Pierre Gattaz, patron du MEDEF,
rêve du “Make in India”

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Ce n’est pas du « made in India », non, non – pas encore. Dans une brève chronique publiée sur LinkedIn, Pierre Gattaz, patron du MEDEF, fait plutôt de la prospective. Il faut fabriquer en Inde. Les patrons d’entreprise français feront ce qu’il faut pour fabriquer en Inde. Délocalisons, coopérons, faisons confiance à nos amis indiens : Narendra Modi n’est-il pas l’homme exemplaire de la mondialisation de demain ?
 
Donc, Pierre Gattaz, patron des patrons, s’est rendu à Delhi, à Bombay (pardon, Mumbai), à Bangalore. Il était à la tête d’une délégation de 60 chefs d’entreprises représentant 45 entreprises, sans être tenu par la main par le président de la République ni même par un ministre : « Cette première est le signe de la maturité des relations économiques qu’ont développées chefs d’entreprise français et indiens », assure-t-il. Dans le respect de « l’autonomie stratégique » mais sur fond de coopération « en matière spatiale, aéronautique et de défense », les entrepreneurs français et indiens sont d’accord pour porter « une attention particulière à l’assemblage en Inde en conformité avec le programme de Narendra Modi “Make in India” ».
 

Pierre Gattaz emboîte le pas à Narendra Modi et son “Make in India”

 
Qu’apporteront les entreprises françaises ? Leur expertise, leurs compétences, pour profiter de l’énorme marché indien qui comptera 1,7 milliards d’habitants d’ici à 2050 et des villes gonflées de 500 millions de personnes. Pour l’exécution, ce sera sur place.
 
Et dans un sens bien précis : « C’est l’enjeu du programme – démonétisation, libéralisation des IDE, harmonisation de la TVA au niveau du pays, … – décidé par Narendra Modi et les priorités sectorielles (programmes Smart Cities, Clean India, Digital India, Skill India, Make in India Power for All, …) décidé par le président Modi », écrit Pierre Gattaz, ébloui. A quoi s’ajouteront de pharaoniques besoins de nouvelles infrastructures.
 
En clair : l’abandon d’une monnaie sonnante et trébuchante au profit du tout digital, parfaitement adapté à la surveillance, la mise en place de nouvelles taxes, le libre échangisme étendu aux investissements directs à l’étranger, la vie hyper-connectée aussi – avec ses relents orwelliens.
 

Le rêve du patron du MEDEF : un nouvel « atelier du monde »

 
C’est dans le domaine des Smart Cities que la France espère conquérir des marchés en Inde : c’est celui des compteurs « intelligents » connectés, de la video-surveillance à haute dose et du respect des « Objectifs du développement », de la collecte des données assorties de promesses de respect de la vie privée, du partage… partage de l’information, mais aussi des voitures et des vélos, en attendant encore « mieux » demain. « Une task force a été créée sur ce sujet au sein de MEDEF International. L’idée est de proposer des solutions “clé en main” avec tous les acteurs du secteur, des entreprises du CAC 40 aux PME. Compte tenu des talents divers dont la France regorge, ce modèle, le “chasser en meute” avec la création de filières, doit être généralisé. Il permet en outre d’associer les chefs d’entreprise et les responsables locaux », voilà le rêve du MEDEF.
 
La conclusion de Pierre Gattaz vaut son pesant de Newspeak : « La mondialisation, c’est cela aussi : apporter ce que l’on sait faire dans une logique de coopération et non plus dans une logique exclusive de conquête de marché. Des relations pacifiées dans le commerce et les échanges internationaux – le “doux commerce” de Montesquieu – sont une garantie de paix. En Inde, les responsables patronaux et les entreprises françaises entendent accompagner leurs homologues indiens dans leur volonté et celle de leur gouvernement de répondre aux grands défis du XXIe siècle avec une démarche de développement inclusif, responsable et durable. »
 
Montesquieu ? Il en serait tout ébaubi !
 

Anne Dolhein