L’Europe est-elle judéo-chrétienne ?

Europe judéo-chrétienne
 
Les trop fameuses formules, car elles ne méritaient pas a priori une telle attention, de Mme Morano, dirigeante lorraine des Républicains, ancien ministre, évoquant le passé blanc et surtout les racines « judéo-chrétiennes » de l’Europe, ont amené malgré tout à une réflexion sur cette définition de l’Europe, présente ou passée.
 
A suivre le débat qu’elles ont provoqué, il deviendrait donc médiatiquement immoral, et politiquement suicidaire, de citer le général De Gaulle, personnalité pourtant consensuelle, référence absolue et très surfaite, et d’associer « Europe » et une composante « judéo-chrétienne », même passée. Ce degré d’hystérie, de haine, de négation d’un réel incontestable et évident, a pu surprendre. Et ce d’autant plus que Mme Morano est tout sauf une fervente catholique résistant sans concession aux valeurs, ou plutôt anti-valeurs, de notre temps, puisqu’elle milite dans l’un des deux grands partis de gouvernement, et qu’elle est en outre une fédéraliste européenne convaincue. Elle avait déjà tenu des propos sans équivoque, dans le pire conformisme, sur la GPA par exemple, et ce depuis fort longtemps.
 
Cette agitation invite donc à s’interroger sur la définition de l’Europe : serait-elle judéo-chrétienne ? Ou ne le serait-elle surtout pas ?
 

Europe et Union européenne

 
L’Europe est fondamentalement un des repères géographiques les plus courants, un continent aux frontières naturelles connues : Mer Méditerranée, Océan Atlantique, Océan Arctique, Oural, Mer Caspienne, Caucase, Mer Noire. L’Europe est aussi assimilée couramment à tort ou à raison à l’Union Européenne, confédération politique, qui en couvre certes une majeure partie, mais non à l’est – avec une exception majeure comme la Russie – ni au sens strict quelques enclaves comme la Serbie. L’aire de domination de l’UE déborde de fait les frontières qui sont celles de ses Etats-membres, avec un alignement politique, une intégration économique plus ou moins poussée, et généralement une perspective d’adhésion, dans des pays enclavés comme l’Albanie ou la Bosnie-Herzégovine, voire l’Ukraine. La Turquie, excroissance probable sur l’Asie très officiellement envisagée, puisqu’elle est candidate à l’UE, n’est en aucune manière dans cette posture de dépendance ou de soumission, ce qui constitue sans doute la seule exception majeure.
 
L’UE, aux institutions très complexes, peu lisibles, sinon incompréhensibles pour des non-juristes, n’est d’ailleurs pas une vraie confédération avec des délégations claires de pouvoir à une autorité centrale confédérale, elle-même limitée par des freins tout aussi clairs. Ce flou structurel favorise considérablement les pouvoirs de l’ombre, qui paraissent dicter leurs agendas à la Commission européenne, sorte de gouvernement de l’UE, ou au Parlement européen, vaste enceinte babelesque de 751 députés, guère capables de s’organiser et de se comprendre, et qui en suivent d’autant mieux ces suggestions, voire ces consignes. Ainsi, les vœux du parlement européen dès les années 1990 ont-ils été à la pointe des souhaits tendant à bâtir à son image une Babel sans Dieu.
 
De ce fait, l’Europe, dans ses structures officielles, ne serait-elle pas athée plutôt que religieuse ? Elle a pourtant un passé glorieux ; n’a-t-elle pas été ou ne serait-elle pas encore judéo-chrétienne ? Voire tout simplement chrétienne ?
 

Une Europe au passé fondamentalement chrétien

 
L’Europe existe-t-elle, ou a-t-elle existé ? Oui, elle a existé, sinon comme ensemble politique unifié, du moins comme civilisation commune.
 
