La distance minimum séparant une éolienne des habitations ne sera plus de 500 mètres, mais de 1.000 mètres. Le Sénat a, en effet, décidé de faire reculer les éoliennes, ce qui provoque des remous chez les professionnels du secteur. Une décision qui remet certes en cause le « tout éolienne » observé jusqu’ici. Mais d’une petite distance…
Dans la nuit de mardi à mercredi, le Sénat a fixé à 1.000 mètres la distance entre une éolienne et les habitations, contre 500 mètres actuellement afin de mieux protéger les riverains, notamment des nuisances sonores.
« Allez donc vous promener près d’une éolienne géante : le bruit est infernal », a déclaré l’auteur de l’amendement, le socialiste Jean Germain, ancien maire de Tours, et sénateur d’Indre-et-Loire, lors de l’examen du projet de loi de transition énergétique. « De loin, un citadin qui passe, trouvera cela beau et majestueux. Pour les ruraux, ça l’est moins. »
A quelle distance faire reculer les éoliennes ?
Et de préciser : « Pour des raisons médicales, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont fixé une distance minimale de un kilomètre et demi ; les États-Unis qui ne sont guère connus pour appliquer le principe de précaution, deux kilomètres. (…) Avec mon amendement, on concentrera les éoliennes dans des zones inhabitées et les parcs atteindront une taille critique. Le monde rural ne veut pas passer par pertes et profits. »
Le monde politique commencerait donc à s’inquiéter des problèmes de santé que les éoliennes peuvent provoquer chez les habitants qui les subissent ?
Plus pragmatique, le rapporteur UMP Louis Nègre, maire de Cagnes-sur-Mer et sénateur des Alpes-Maritimes, s’inquiète des conséquences juridiques. « Ce qui compte, ce sont les résultats : comment obtenir des éoliennes assez bien acceptées pour éviter l’accumulation des recours. » Effectivement, la question se pose…
Eloigner les éoliennes des habitations : une catastrophe ?
Mais la Fédération énergie éolienne, qui regroupe la quasi-totalité des acteurs du secteur éolien en France, estime que cette disposition, si elle était maintenue, serait « catastrophique », et « neutraliserait » toutes les autres mesures favorables à l’éolien adoptées par le Sénat sur ce texte.
« Dans des zones d’habitats dispersés, cela peut grever fortement le développement éolien et cette distance de 1.000 mètres n’est basée sur aucune analyse », affirme son président Frédéric Lanoë. Les « raisons de santé » évoquées à l’étranger ne seraient donc pas sérieuses ? Il est vrai que rien n’est jamais aussi sérieux qu’un pactole…
Mais pour les professionnels, en outre, cette disposition « obérerait » l’atteinte de l’objectif, adopté par le Sénat, de 40 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique à l’horizon 2030.
Le Sénat contre une indemnisation systématique
D’un autre côté, les sénateurs ont supprimé l’article du projet de loi concernant le barème d’indemnisation des propriétaires lésés par l’implantation d’une éolienne. « La systématisation du principe d’indemnisation est inquiétante, qui pourrait être étendue par exemple aux antennes-relais », a estimé Louis Nègre, qui préfère que l’on s’en tienne à l’indemnisation « déterminée au cas par cas par le juge civil ».
Ce qui pourrait déjà faire quelques cas nombreux. En certaines régions, les habitants, qui ignoraient sans doute tout de ces détails, vont prendre leur mètre d’arpenteur : les 500 mètres prévus actuellement n’y sont certainement pas !
Quant au projet de loi, déjà adopté par l’Assemblée nationale, il fera l’objet d’un vote solennel le 3 mars prochain.