L’ONU demande à l’Argentine de libéraliser sa loi sur l’avortement

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Femmes pro-avortement, déployant une affiche en faveur du « Guide technique pour les soins apportés aux avortements non punissables » inspiré notamment par l’OMS.

 
Le comité des droits de l’homme de l’ONU vient de demander à l’Argentine de réviser sa loi sur l’avortement au motif que celui-ci est « souvent difficile d’accès » ; il aimerait aussi que de nouvelles exceptions soient introduites dans le régime d’interdiction générale. Aucun traité de l’ONU ne stipule le respect d’un quelconque droit d’accès à l’avortement. Mais cela fait longtemps que diverses agences et entités onusiennes font comme si tel était le cas. La pression visant à faire libéraliser l’avortement en Argentine fait partie d’un ensemble : une opération d’intimidation cherchant à faire accepter l’idée que la possibilité de supprimer un enfant à naître est un « droit de l’homme » d’application universelle.
 
L’Argentine avait pourtant fait preuve de bonne volonté pour faire progresser la culture de mort, puisqu’une nouvelle loi adoptée il y a quelques années affirme le droit des femmes d’« interrompre leur grossesse » dans toutes les circonstances prévues par la loi, y compris en cas de viol, sans qu’il soit d’ailleurs nécessaire d’apporter la preuve de celui-ci.
 

Le comité des droits de l’homme de l’ONU fait comme si l’avortement était un droit

 
Mais cette dépénalisation ne suffit pas au comité des droits de l’homme de l’ONU qui juge l’application de la loi inégale à travers le pays, faute notamment des protocoles médicaux prévus par la loi, et parce que de nombreux travailleurs de santé invoquent leur droit à l’objection de conscience.
 
Ce qui a également déclenché le « rappel à l’ordre » (qui est en réalité un appel au désordre) de la part du comité sis à Genève, c’est une affaire récente qui a vu la condamnation d’une jeune femme de la province de Tucuman à huit ans d’emprisonnement, en avril dernier, pour avoir assassiné son bébé dans les toilettes d’un hôpital public. Médiatiquement connu comme le « cas de Belén », l’affaire a été exploitée par les pro-avortement qui ont mis en exergue le drame de cette jeune femme restée anonyme, et qui se dit avoir été victime d’un avortement spontané alors qu’elle consultait pour de fortes douleurs de ventre sans savoir qu’elle était enceinte.
 

L’Argentine priée de libéraliser l’accès à l’avortement

 
La réalité de l’affaire est dramatique : « Belén », 27 ans, a donné le jour à un enfant vivant d’environ 30 semaines aux toilettes de l’hôpital, le cordon ombilical a été coupé, puis elle a tiré la chasse d’eau et le bébé est mort asphyxié, coincé dans la cuvette. C’est en constatant l’état de la jeune femme que l’équipe de l’hôpital est partie à la recherche de l’enfant et l’a retrouvé. « Belén » affirme n’être au courant de rien, et même que le bébé n’était pas le sien, tandis que ses avocats ont plaidé l’irresponsabilité en raison de son état psychiatrique… En attendant, ce n’est pas un cas d’affrontement à proprement parler : les faits répondent à la qualification pénale d’infanticide.
 
Cela n’a pas empêché le comité des droits de l’homme de réclamer la « libération immédiate » de la jeune femme.
 
L’actuel ministre des affaires étrangères d’Argentine, Susan Malcorra, a fait dire par son cabinet – ou plus exactement par le secrétaire aux droits de l’homme, Claudio Bernardi Avruj – que « la justice doit être plus claire, avoir une plus grande conscience » sur le thème de l’avortement pour en faciliter l’accès lorsqu’il est dépénalisé, tout en reconnaissant qu’il y a des opinions très diverses à son sujet. Mme Malcorra est candidate au poste de secrétaire général de secrétaire général de l’ONU en remplacement de Ban Ki-moon…
 
Le rapport de huit pages de l’ONU demande de toute façon à l’Argentine de revoir les critères de dépénalisation, arguant de l’existence de très nombreux avortements clandestins – toujours le même argument de la part des partisans de la légalisation, qui en bien des circonstances n’ont pas hésité à gonfler démesurément les statistiques.
 

Anne Dolhein