Pour la Journée mondiale de l’Enfance, l’ONU plaide pour les droits des enfants-migrants

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Le 20 novembre est, depuis 1954, la Journée mondiale de l’enfance. Cette année, l’UNICEF, (Fonds des Nations unies pour l’enfance, lui-même agence de l’ONU) a invité les enfants du monde entier « à prendre les commandes » dans les domaines de la politique, de la santé, des médias, du sport, du divertissement… A l’Assemblée générale de l’ONU à New York, plusieurs centaines d’entre eux ont réellement « pris les commandes », dans un contexte très festif et très applaudi, témoignant de leur histoire et de leurs drames.
 
Et les « grands » ont fait leur discours… pleins de bonnes intentions onusiennes et des beaux thèmes mondialistes classiques, auxquels on ajoute désormais les droits des enfants-migrants.
 

Le discours d’António Guterres à la Journée mondiale de l’Enfance à l’ONU

 
C’est, en particulier, le Secrétaire général António Guterres qui a pris la parole lors de la réunion organisée au siège des Nations Unies à New York : « Présidents et premiers ministres … scientifiques … chefs militaires … universitaires … capitaines de l’industrie et des affaires. Aucune de ces personnes n’est aussi importante – ou aussi inspirante – que les enfants que je rencontre ».
A la lumière de toutes les déclarations qui ont été « inspirées » au très socialiste Guterres dans le cénacle de l’ONU, on n’a guère de mal à imaginer ce à quoi il limite les droits des enfants.
Bien sûr, il a été question des minorités. Le jeune aveugle Emmanuel Elisha Ford a témoigné pour les enfants atteints de handicaps (93 millions estimés dans le monde), dont les chances se révèlent inégales dans la société. Quelle hypocrisie alors que l’ONU promeut partout l’avortement, y compris celui qui est fait pour éliminer les porteurs potentiels de handicaps…
 
Il a aussi été question d’égalité des sexes et d’éducation, dadas onusiens s’il en est. La jeune Khyata Chauhan a expliqué comment en Inde les hommes avaient une valeur plus élevée que les femmes. Une petite Afghane a raconté que dans son pays, seulement un tiers des filles allaient à l’école.
Mais le sujet qui doit demeurer est celui des droits des enfants réfugiés, ou plutôt des enfants-migrants.
 

Comme des enfants et pas, d’abord, comme des migrants étrangers

 
António Guterres a parlé de ces millions de filles et de garçons en danger, fuyant des conflits meurtriers, affamés, séparés de leurs parents… « En tant que communauté mondiale, nous ne pouvons pas continuer à échouer pour ces enfants (…) je n’épargnerai aucun effort pour m’assurer que les Nations unies travaillent chaque jour, chaque heure, chaque minute, pour votre meilleur intérêt ».
 
Deux petites filles ont raconté leur périple depuis la Syrie jusqu’au Canada où elles vont désormais à l’école. Une autre, son calvaire en Républicaine centrafricaine, capturée par une milice pendant deux ans.
 
Les experts des droits de l’enfant des Nations unies ont appelé tous les gouvernements à protéger les enfants en déplacement. « Pour les enfants en mouvement, surtout lorsqu’ils sont non accompagnés ou séparés de leur famille, la violence imprègne la vie quotidienne ». Même lorsqu’ils sont obligés de fuir ou d’être déracinés pour chercher la sécurité, ces enfants ont le droit de grandir dans un environnement familial stimulant, préconisant une réunification familiale rapide, comme le demande la Convention relative aux droits de l’enfant.
 
« Les enfants en déplacement doivent être traités avant tout comme des enfants », souligne le communiqué. Comme des enfants et pas, d’abord, comme des étrangers.
 

Et les droits de l’enfant à naître ?

 
Le son de cloche est le même dans le discours, ce lundi 20 novembre, de notre Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui a souligné les situations « alarmantes » de certains enfants vulnérables en France. Le rapporteur s’est tout particulièrement inquiété des récentes annonces du gouvernement sur la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA), ces jeunes migrants arrivant sans famille en France, qui ne sont selon lui « pas conformes » aux recommandations du comité des droits de l’enfant de l’ONU. Idem pour les enfants vivant dans les bidonvilles, sujets à des expulsions.
 
Certes, les enfants-migrants sont une réalité. Un rapport de l’UNICEF, en mai dernier, parlait de près de 300.000 cas d’enfants non accompagnés pour 2015-2016, soit presque cinq fois plus que 2010. Mais si l’on regarde les données, 100.000 d’entre eux seraient appréhendés à la frontière entre les États-Unis et le Mexique… aucun motif de guerre donc. Seulement 170.000 auraient demandé l’asile en Europe en 2015-2016. Sans compter que l’âge est souvent difficile à vérifier, on l’a vu, beaucoup, beaucoup de majeurs se font passer pour mineurs…
 
Au final, on a un peu l’impression, quand même, que l’ONU fait d’une petite cible une montagne idéologique (qui peut d’ailleurs devenir une vraie montagne : si réunification familiale systématique on se mettait à opérer, on imagine le nombre de familles envoyant en éclaireurs leurs adolescents, dans la riche (?) Europe…)
 
En revanche, les droits de l’enfant, à naître, à avoir un père et une mère, à grandir dans la libre éducation de ses parents, l’ONU connaît beaucoup moins.
 

Clémentine Jallais