Les modèles sont faux : Hans von Storch, climatologue allemand, parle de la stagnation du réchauffement climatique

Les modèles sont faux : Hans von Storch, climatologue allemand, parle de la stagnation du réchauffement climatique
 
Réchauffement climatique… ou pas ? Un scientifique qui a longtemps pensé qu’il existe et qu’il est d’origine humaine se pose désormais des questions. Hans von Storch est allemand. Il s’est exprimé dans le magazine Der Spiegel qui l’interrogeait sur la « stagnation » du réchauffement global. Sans renoncer tout à fait à sa croyance selon laquelle la planète prendra quelque 2°C d’ici à la fin du siècle, le scientifique met bien en évidence la part de subjectivité présente parmi les climatologues, et les multiples contradictions de leurs modèles et prédictions par les faits. Les modèles pourraient même être faux, reconnaît le scientifique. A ce titre, ses réponses méritent qu’on s’y arrête.
 
Hans von Storch n’est pas prêt, par exemple, à affirmer que les fortes inondations qu’a connues son pays récemment ont pour origine le réchauffement climatique, ni qu’elles sont exceptionnelles.
 
« Je n’ai pas connaissance d’études qui permettent d’affirmer une plus grande fréquence des inondations aujourd’hui plutôt que par le passé. Je viens d’ailleurs d’assister à une conférence d’hydrologistes à Coblence ; aucun des scientifiques présents n’a décrit un tel constat. »
 

La stagnation du réchauffement alimente le doute populaire

 
Von Storch confirme également ce que pressent Der Spiegel : les gens ont moins tendance à accuser le réchauffement à chaque fois qu’un phénomène météorologique sévère survient.
 
« Oui, c’est mon impression : il y a moins d’hystérie à propos du climat. Il y a encore des personnes pour crier, presque de manière rituelle : “Au voleur ! C’est la faute au climat !” chaque fois que se produit une catastrophe naturelle. Mais on parle davantage aujourd’hui des causes plus probables des inondations, comme le bétonnage de la terre ou la disparition des zones d’inondation naturelle, et c’est une bonne chose », observe-t-il.
 
Hans von Storch est hostile à la proposition d’inclure la protection du climat comme objectif commun de la politique nationale dans la constitution allemande. « C’est une idée étrange. Quel état de l’atmosphère de la Terre voulons-nous protéger, et comment ? Et quel pourrait être le résultat ? Allons-nous déclarer la guerre à la Chine si elle émet trop de CO2, violant ainsi notre constitution ? »
 
Il accuse les climatologues d’avoir encouragé ce genre de réactions : « Malheureusement, certains scientifiques se conduisent comme des prêcheurs qui sermonnent le peuple. Cette approche passe à côté du fait que notre monde est confronté à beaucoup de menaces qui doivent être mises dans la balance. Si je suis au volant de ma voiture et que je vois un obstacle se dresser devant moi, je ne peux pas changer violemment de trajectoire sans vérifier d’abord que je ne vais pas foncer droit sur une foule. Les climatologues ne peuvent pas et ne doivent pas confisquer ce processus de mise en balance de différents facteurs ayant trait à la politique et à la société. »
 

Ne pas écouter un seul climatologue : Hans von Storch accuse Merkel de n’avoir qu’un expert du réchauffement, Hans Schellnhuber

 
Hans von Storch juge que le chancelier Angela Merkel serait « mal avisée » de n’écouter qu’un scientifique à propos du climat : en l’occurrence, Hans Joachim Schellnhuber, son conseiller spécial et aussi l’un des principaux rédacteurs de Laudato si’. « Je ne crois pas que le chancelier s’est intéressée de manière approfondie au sujet. Si elle l’avait fait, elle saurait qu’il y a d’autres perspectives que celles auxquelles s’accrochent ses responsables de la politique environnementale », observe-t-il.
 
Interrogé sur le fait de savoir pourquoi, malgré l’augmentation des émissions de CO2, les températures n’ont pas augmenté ces 15 dernières années, il répond :
 
« Jusqu’à présent, personne n’a pu apporter une réponse définitive à la question de la pause apparente du changement climatique. Nous sommes en face d’une énigme. Les émissions récentes de CO2 ont augmenté de manière plus aiguë encore que nous le craignions. Par conséquent, selon la plupart de modèles du climat, nous aurions dû voir les températures augmenter d’environ 0,25°C au cours de ces dix dernières années. Il n’en a rien été. En fait, l’augmentation sur ces quinze dernières années a été de 0,06°C : une valeur très proche de zéro. Il s’agit d’un problème scientifique de poids que le GIEC va devoir affronter lors de son prochain rapport d’évaluation à la fin de l’année prochaine. »
 
Précisons néanmoins, ce que ne fait Von Storch, que la variation de l’activité solaire explique aisément et totalement cette énigme.
 
