Une étude menée par l’École de Médecine de l’université de l’Indiana vient de révéler l’impact de nombre de médicaments fréquemment prescrits sur le cerveau, à travers des scanners réalisés sur 451 participants dont 60 prenaient habituellement des molécules présentant une activité anticholinergique moyenne ou forte. Leur âge moyen était de 73 ans. La conclusion est inquiétante : des remèdes pour le rhume, la grippe, les remontées acides et certains somnifères « font rétrécir le cerveau et ralentissent la pensée ». Les scientifiques estiment que les personnes âgées devraient les éviter dans la mesure où elles sont déjà vulnérables sur le plan de la mémoire et des capacités cognitives.
Les chercheurs de l’université de l’Indiana se sont penchés plus avant sur les médicaments contenant des anticholinergiques — qui bloquent l’acétylcholine chargée de transmettre les impulsions électriques entre cellules nerveuses — parce que ceux-ci sont déjà associés avec un risque accru de démence, de chutes et de troubles cognitifs.
Les médicaments anticholinergiques ont des effets néfastes sur le cerveau
Une étude de 2013 montrait ainsi que les médicaments à fort effet anticholinergique sont associés à des troubles cognitifs s’ils sont pris en continu pendant 60 jours. Lorsque l’effet est moins marqué, les troubles pourraient paraître dans les 90 jours.
Les médicaments en question sont prescrits pour de nombreuses maladies et symptômes : la maladie de Parkinson, certaines affections pulmonaires, la nausée et les vomissements, les troubles du sommeil, l’hypertension artérielle, la dépression et la psychose. Les effets négatifs sur le cerveau constatés par l’étude de l’université de l’Indiana sont tels, et leur persistance est si importante – elle peut atteindre un mois après l’arrêt de la prise – que cela justifie le choix de traitements alternatifs chez les personnes âgées, dans la mesure du possible.
Cerveau rétréci, pensée ralentie : des médicaments anodins déconseillés aux personnes âgées
Les chercheurs ont eu recours à de multiples procédés pour mesurer le métabolisme cérébral, les résultats de divers tests de mémoire ou d’ordre cognitif, sans compter IRM et PET-scan : tout concourt pour dire que les patients sous médicaments anticholinergiques ont de moins bons résultats que des adultes plus âgés pour ce qui est de la mémoire courte, du raisonnement verbal, de la planification et de la résolution de problèmes. Leur activité cérébrale, mesurée à travers le métabolisme du glucose, était également plus faible, notamment dans l’hippocampe, associé à la mémoire : c’est l’une des premières zones cérébrales touchées par la maladie d’Alzheimer.
Les utilisateurs présentaient également un volume cérébral réduit et des cavités plus grandes dans le cerveau que les autres.
Les chercheurs espèrent à travers ce type d’étude déterminer quel est le fondement biologique des problèmes associés à l’utilisation de médicaments anticholinergiques. De nouvelles études s’imposent avec des échantillons plus importants, à la fois quant à l’âge et au nombre des sujets étudiés.
On peut dire que c’est urgent puisque nombre des médicaments contenant des anticholinergiques sont actuellement disponibles en vente libre dans les pharmacies.