L’appareil démocrate et ses zélés serviteurs médiatiques ont tout fait pour détourner l’attention du passé politiquement désastreux d’Hillary Clinton en exhumant l’affaire des propos sexistes de Donald Trump, vieux d’une décennie. De la part de la candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis, qui en son temps couvrit les turpitudes sexuelles de son époux à la Maison Blanche, c’était osé. Mais il fallait cela. La publication par WikiLeaks d’une quantité de courriels envoyés par celle qui venait de quitter son poste de secrétaire d’Etat, en charge de la diplomatie, à John Podesta, alors conseiller du président Barack Hussein Obama et qui aujourd’hui préside l’équipe de campagne de la candidate démocrate, révèle une autre turpitude, politiquement bien plus grave. Ces documents démontrent que Mme Clinton savait pertinemment que l’Arabie saoudite et le Qatar soutenaient activement l’Etat islamique et d’autres groupes islamistes armés au Proche-Orient pendant qu’Obama amusait la galerie en sous-estimant délibérément le danger des islamo-terroristes.
Dans un courriel à Podesta daté du 17 août 2014, soit un an et demi après avoir laissé le poste de chef de la diplomatie à John Kerry, Hillary Clinton détaille un plan en huit points pour vaincre l’Etat islamique, soulignant que des opérations militaires classiques doivent être écartées. Mais le principal n’est pas là. Voici ce qu’écrit aussi Hillary Clinton : « Durant le développement de notre opération militaire ou paramilitaire, nous devrions utiliser nos outils diplomatiques et nos moyens de renseignements plus traditionnels pour faire pression sur les gouvernements du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui fournissent une aide clandestine financière et logistique à l’Etat islamique et à d’autres milices sunnites extrémistes dans la région. »
Hillary Clinton savait : elle parle d’« aide clandestine financière et logistique »
Outre une coordination avec les Kurdes, Mme Clinton préconisait aussi de reprendre l’aide « à l’armée syrienne libre ou à d’autres groupes modérés qui leur permettra de faire face à un Etat islamique affaibli et de monter des opérations contre le régime syrien ». L’idée d’une alternative « modérée » au gouvernement d’Assad restait donc, malgré la catastrophe en cours, une lubie persistante à Washington, comme à Paris avec le monomaniaque anti-Assad Laurent Fabius et, bien sûr et surtout, comme en Israël.
Les courriels de Clinton insistent sur le cas turc. Elle s’étend sur la réticence d’Ankara à envoyer des armes lourdes aux Peshmergas kurdes, craignant qu’elles ne passent entre les mains des milices rebelles kurdes en Turquie, mais Clinton pensait que « la situations actuelle en Irak, sans parler de l’environnement politique en Turquie », rendait « une telle objection obsolète ». On sait pourtant ce qu’il advint depuis, avec la reprise d’un affrontement armé entre Kurdes et forces gouvernementales sur le sol turc. Ces jours-ci, le Premier ministre turc Binali Yildirim a d’ailleurs dénoncé le soutien de Clinton aux combattants kurdes lors du second débat présidentiel, l’accusant de « préparer, si elle est élue, un soutien armé des Kurdes et de leurs organisations terroristes dans la région. »
Sur le Qatar, les mensonges du Washington Post
Mais l’essentiel résidait bien sûr dans cet aveu historique reconnaissant que le Qatar, auquel l’Occident a ouvert grand ses portes, et l’Arabie Saoudite étaient derrière les conquêtes de l’Etat islamique. Rappelons que le Qatar possède des actifs considérables en France, en particulier dans le domaine du football, ultra-sensible en matière identitaire, avec le Paris-Saint-Germain, club racheté en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy et désormais présidé par le Qatari Nasser al-Khelaïfi.
Le très conformiste Washington Post écrivait le 11 septembre 2013 que le Qatar comme l’Arabie Saoudite étaient deux alliés par l’intermédiaire desquels la CIA faisait parvenir des armes aux rebelles supposément « modérés » combattant le président Bachar el-Assad. « Un flux de matériels marquant une escalade majeure de la part des Etats-Unis dans la guerre civile syrienne », affirmait sans sourciller ce quotidien supposément parmi les mieux informés, « des équipements expédiés par un réseau de bases clandestines en Turquie et en Jordanie, développé ces dernières années par la CIA qui travaille à aider nos alliés proche-orientaux, armes destinées aux forces syriennes rebelles modérées ». Il s’agissait alors de la part du Washington Post soit d’incompétence soit de mensonge.
Biden : des modérés syriens, quels modérés syriens ?
Car le problème avec cette politique – et cela a été admis sans détour par le vice-président Joe Biden dès octobre 2014 en rupture avec la propre rhétorique d’Obama –, c’est qu’il n’existe pas de force rebelle modérée en Syrie ! Biden avait alors dit, à Harvard : « Le fait est que notre capacité à identifier des modérés en Syrie… euh… il n’y a pas de modérés. » Et d’ajouter : « Mon souci constant, notre principal problème, est celui de nos alliés, oui, nos alliés dans la région sont notre principal problème. » Citant les régimes islamistes de Turquie, des Emirats arabes unis et d’Arabie Saoudite, ainsi que d’autres qu’il n’a pas nommément cités comme le Qatar, Biden avait noté qu’ils « étaient surtout déterminés à renverser Assad et que leur guerre était un djihad sunnite de voisinage ». Pour se dédouaner, Biden avait alors, notons-le, plutôt accusé Turquie, Emirats et Arabie mais pudiquement passé sous silence le rôle du gouvernement américain qui aidait des rebelles… souvent alliés à l’Etat islamique et à sa théocratie sanguinaire.
Pour résumer, l’article du Washington Post du 11 septembre 2013 indiquait que la CIA envoyait des armes aux rebelles « modérés » de Syrie par l’intermédiaire de l’Arabie Saoudite et du Qatar, nations qu’Hillary Clinton accusait, dans son courriel du 17 août 2014, de fournir de l’aide financière et logistique à l’Etat islamique et à d’autres milices islamistes !
Les courriels révélés par Wikileaks révèlent des vérités sur l’Etat islamique
Et pourtant… Au cours de son dernier débat avec Donald Trump, Hillary Clinton a semblé beaucoup plus préoccupée par le combat contre le régime en place que par l’élimination des éléments terroristes tels l’Etat islamique, alliés aux autres rebelles anti-Assad en Syrie. « Les forces aériennes russes veulent détruire Alep afin d’éliminer les derniers rebelles syriens qui résistent vaillamment au régime d’Assad », a-t-elle dénoncé. Face à Clinton s’entêtant à plaider en faveur d’un soutien continu aux diverses milices rebelles, Donald Trump a répliqué : « Elle veut soutenir les rebelles, mais elle ne sait même pas qui sont ces rebelles ! »
Reste l’ampleur du mensonge. Car il apparaît, à la lecture de ces courriels de Clinton révélés par WikiLeaks, que sa perception de la menace représentée par l’Etat islamique était considérablement différente de ce que racontait l’administration démocrate aux Américains, et très différente de la scandaleuse condescendance de Barack Obama, en janvier 2014, qualifiant l’Etat islamique de branquignoles : « Si des juniors enfilent la tenue des Lakers, ça n’en fait pas des Kobe Bryant », avait-il lancé, évoquant le basketteur quintuple champion de la NBA. Au même moment, l’Etat islamique faisait régner la terreur sur les territoires soumis à sa théocratie démente, tenus pour partie avec des armes américaines.