Chine-Russie : relations au beau fixe, coopération tous azimuts

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Le Premier ministre russe, Mikhaïl Mishustin, est en visite officielle en Chine ces mardi et mercredi, au lendemain d’une rencontre de hauts responsables chinois et russes à Moscou sur le thème des affaires de sécurité, dans l’attente d’un sommet de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) qui se tiendra en juin, et dont la Russie et la Chine sont deux membres fondateurs. Les relations entre les deux pays sont au beau fixe, s’il faut en croire le quotidien chinois anglophone Global Times, sous contrôle du Parti communiste chinois (PCC).

L’article se présente comme une riposte aux « semeurs de zizanie » qui, depuis l’étranger, fomentent ou décrivent des dissensions entre Moscou et Pékin, notamment au sujet de l’invasion russe de l’Ukraine et de la coopération accrue entre la Russie et l’Asie centrale.

La régionalisation du monde continue en effet sur sa lancée, avec l’intégration eurasiatique qui réunit l’ex-Union soviétique et ses satellites, la Chine toujours communiste, les pays asiatiques des BRICS – à quoi s’ajoute la poussée vers l’ouest du continent à travers la guerre en Ukraine et la volonté affichée de créer un axe Paris-Berlin-Moscou (à moins que ce ne soit l’inverse).

 

La Chine et la Russie veulent plus de coopération sécuritaire

Les pourparlers entre le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrouchev, et Chen Wengqing, membre du bureau politique du Comité central du PCC spécialisé dans les affaires politiques et juridiques, se sont déroulés à l’occasion la 11e rencontre des hauts représentants pour les Affaires de sécurité et de la 8e rencontre du mécanisme conjoint entre la Chine et la Russie pour la coopération policière et sécuritaire.

Parmi les nouveaux risques partagés « en Eurasie », le journal évoque les jeux de pouvoir à la suite de la crise ukrainienne, la menace de conflit nucléaire, le retour du terrorisme en Asie centrale et d’autres menaces « non-traditionnelles ». Il est clair que la Russie et la Chine cherchent à la fois à les définir ensemble et à y répondre de manière concertée.

Dans le même temps, assure le Global Times, la Russie voit avec approbation le rôle « stabilisateur » de la Chine en Asie centrale et compte sur Pékin pour accroître la « prospérité » dans la zone, notamment à travers le déploiement de la Nouvelle Route de la soie et le renforcement de l’Union économique eurasiatique – calquée, faut-il le rappeler, sur les mécanismes de l’Union européenne.

 

Les relations commerciales progressent : + 41,3 % d’échanges sur douze mois

Alors qu’on discutait sécurité (et surveillance ?) à Moscou, c’est l’économie qui est à l’honneur ces jours-ci entre la Russie et la Chine où Mikhail Mishustin est arrivé à Shanghai, entouré d’une volée de dirigeants d’entreprises et de banques russes, pour mettre en œuvre les accords entre Poutine et Xi Jinping sur la coopération industrielle, notamment dans les domaines de la high-tech et de la technologie de l’information. Selon des experts cités par le Global Times, il s’agit d’aller de l’avant dans le contexte de la mondialisation.

Ainsi s’approfondit le « partenariat stratégique global de coordination pour une nouvelle ère » voulu par les chefs d’Etat russe et chinois, pour reprendre l’expression d’un autre expert cité par le quotidien. De fait, les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie ont atteint les 73,15 milliards de dollars au cours des quatre premiers mois de l’année, soit une hausse de 41,3 % en glissement annuel, selon administration générale des douanes en Chine.

Dans le même temps, Vladimir Poutine a demandé à son gouvernement et à la Banque centrale russe de mettre sur pied d’ici à octobre un accord inter-gouvernemental sur un « Nouveau corridor céréalier terrestre » entre les deux pays.

 

Anne Dolhein