Von Storch souligne que seules de très rares variations des modélisations du climat affichent une telle stagnation sur quinze ans : elle n’est présente que dans 2 % des simulations. « En d’autres termes, plus de 98 % des projections tenant compte des émissions élevées de CO2 que nous avons enregistrées ces dernières années annoncent une montée plus forte des températures. »
 

Réchauffement climatique : les modèles sont peut-être faux, avoue le scientifique allemand

 
De là à conclure que les modélisations sont fausses, il n’y a qu’un pas : « Si les choses continuent en l’état, il nous faudra dans cinq ans reconnaître qu’il y a quelque chose de fondamentalement erroné dans nos modèles du climat. Il n’y a pas un seul scénario modélisé qui prédise une pause de 20 ans du réchauffement global. Mais aujourd’hui déjà, nous avons le plus grand mal à concilier les tendances réelles des températures avec nos prévisions. »
 
Et comment cela s’explique-t-il ? « On peut concevoir deux réponses – et aucune n’est très agréable pour nous. La première est qu’il y a moins de réchauffement qu’on ne l’attendait parce que les gaz à effet de serre, spécialement le CO2, ont moins d’impact que nous ne l’avons supposé. Cela ne voudrait pas dire qu’il n’y a pas un effet de serre d’origine humaine, mais que notre impact sur le climat est moins important que nous ne l’avons pensé. L’autre possibilité est que, dans nos simulations, nous avons sous-estimé les fluctuations du climat dues aux causes naturelles. »
 
Et c’est ainsi que fonctionne la recherche scientifique, souligne Hans von Storch : « Nous ne proposons jamais la vérité, mais la meilleurs approximation possible que nous puissions faire par rapport à la réalité. » Il estime que les climatologues ont eu raison de faire comme si c’était le cas, parce que leurs modèles n’étaient pas capables d’expliquer le réchauffement observé depuis le début des années 1970 jusqu’à la fin des années 1990 par des causes naturelles – mais « bien sûr, cela présupposait une évaluation correcte de la proportion de la fluctuation naturelle du climat », reconnaît Von Storch.
 

Les climatologues ne tiennent pas compte du rôle des nuages et des océans, dit Von Storch

 
Il note ainsi que les océans semblent avoir absorbé plus de chaleur que par le passé dans les zones très profondes, chose qu’aucune simulation n’avait su prévoir. Et que les alarmistes du climat ont eu tort de faire comme s’ils étaient « infaillibles », perdant « l’avantage le plus important que nous ayons en tant que scientifiques, la confiance du public ».
 
Hans von Storch n’est pas un climatosceptique : il continue de croire que le réchauffement existe et que l’homme a une part de responsabilité. Mais il est prêt à admettre le doute, et à souligner l’insuffisance des modèles qui dictent aujourd’hui la politique globale (et globaliste) : il en va ainsi de l’absence de simulation du comportement des nuages. Aujourd’hui les modèles annoncent un dessèchement des zones méditerranéennes, « mais en ce moment il y pleut davantage à l’automne que naguère ». Et s’il pense que les températures globales prendront 2°C d’ici à la fin du siècle, il avoue que c’est son « instinct » qui le lui dit : « D’autres climatologues peuvent avoir un instinct différent. Certainement, nos modèles comportent un nombre de présupposés hautement subjectifs. La science naturelle est aussi un processus social, et il est bien plus influencé par l’esprit du temps que les non-scientifiques ne l’imaginent. Vous pouvez s’attendre à bien d’autres surprises. »
 
Von Storch estime qu’il faudrait, comme le veut « la société », réduire la consommation de carburants fossiles. « En outre, les effets les plus graves du changement climatiques ne vont pas avoir de répercussions pour nous avant 30 ans. Nous avons assez de temps pour nous y préparer. »
 
S’y préparer ? Pour Hans von Storch, le réchauffement est inévitable – ce qui rend d’autant plus intéressantes ses mises en garde contre les solutions toutes faites, aux effets secondaires potentiellement néfastes et qui risquent de ne pas correspondre à une réalité vérifiée. « Il serait sage de préparer l’inévitable, par exemple en construisant des digues océaniques plus élevées. (…) Le débat sur le climat n’est plus une affaire de tout ou rien – si ce n’est dans le cas des collègues du type d’un employé de Schellnhuber, dont les attaques verbales contre quiconque exprime un doute continuent de donner davantage de vigueur au camp de la négation du changement climatique. »
 

Anne Dolhein