Comme à l’ère Obama, les Etats-Unis veulent financer les médias d’opposition en Hongrie… à l’approche des élections !

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Alors que les prochaines élections parlementaires, où le Fidesz est donné favori, auront lieu au printemps prochain, le Bureau de la Démocratie, des Droits de l’homme et du Travail (DRL) du Département d’Etat des Etats-Unis a lancé le 7 novembre un concours pour l’attribution, en janvier, de 700.000 dollars à des médias indépendants de province en Hongrie, dans le but « d’avoir un impact conduisant à des réformes démocratiques » ! Sans doute faut-il donc comprendre par cela que la Hongrie est insuffisamment démocratique et que les médias bénéficiaires devront être forcément critiques vis-à-vis du gouvernement de Viktor Orbán.
 
Le ministre des Affaires étrangères hongrois Péter Szijjártó a convoqué le chargé d’affaires américain pour lui demander des explications. David Kostelancik, en poste depuis janvier en attendant la nomination d’un ambassadeur, avait auparavant servi l’ambassadeur nommé par Barack Obama. Le 17 octobre dernier, Kostelancik avait semblé critiquer devant une association de journalistes hongrois les « incohérences » de la politique étrangère de Donald Trump et il avait vanté le travail « de vérité » de journalistes dont la carrière avait commencé au service du régime à l’époque communiste.
 
Une fois de plus, il semblerait que c’est l’État profond qui continue de gérer les affaires, ou en tout cas certaines affaires, sous la présidence de Donald Trump. Donald Trump est en effet plutôt élogieux à l’égard du Premier ministre hongrois Viktor Orbán qui avait été le premier chef de gouvernement européen à lui apporter son soutien aux élections présidentielles américaines. Mais le Département d’Etat américain est quant à lui d’avis que trop de médias hongrois soutiennent le gouvernement en place.
 

En Hongrie, les États-Unis poursuivent leur tradition d’ingérence dans le processus démocratique d’autres pays

 
Le ministre des Affaires étrangères hongrois s’est dit choqué que l’argent du contribuable américain puisse être dépensé pour former les journalistes dans une démocratie alliée des États-Unis. Szijjártó a signifié au chargé d’affaires américain que son gouvernement considérait cela comme « une ingérence politique du Département d’Etat américain à l’approche des élections », et il a mis en doute la capacité des fonctionnaires de Washington de juger de la situation des médias en Hongrie. On ne les avait d’ailleurs pas entendus quand les grands médias en Hongrie étaient tous de gauche à l’époque des gouvernements des socialistes et des libéraux, et donc avant que le Fidesz n’impose justement plus de pluralisme. On peut aussi se demander comment réagiraient les élites politico-médiatiques américaines si par exemple la Russie injectait 700.000 dollars dans certains médias américains avant les prochaines élections.
 

Que dirait-on si la Russie donnait 700.000 dollars dans certains médias américains avant les prochaines élections ?

 
Les critiques du chargé d’affaires américain rappellent l’attitude du chargé d’affaires de l’époque d’Obama, Andre Goodfriend. Celui-ci avait l’habitude de lancer des accusations de corruption à l’égard des autorités hongroises, généralement en des termes assez vagues, et aussi de participer aux manifestations de l’opposition contre le gouvernement de Viktor Orbán. Il était en revanche proche de Ferenc Gyurcsany, ancien communiste devenu riche oligarque puis Premier ministre socialiste, qui avait reconnu ouvertement, un mois après avoir gagné les élections en 2006, avoir menti sans arrêt aux électeurs. Ces aveux enregistrés à son insu et diffusés par une station de radio avaient suscité des émeutes violemment réprimées par la police, sans que Washington ou Bruxelles ne s’en soucient à l’époque (voir à ce sujet l’excellent film documentaire « 2006 : l’autre révolution hongroise » réalisé par TV Libertés).
 

Olivier Bault