COMEDIE DRAMATIQUE
Paterson ♥


 
Paterson est une localité du New-Jersey. Elle appartient à la grande banlieue de l’agglomération de New-York, qui déborde largement sur l’Etat voisin du New-Jersey. Cette ancienne petite ville industrielle, située bien à l’intérieur des terres, avec pour grande attraction une chute d’eau et un joli point de vue et un seul, ne présente a priori aucun intérêt particulier. Le film a pour grand intérêt précisément de rappeler au public américain, ou de faire découvrir très vraisemblablement aux autres, que Paterson a été le berceau durant la première moitié du vingtième siècle d’une école de poésie. Le film s’intéresse à un des émules actuels de cette école poétique, M. Paterson – qui a pour nom celui de la ville, serait-il une allégorie ? – chauffeur de bus municipal de son état, et qui écrit à ses moments de loisirs des poèmes sur un petit carnet. Ces poèmes reprennent l’idée de chanter les petits riens du quotidien, qui prendraient alors une dimension artistique…Sans nier absolument tout charme à cette démarche, il ne faut pas s’attendre à de grands vers ou à de la grande poésie, du moins à notre goût personnel peut-être trop académique. Enfin, ce chauffeur-poète est éminemment sympathique, tout comme sa femme, épouse au foyer, ou son chien Marvin, bouledogue anglais à la figure très expressive, et fort bien filmé. L’acteur principal Adam Driver incarne parfaitement son personnage, et montre qu’il n’est pas que le calamiteux interprète du grand méchant parricide Kylo Ren dans l’Episode VII de Starwars.
 

Paterson, une certaine forme de réussite pour le réalisateur Jim Jarmusch

 
Le spectateur suit une semaine de la vie de ce M. Paterson. C’est un travailleur consciencieux, qui aime sa femme, son chien, ses amis – rencontrés tous les jours au bar du quartier – et écrit ses poèmes. La limite majeure de ce film est qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose. Sa femme a des idées de décoration intérieure et de cuisine ; elle fera une grande vente de gâteaux. Un jour, son bus souffre d’une panne. Puis, le chien commet une grosse bêtise, élément le plus inattendu et le plus dramatique de l’histoire. De petits riens charmants sur 1h30 auraient laissé le public a priori intéressé franchement conquis. Le défaut majeur du film est qu’il dure 30 minutes de trop. L’idée, du reste discutable, que sommeille en tout être humain ou tout lieu une dimension poétique à découvrir, est transmise avec art. Le spectateur serait presque tenté de visiter Paterson pour retrouver les lieux filmés, soit un indice d’une certaine forme de réussite, malgré la longueur et la lenteur du film, pour le réalisateur Jim Jarmusch, indiscutablement très talentueux. Si Paterson est digne de figurer dans sa filmographie, il a déjà fait mieux.
 

Hector JOVIEN

 
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