D’aucuns affirment qu’une unité européenne primitive aurait existé à l’âge de bronze, dès – 1000 av. JC, autour de techniques partagées et de valeurs communes. Ces époques trop anciennes ne sont cependant pas assez sérieusement documentées pour que l’on puisse en tirer des conclusions historiques raisonnables. L’absence d’écriture, hors des marges méditerranéennes de l’Europe, n’aide pas à comprendre vraiment ces civilisations anciennes, laisse beaucoup trop de place à l’interprétation ou l’imagination, et ne permet pas de se prononcer sur une bien hypothétique unité continentale.
 
Une véritable unité culturelle européenne ne débute qu’avec l’Empire Romain, modèle projeté très au-delà de ses frontières du Rhin et du Danube. S’il ne couvre que la moitié méridionale de l’Europe, il rayonne jusqu’à la Mer Baltique. Ce rayonnement prend une nouvelle dimension avec la conversion de l’Empire au christianisme au IVe siècle. Cette conversion lui permet de durer, dans les mémoires, bien au-delà de sa disparition politique (476 en Occident), à travers notamment la langue et la culture latine, préservées par l’Eglise, et ce jusqu’en Islande à partir du XIe siècle.
 
L’Eglise catholique donne sa véritable unité à l’Europe, autour d’une religion commune, qui détermine elle-même toute une culture. Il n’y a d’ailleurs pas à rougir de cette culture médiévale, systématiquement dépréciés par les idéologues « philosophes » de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et leurs prétendues Lumières maçonniques, qui ont multiplié à son sujet les caricatures absurdes, systématiquement reprises sans discernement depuis. Cette culture chrétienne, intégralement catholique jusqu’au schisme grec de 1054, à dominante latine, connaît encore le grec dans ses grands centres et monastères réputés. Cette culture chrétienne fondamentalement unique, basée sur une Eglise unie, fidèle aux Ecritures et à la Tradition, couvrant toute l’Europe, comment ne pas y voir le seul fondement d’une Europe possible ?
 
Il est vrai que la déchristianisation accélérée depuis 1789 tend à dissoudre ce qui pourrait subsister de cette unité européenne chrétienne. Les schismes et hérésies ont certes contribué à cette segmentation de l’Europe, mais l’apostasie générale a le plus fortement contribué à cette rupture de civilisation, et donc d’unité européenne.
 

Le projet de l’UE d’éradication du christianisme

 
Toute mention des racines judéo-chrétiennes est devenue donc intolérable à l’Union Européenne. L’Europe aurait plutôt des racines civilisationnelles tout autant musulmanes que chrétiennes, selon le mot célèbre du président Jacques Chirac (1995-2007), ce qui est tout de même énorme en matière de désinformation historique. L’islam n’a jamais affecté que les marges territoriales de l’Europe, au sud, au sud-est et à l’est ; pour les populations concernées, l’islam a compté, mais fort négativement, avec une situation permanente de guerre contre la chrétienté. Les échanges intellectuels, sans être totalement absents du XIe au XIIIe siècle en Espagne et en Italie, ont été finalement rares et marginaux.
 
Il a été évident au long des siècles que l’islam a été l’ennemi de l’Europe chrétienne. Comme les élites de l’Union Européenne ne veulent surtout plus d’une Europe chrétienne, elles se montrent très favorables à l’islam. Elles apprécient tout ce qui n’est pas chrétien, avec une préférence pour l’islam. En effet, le bouddhisme ou l’hindouisme relèvent de systèmes de croyances totalement étrangers au christianisme, incompatibles avec lui, mais comme ils appartiennent à des univers mentaux indiens originels parfaitement autres, ils ne sont pas spécifiquement, dès leur naissance, dirigés contre le christianisme. Comme il débute à la Pâques, en 30 ou 33, le christianisme est évidemment postérieur à ces fausses religions orientales, totalement pensées en-dehors de lui.
 
