A l’occasion du G20, la Chine se pose en moteur de la globalisation avec l’Allemagne

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Dans un éditorial publié par le quotidien anglophone sous contrôle du parti communiste chinois, le Global Times, l’économiste en chef de la commission nationale du développement et de la réforme, Wan Zhe, salue la participation au sommet du G20 du président Xi Jinping, soulignant que lors de cette rencontre diplomatique multilatérale, la Chine et l’Allemagne ont pour rôle de défendre la globalisation et de promouvoir ses « réussites ». Chine et Allemagne, souligne l’économiste, ont en commun leur mobilisation en faveur de « l’ouverture » notamment face au président américain Donald Trump et sa politique de « l’Amérique d’abord ».
 
La place étant laissée libre, donc, par les Etats-Unis, l’éditorial – forcément approuvé par les autorités communistes – exprime la volonté de voir les deux grandes puissances que sont la Chine et l’Allemagne dans les domaines du commerce global et de l’investissement, profiter de la situation pour coopérer en vue de la « gouvernance globale ».
 

Au G20, la Chine en leader de la globalisation

 
L’éditorialiste souligne que quelques frictions ont pu exister sur le plan commercial entre la Chine et l’Allemagne, notamment au fur et à mesure que les investissements et les fusions-acquisitions de la Chine se sont accélérés en Europe au nom du « going global » – cette volonté de la Chine d’être présente partout qui se traduit également par son initiative « Belt and Road », la Nouvelle route de la soie.
 
« Cependant, les deux pays ont davantage d’intérêts communs en raison de la globalisation et de l’initiative B&R », note Wan Zhe pour justifier qu’ils ne s’affrontent plus.
 
Et voici quelques chiffres intéressants fournis par l’économiste : « En 2016, la Chine a accéléré ses investissements en Europe. Les investissements dans les 28 pays membres de l’UE ont atteint 35 milliards d’euros, une augmentation de 77 % d’une année sur l’autre. En 2016, la Chine investit 11 milliards d’euros en Allemagne, et ce montant a dépassé les investissements allemands en Chine pour la première fois. En tant que puissance majeure au sein de l’UE, l’Allemagne s’est toujours engagée à accélérer le processus de l’intégration européenne et de la libéralisation du commerce, et elle a également fait des efforts en vue de reconnaître le statut d’économie de marché de la Chine. L’Allemagne devrait reconnaître objectivement l’investissement chinois en Europe, continuer d’insister sur le principe de l’ouverture à l’investissement étranger, et s’engager en vue d’un développement plus important encore de la relation économique sino-allemande. Pour ce qui est de la Chine, le gouvernement accueillera volontiers l’investissement dans les domaines comme la manufacture haut-de-gamme et les voitures, et il continuera d’assouplir les restrictions tout en élargissant l’ouverture de son propre marché ».
 
En deux mots : toujours plus.
 

Chine-Allemagne : le couple qui investira l’espace laissé libre par les Etats-Unis

 
Wan Zhe explique ensuite comment la Chine a fait la promotion de la construction de nouvelles infrastructures en Europe centrale et de l’Est afin de rendre le commerce global plus aisé : elle veut combiner sa puissance dans ce domaine ainsi que dans le domaine financier avec l’avance technologique allemande afin que les coopérations bilatérales soient bénéfiques à chacune.
 
Encore des chiffres ? En 2016, il y a eu au total 1.702 voyages ferroviaires de fret de la China Railway Express vers l’ouest, dont 1.034 ont relié la Chine à l’Allemagne, Duisburg jouant le rôle de plaque tournante dans le dispositif B&R. L’éditorial ne précise pas, mais c’est le cas, que les transports de fret en sens inverse ont été bien plus modestes.
 
« En outre, tant la Chine que l’Allemagne ont des investissements significatifs en lien avec Belt and Road en Afghanistan, et leur coopération en matière de prévention des catastrophes minières avance bien. A l’avenir, il peut y avoir d’autres coopérations en matière d’économie et de sécurité. Les deux pays travailleront ensemble afin de maintenir un environnement pacifique pour le développement global », écrit l’éditorialiste.
 

La globalisation économique est bien une marche vers la gouvernance globale

 
Voilà ce que désire la Chine : que l’Allemagne coopère avec un pays qui continue de fonctionner comme une dictature communiste, même si on peut y faire de l’argent, pour assurer la « paix » nécessaire au business.
 
La Chine cherche décidément à se montrer comme le vrai leader du processus de globalisation. Wan Zhe souligne que la question de l’Afrique est centrale pour le sommet du G20 à Hambourg, alors que l’Allemagne veut voir le groupement économique renforcer son rôle en tant que « membre responsable de la communauté internationale ». L’action de l’Allemagne en Afrique se résume principalement à l’aide officielle développement – la Chine, elle, « est devenue une amie de l’Afrique au cours des années et elle y a investi beaucoup plus que l’Allemagne », assure l’économiste officiel. C’est pourquoi il voit une voie royale pour la coopération entre la Chine et l’Allemagne grâce à l’expertise allemande en matière de machines et de protection de l’environnement, tandis que la Chine apportera ses « capacités d’investissement et son expérience ». La Chine avec l’Allemagne, mais la Chine en tête.
 
C’est aussi cela, la mondialisation, cet objectif qui devrait être selon Wan Zhe « commun aux deux parties en vue de la gouvernance globale ».
 
Cela a le mérite d’être clair.
 

Anne Dolhein