéculatif autant qu’il est virtuel, toujours capable de séduire grâce à l’énorme publicité dont il bénéficie. Mais selon les sociétés de sécurité Hacken et Gladius, la crypto-monnaie court également le risque du sabotage, notamment de la part du gouvernement chinois puisque c’est en Chine que le Bitcoin est le plus exposé. On peut même dire que la Chine domine le Bitcoin du fait du nombre de transactions qui se réalisent sur des serveurs ultra-puissants basés dans le pays.
Si les partisans de la monnaie virtuelle en vantent l’indépendance par rapport aux gouvernements – c’est même l’un de ses atouts majeurs à les en croire – c’est une indépendance toute relative.
Il n’y a certes pas d’organisation centrale qui gère le Bitcoin : son maintien repose sur l’existence d’une série de « mineurs », des ordinateurs en réseau qui obtiennent en « récompense » de nouveaux Bitcoins chaque fois qu’ils mettent à jour le registre de toutes les actions qu’on appelle le « blockchain ». Au fur et à mesure que la monnaie s’est développée, il a fallu mettre en place des ordinateurs de plus en plus chers et de plus en plus puissants, particulièrement gourmands en énergie. Les « mineurs » se trouvent désormais dans des pays où l’électricité est bon marché, en Chine particulièrement.
Le Bitcoin dominé par la Chine – le saviez-vous ?
Ainsi, aujourd’hui 77,7 % de la puissance informatique nécessaire au fonctionnement du Bitcoin se trouvent aujourd’hui en Chine, tandis que la plus grande partie des disques durs spécialisés nécessaires à son « extraction » sont même fabriqués en Chine.
« Ce que ce pays peut faire rapport au réseau est évident. Celui-ci est surexposé par rapport à la Chine et le gouvernement peut le saboter », affirme ainsi l’un des auteurs du rapport, Vladyslav Maarov.
Le fonctionnement du Bitcoin repose sur le consensus des utilisateurs qui doivent confirmer les transactions, ce qui protège la crypto-monnaie des cyber-attaques. Mais si une entité devait avoir le contrôle de plus de la moitié de sa puissance de traitement, elle aurait alors assez de pouvoir de manipulation pour rendre les bitcoins inutilisables.
Une telle « censure » pourrait mener à l’arrêt total des transactions ou alors y semer la pagaille, en validant chaque transaction deux fois par exemple, à moins que l’opération ne consiste simplement à subtiliser les bitcoins présents dans les différents portefeuilles. Ce que Pékin pourrait faire – selon les sociétés de sécurité – en contraignant des « mineurs » présents dans le pays.
La Chine est la mieux placée pour le sabotage du bitcoin
Le gouvernement communiste de la Chine s’y risquerait-il ? On sait en tout cas qu’il se dit sceptique par rapport au Bitcoin et aux autres monnaies virtuelles dont il dénonce les risques pour la stabilité financière et le rôle de facilitateur pour la fuite des capitaux, qui le gêne sur le plan domestique. Ainsi, la Chine a déjà interdit les propositions de monnaie initiale lancées par le biais du crowdfunding, et sur son territoire, a fermé l’accès aux lieux d’échanges en ligne où l’on peut acheter et vendre les crypto-monnaies.
Si la Chine lançait une attaque en bonne et due forme contre le Bitcoin, cela ne provoquerait pas forcément le gel de l’ensemble du réseau mais entamerait la confiance à un tel point que la valeur de la monnaie virtuelle chuterait de manière vertigineuse. Un très mauvais point pour « la santé de l’écosystème du Bitcoin », commente Hennadi Kornev pour Hacken.
Des parades existeraient : on pourrait par exemple « cloner » cette monnaie, selon les rapports, pour créer une version moins vulnérable à la puissance chinoise.
En attendant, et pour compléter ce que disent les analystes à propos de la vulnérabilité du Bitcoin, on constatera que la dictature chinoise ne refuse pas d’abriter et de laisser fonctionner ce singulier avatar du capitalisme, peut-être justement à cause du pouvoir qu’elle peut exercer sur lui.