Mais l’islam a été inventé au VIIe siècle par Mahomet, en Arabie, sur le rejet explicite du christianisme, et ce donc dès l’origine. Les chrétiens sont nommés dans le Coran « associationnistes », puisque croyant en la Trinité, plus ou moins confondue avec un trithéisme, et explicitement désignés comme égarés par Allah, contrairement aux musulmans. Le Coran alterne appels au massacre des chrétiens et concessions formelles d’une tolérance très restrictive, dans le but de causer l’émigration des chrétiens ou leur apostasie au profit de l’islam. Aussi l’islam souhaitant détruire le christianisme est-il largement employé comme auxiliaire précieux de la maçonnerie. La haine du christianisme est si forte qu’elle conduit, via une immigration massive, incontrôlée et souhaitée, à une islamisation déjà partielle de l’Europe. Le moyen est risqué, puisqu’une islamisation totale risquerait d’extirper aussi l’athéisme maçonnique. Cependant la haine du christianisme est telle que le risque est sciemment pris. En outre, l’exemple de la Turquie a montré qu’une société musulmane, voire islamiste, peut très bien comporter aussi une franc-maçonnerie présente et puissante, plus ou moins visible et perceptible selon les époques, mais qui compte vraiment. Il faudrait, pour vider cette question essentielle, exposer les liens entre la gnose maçonnique et le soufisme, l’ésotérisme musulman. Cette question ne saurait être abordée ici et nous renverrai à tout l’ésotérisme européen du début du siècle précédent et aux liens entre maçonnerie et islam qui ont alors été posés.
 
Ainsi, mentionner le passé chrétien de l’Europe, pourtant indiscutable, ou a fortiori défendre ce qu’il en reste, tient du tabou, du moins dans les grands médias désinformateurs et dans la vie politique officielle. Remarquons que les partis d’opposition en principe radicale en Europe de l’Ouest tendent à atténuer l’hommage au passé chrétien : ainsi, sous l’inspiration du chevènementiste M. Philippot, le FN actuel en est à défendre la laïcité, à la mode de la IIIe Républicaine, machine de guerre à l’origine contre la chrétienté, pour lutter contre l’islamisation de la France.
 
De cet esprit antichrétien procède la promotion de tout ce qui est contraire à la doctrine chrétienne : la famille est systématiquement détruite – mépris général, divorce facile –, la vie est menacée – avortement et euthanasie –, la patrie – lieu d’enracinement naturel des chrétiens – moquée ou niée, Dieu affreusement blasphémé ou nié, et a fortiori Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme.
 
Il y a eu historiquement une tromperie des catholiques engagés en politique, des années 1950 aux années 1970. Les Papes Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II, de bonne foi, ont encouragé le processus d’intégration européenne en espérant lui voir prendre un sens chrétien, en s’appuyant sur la puissance alors en apparence importante des partis démocrates chrétiens en Italie, Allemagne, Belgique, voire en France – avec le MRP, le plus honteux des partis démocrates-chrétiens puisqu’en refusant le nom. Loin de devenir quelque « Europe Vaticane », crainte de rares et bruyants radicaux-socialistes français surexcités des années 1950, l’Union européenne est devenue le fossoyeur de l’Europe chrétienne, usant d’absolument tous les moyens pour y parvenir.
 

Restaurer la chrétienté, sans l’Union européenne

 
Le chrétien doit avoir pour pensée de long terme la restauration de la chrétienté en Europe. Toutes les synthèses libérales, les syncrétismes douteux ou impossibles, ont d’ailleurs depuis 1789 échoué. L’Union européenne semble s’enfoncer toujours plus clairement dans la barbarie, le chaos, le règne de Satan.
 
Restaurer la chrétienté devrait s’effectuer par étapes dans les familles, puis les communautés locales, les nations, et pourquoi pas, à un stade final, une Europe pacifiée, authentique, fidèle à son passé, à ses vraies valeurs, une Europe véritable car chrétienne.
 

Octave Thibault