Davos et les migrants : le Forum économique mondial parle de tendances positives

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Khalid Koser

 
Le site du Forum économique mondial, weforum.org, vient de publier un long article à la gloire de la migration internationale, article qui fait partie intégrante de la rencontre annuelle de Davos dont les portes ouvriront physiquement le 17 janvier prochain. Ce n’est plus l’heure de la discrétion, voire du secret : une bonne partie des discussions des grands de ce monde se fait maintenant à ciel ouvert, où plutôt sous l’œil des webcams reliés à Internet. Les migrants font ouvertement partie du dispositif mondialiste. Aussi Khalid Koser directeur exécutif du GCERF, Global Community Engagement and Resilience Fund, déjà évoqué dans les colonnes de reinformation.tv en décembre dernier, a-t-il été invité à redire tout le bien qu’il pense des mouvements de population d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Il salue « trois tendances positives » qui permettent de laisser espérer un meilleur accueil pour les migrants et les réfugiés.
 
Le Fonds qu’il dirige, créé en 2014 sur une initiative du secrétaire d’État américain John Kerry et du ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davotoglu au quatrième Forum global du contre-terrorisme, a pour objectif la lutte contre l’« extrémisme violent ». Ce qui ne manque pas de sel lorsque l’on sait le nombre d’extrémistes de terroristes qui ont rejoint l’Europe en profitant du flux de candidats au droit d’asile.
 

A Davos, l’optimisme est de mise par rapport aux migrants

 
« Les bonnes conditions étant réunies, la migration peut améliorer les vies, soutenir le développement et la croissance économique, et promouvoir le dynamisme social et culturel », affirme Khalid Koser, sur la foi d’un rapport publié en novembre dernier par le McKinsey Global Institute.
 
Et pour réunir ces bonnes conditions, il n’y a qu’un moyen qui est en même temps un défi : il faut généralement « investir ». « Dans notre contexte géo-économique actuel, ces investissements peuvent être difficiles à engager de la part de gouvernements confrontés à l’hostilité, au cycle démocratique à court terme, aux politiques fortes contre l’immigration, et un public de plus en plus sceptique », reconnaît l’auteur. « Mais avons-nous les moyens de ne pas investir dans la migration ? » Son interpellation ne tolère pas de réponse négative.
 
L’article invoque notamment une étude de l’économiste Philippe Legrain promettant que chaque euro investi pour les réfugiés rapportera près de deux euros moins de cinq ans plus tard. Les chercheurs du Centre for Talent Innovation assurent quant à eux que la diversité des employés au sein d’une société peut faire augmenter les parts de marché et les profits, à condition de construire, moyennant investissements, de l’« inclusion ». Quoi que cela veuille dire…
 

Le Forum économique mondial salue des « tendances positives » pour les migrations

 
De toute façon, affirme le porte-parole de Davos, « les flux de migrations de toutes sortes vont croître, que les Etats, les gouvernements ou le public électoral y soit prêts ou non » : pour lui les nations gagnantes sont celles qui, comme le Canada, Australie ou la Chine, augmentent actuellement leurs objectifs d’immigration afin de faire venir une population active qualifiée. Mais Koser reconnaît que les ressources des gouvernements s’étiolent alors qu’ils sont confrontés aux « menaces liées à la migration » – en clair, le discrédit politique et électoral qui accompagne une politique d’ouverture. Voyez Merkel.
 
Alors, quelles sont ces tendances positives que croit percevoir le Forum économique mondial ? Eh bien, ce sont celles qui seront promues à Davos au cours de la rencontre annuelle qui aura lieu dans quelques jours dans la petite ville suisse. Tout reposera sur des partenariats public-privé.
 
D’abord, il faudra « donner aux citoyens privés la possibilité de jouer un rôle actif par rapport à l’établissement et à l’intégration » des migrants. Il appartiendra, comme cela se passe déjà dans le cadre de plans pilotes au Canada, en Argentine, au Brésil, en Italie, au Royaume-Uni, aux personnes déjà sur place de participer au choix et à l’accueil des réfugiés, ces familles mises sur la route du succès « grâce au capital social et financier investi par des sponsors privés ». En pratique : le regroupement familial… Après les individus, Khalid Koser suggère de donner un rôle aux entreprises. A elles de sélectionner et d’importer la main-d’œuvre, les employés, et pourquoi pas les cadres dont elles ont besoin – puisant dans le gigantesque réservoir d’une population active mondialisée. Comme moyen d’abolir les frontières on ne rêve pas mieux.
 

Les mondialistes de Davos veulent plus de migrants – et plus d’investissements pour eux

 
Deuxième condition : il faut « donner la permission aux immigrés et aux réfugiés de travailler dès le jour de leur arrivée ». Seules la Suède, l’Australie et l’Espagne permettent cela aujourd’hui, souligne l’auteur. La Suède, confrontée à de grands problèmes en raison du flux des migrants ; l’Espagne, où 49 % des jeunes autochtones sont au chômage… le bel exemple ! Quant à l’Australie, elle renvoie sans ménagement les clandestins vers leur point de départ.
 
Il faut enfin – troisième tendance prometteuse – profiter des innovations digitales pour aider les immigrés dans leur recherche d’emploi et leurs besoins d’intégration. Khalid Koser salue LinkedIn qui a mis en place une plate-forme pour aider les réfugiés à entrer en contact avec des employeurs selon leur profil en Suède. Au Canada, un programme similaire de LinkedIn, Welcome Talent Canada accompagne carrément les chercheurs d’emploi fraîchement arrivés. La fondation HP offre des cours de gestion et de compétences informatiques pour faciliter la création d’entreprises par les migrants dans leur pays d’accueil.
 
Tous ces dispositifs, prioritairement dirigés vers des populations déracinées, font partie des « investissements » jugés nécessaires par les grands de ce monde. C’est la logique de la discrimination positive. Au moins, on voit ainsi vers quoi elle tend.
 

Anne Dolhein