Le directeur d’Europol, Rob Wainwright, a déclaré au journal The Standard, vendredi, que le continent européen et le Royaume-Uni sont sous la menace de l’arrivée d’une nouvelle vague de djihadistes depuis la Syrie alors que l’Etat islamique vient de prendre la « décision stratégique » d’envoyer de nombreux « combattants » vers l’Europe. Le responsable de la « police européenne » assure que les guerriers d’Allah utilisent de plus en plus souvent des documents falsifiés pour leur permettre de pénétrer dans l’Union européenne, des passeports syriens notamment.
La décision de l’Etat islamique fait suite, selon lui, aux défaites essuyées sur le terrain en Syrie, le commandement du Califat cherchant à détourner l’attention de ses échecs en multipliant les attentats sur le sol européen qu’il peut présenter comme autant de victoires pour remobiliser ses troupes. Rob Wainwright a ajouté qu’un nombre modeste mais croissant de ces combattants se font passer pour des réfugiés pour pénétrer sur le sol européen.
La menace des terroristes de l’Etat islamique en Europe
Ils ont ensuite recours à des entreprises de production « industrielle » de faux passeports des pays de l’Union européenne pour se mouvoir plus facilement dans l’ensemble de cet espace. Chose facilitée, faudrait-il ajouter, par le fait que des années d’immigration soutenue par les pouvoirs publics qu’il semble naturel qu’une personne visiblement originaire du Proche-Orient ou des pays du Maghreb puisse avoir la nationalité d’un État européen…
Par cette technique combinée, le combattant pénètre par le biais des routes des réfugiés, et une fois sur le sol européen, se voit délivrer par des complices des documents de voyage européens falsifiés pour faciliter ces mouvements.
A ces combattants volontairement envoyés par l’Etat islamique s’ajoute selon le directeur d’Interpol la menace d’un retour massif d’« extrémistes », ainsi qu’il les désigne, ou de musulmans radicaux comme il est plus exact de le dire : la défaite future de Daesh aurait pour effet de renvoyer ceux partis rejoindre le Califat depuis l’Europe vers leur foyer en Occident. Cela représentera une « lourde menace pour la sécurité » pendant de longues années, a-t-il averti.
Le directeur d’Europol voit arriver une nouvelle vague de djihadistes
Wainwright, tout en annonçant que 200 officiers antiterroristes seront déployés dans les îles grecques pendant les semaines à venir afin de repérer des terroristes potentiels cherchant à entrer en Europe, estime que des tentatives d’attentats spectaculaire de l’envergure de ceux de Paris se produiront à l’avenir, ajoutant que plus de 50 enquêtes antiterroristes sont en cours sur le continent.
Selon le directeur d’Interpol, il existe des éléments qui laissent penser que des extrémistes tentent de radicaliser des migrants dans les points d’accueil des réfugiés en Grèce et dans les Balkans. Le journal italien La Stampa vient ainsi de révéler que de faux passeports fabriqués à l’intention de militants de l’État islamique ont été mis au jour dans des camps de réfugiés en Grèce.
A cette menace d’envois en mission ou de retours de djihadistes depuis la Syrie, s’ajoute celle « du nombre peut-être encore plus grand de ceux qui ne sont jamais allés en Syrie mais qui sont toujours capables d’avoir été radicalisé en vue de perpétrer des attentats », a déclaré Rob Wainwright. Celui-ci s’est dit « surpris » par le fait que l’État islamique n’ait pas davantage tiré profit de l’arrivée des réfugiés en Europe pour faire passer ces terroristes mais il estime que la tendance actuelle est à l’augmentation des arrivées par ce biais. Merci Merkel…
L’Etat islamique profite du flux des réfugiés, dit le directeur d’Europol
Quant à la logistique, elle est assurée par des réseaux criminels qui profitent du Dark Net (le « web profond ») pour vendre armes, drogues et faux passeports pour le trafic d’êtres humains mais aussi de terroristes en ligne. « L’approvisionnement est encore fortement lié avec l’ancienne Yougoslavie mais aussi, pour une bonne part, avec l’Amérique », a précisé Wainwright : « La capacité de la police à identifier à la fois le vendeur et l’acheteur reste très faible ».
Conclusion : la menace du fanatisme des guerriers d’Allah est réelle, mais elle est aussi répétée et amplifiée par la caisse de résonance des pouvoirs publics et, comme ici, de la police européenne, qui justifient ainsi dans l’esprit des populations toutes sortes de démarches pour les protéger. Il n’est pas inintéressant de noter que le chef d’Interpol conclut son entretien en répondant à une question sur le Brexit, en soulignant que la police britannique aurait tout intérêt à la sauvegarde du système de mandats d’arrêt européen de l’accès au système d’information de Schengen (SIS).
Anne Dolhein