La Croix avoue la grande misère de l’Eglise en France


 
Le journal La Croix a récemment publié la carte des baptêmes, mariages et prêtres catholiques dans notre pays : elle matérialise en un coup d’œil la grande misère de l’Eglise en France. Le concile Vatican II prétendait ouvrir l’Eglise au monde : le monde a rejeté clairement l’Eglise, ce qui ne doit ni surprendre ni désespérer.
 

L’Eglise en France est sinistrée

 
En 1900, près de 100% des petits Français d’une classe d’âge étaient baptisés, en 1980 ils étaient encore 71%, en 2004 46%, en 2013 32%. Soit moins d’un tiers. Cela indique à la fois une substitution partielle de population et une déchristianisation croissante de la population d’origine. On ne s’étonnera donc pas du taux de baptême particulièrement faible de certains diocèses de banlieue, 17% à Pontoise ou 10% à Saint Denis, jadis dominé par la basilique des rois de France, aujourd’hui par le stade de France. On ne s’étonnera pas non plus que les diocèses ruraux baptisent plus, en proportion sinon en valeur absolue, jusqu’à 75% à Saint Flour.
 

La Croix donne les chiffres de l’Eglise de France

 
L’évolution des mariages connaît la même chute.
Mais la carte du nombre de prêtres est encore plus intéressante, tant par ce qu’elle montre que par ce que La Croix lui fait dire. Elle donne, diocèse par diocèse, le nombre de prêtres actifs en 2014, et la projection pour 2024, dans le cas favorable où il n’y ait pas de décès inattendu, ni renoncement des séminaristes, ni défroqués.
Rappelons que le nombre de prêtres était en France de 41.000 en 1965, l’année de la clôture du concile, qu’il n’est plus que de 5.806 aujourd’hui et ne sera plus que de 4.257 en 2024, soit une diminution des neuf dixièmes en soixante ans. Le nombre d’ordinations annuel est passé de 645 en 1965, en régression très nette déjà sur les années quarante à cause de l’exode rural, à 99 en 1977 et 80 aujourd’hui.
 

Les évêchés mentent pour cacher leur grande misère

 
Dans les diocèses de Chalons, Viviers et Rodez, la chute prévue d’ici dix ans sera supérieure à soixante pour cent. Seuls les diocèses d’Avignon, Fréjus, Versailles et Chartres redresseront un peu la barre, principalement en accueillant des « communautés étrangères ». On constate aussi que certains évêchés travestissent ces données pour cacher leur grande misère : ainsi l’évêché d’Agen affiche-t-il sur son site officiel 61 prêtres alors que La Croix n’en compte que 27. Explication : 44 sont des prêtres retraités dont la moyenne d’âge est très supérieure à 75 ans.
Mais La Croix elle-même enjolive, puisqu’elle estime la France « encore bien lotie en ce qui concerne le nombre de catholiques par prêtre » : 2.527 contre 7.883 en Amérique du sud. Sauf que là-bas le catholicisme est en expansion, alors que le « bon ratio » français illustre seulement…la chute vertigineuse de la pratique ! Il y a de moins en moins de prêtres, mais, proportionnellement, encore moins de fidèles. Le constat de La Croix donne à voir d’un coup d’œil la grande misère de l’Eglise de France.