La révélation de la flagrante neuropathie qui accable la candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis, Hillary Rodham épouse Clinton, ne peut que susciter une compassion sincère et, compte tenu de ses éminentes prétentions, un effroi certain. Mais cet épisode masque en fait une autre dimension au moins aussi inquiétante du personnage : sa genèse idéologique, marquée par l’influence de Saul Alinsky, penseur nihiliste d’un communisme basiste, autogestionnaire, foncièrement sectaire et ne cachant pas sa sympathie pour Lucifer.
Saul Alinsky (1909-1972) est un théoricien de la révolution par l’organisation, à la base, des catégories les plus déshéritées. En fait leur instrumentalisation a des fins révolutionnaires. Dans son livre le plus connu, Rules for Radicals (« Manuel de l’animateur social » ou « Etre radical, Manuel pragmatique pour radicaux réalistes » mais en Américain, radical est plus proche du terme français extrémiste), il s’adresse à « ceux qui veulent changer le monde à partir de ce qu’il est pour qu’il devienne ce qu’ils voudraient qu’il soit ».
La jeune Hillary Rodham, étudiante au Wellesley College, très chic université privée féminine en sciences sociales proche de Boston, écrivit une thèse sur Saul Alinsky, intitulée Une analyse du modèle Alinsky, dans laquelle elle exprimait toute sa sympathie pour sa doctrine, mais en prenant soin, à toutes fins scolaires utiles, de marquer une prudente distance avec « son dogmatisme ». Selon le chercheur Bill Dedman, Alinsky consacra lui-même du temps à assister Hillary dans son travail.
Instrumentalisation des déshérités, sympathie pour Lucifer
Lors de la récente convention républicaine de Cleveland, du 18 au 21 juillet, qui consacra Donald Trump au rang de candidat à la Maison Blanche, Benjamin « Ben » Carson, neurochirurgien de confession adventiste qui tenta sa chance avant de se rallier au New-Yorkais, lança à la foule ces mots qu’aucun média français ne reprit comme il se doit : « Ce que j’ai appris au sujet d’Hillary Clinton c’est qu’un de ses héros, un de ses mentors fut Saul Alinsky. Sa thèse senior fut consacrée à Saul Alinsky. C’était quelqu’un qu’elle a grandement admiré et qui a marqué toute sa philosophie. (…) Maintenant laissez-moi vous raconter quelque chose à ce sujet. Saul Alinsky écrivit un ouvrage intitulé Rules for Radicals. Sur sa page de dédicace, cet homme rendit hommage à “Lucifer, ce radical des origines qui gagna son propre royaume”. » « Maintenant réfléchissez », poursuivit Carson devant une foule conquise : « Ne sommes-nous pas une nation dont les textes fondateurs (…) se réclament de notre Créateur, ne sommes-nous pas une nation dont le serment d’allégeance stipule que nous sommes une nation par la volonté de Dieu ? (…) Voulons-nous élire comme présidente quelqu’un qui a pour modèle et héros quelqu’un qui rend hommage à Lucifer ? » La thèse d’Hillary Rodham épouse Clinton avait été interdite de consultation sur ordre de la Maison Blanche dès l’élection de son époux à la présidence. Sa sympathie pour ce nominalisme empreint de maçonnisme nihiliste pouvait faire tache.
Le gauchisme nihiliste d’Alinsky a toujours séduit Hillary Clinton
Dans Rules for Radicals, le luciférien Alinsky décrit de façon sardonique la tactique de l’agitateur subversif (nous traduisons) : « Le rôle de l’organisateur (des déshérités, NDLR) est de manœuvrer pour appâter le pouvoir de façon à ce qu’il l’attaque publiquement en le traitant de “dangereux ennemi”. Cette réaction hystérique du pouvoir non seulement validera les compétences de l’organisateur mais lui assurera aussi automatiquement la sympathie populaire. » Classe contre classe : Lénine est tout proche.
Peu de temps avant son décès, Saul Alinsky donna un entretien à Playboy (mars 1972, texte repris et référencé dans l’article anglophone de Wikipedia) dont la teneur, empreinte d’un humour cynique, est la suivante :
— S’il y a une vie après la mort, et je n’ai pas d’opinion à ce sujet, je choisirai sans aucun doute d’aller en enfer.
— Pourquoi ?
— L’enfer serait un paradis pour moi. Toute ma vie j’ai vécu avec les déshérités (tout en ayant été successivement archéologue, criminologue, salarié du syndicat CIO, auteur à succès dans les milieux gauchistes… NDLR). Ici-bas, si vous êtes déshérité, c’est que vous manquez de pain. En enfer, si vous êtes déshérité, c’est que vous manquez de vertu. Une fois que je serai en enfer, j’y lancerai donc l’organisation des déshérités.
— Pourquoi ceux-là ?
— C’est mon genre préféré.
L’agitateur qui inspire Obama et Royal
Il n’est pas sans intérêt de noter qu’Alinsky, fils d’une famille juive russe émigrée, entretint une correspondance avec le catholique français Jacques Maritain et s’attira la sympathie d’évêques catholiques de Chicago dans l’ambiance explosive de l’après-guerre et de Vatican II. De nos jours, son œuvre reste une référence dans le monde des animateurs sociaux français, nourrissant la culture de la victimisation et du ressentiment dont ils sont souvent d’ardents propagandistes auprès de leur clientèle, laquelle n’a assurément pas besoin de cela.
Au plan politique, notre très nihiliste Alinsky aura inspiré à Barack Obama, un autre de ses studieux lecteurs, mais aussi de façon flagrante à la Française Ségolène Royal pour sa campagne de 2007, le thème filandreux de la « démocratie participative ». Caractéristique de cette gauche bobo en voie de fermentation terminale, cette soupe mêle nostalgie des soviets (les vrais, bien sûr, version trotskiste), journée des voisins et mélangisme culturel accéléré, sous le regard bienveillant de Wall Street.
Barack Obama, il est vrai, avait à son actif d’autres sponsors intellectuels au moins aussi explosifs. On pense en particulier au communiste et pornographe Franck Marshall Davis ou au promoteur de la très néo-marxiste théologie noire de la libération, le pasteur Jeremiah Wright dont la Trinity United Church of Christ fut le fer de lance du mouvement des « droits civils » des Noirs, tout en tentant de se poser comme alternative à la secte syncrétiste et islamiste Nation of Islam, dans les années 1970. Barack Obama aujourd’hui est un ardent promoteur de la candidature d’Hillary. Pour des raisons partisanes, certes. Mais, à l’évidence, pas seulement.