Persécution : en Argentine, une mère prieure carmélite inculpée pour atteinte à la liberté « psycho-physique » des religieuses de Nogoyá

Persécution prieure carmélite Nogoyá Argentine inculpée atteinte liberté religieuses
L’histoire du Carmel de Nogoyá, en Argentine, devrait sonner comme un signal d’alarme pour les catholiques du monde entier. Voici plusieurs semaines qu’il est au premier plan de l’actualité dans le pays, puisque, sur la foi d’accusations de « torture » des Carmélites relayées par la presse locale, la mère prière a été inculpée pour privation illégale de liberté à l’égard des religieuses dont elle a la charge maternelle. Il fallait d’abord prendre toute la mesure de l’affaire avant d’en parler ici : y avait-il du vrai dans les accusations d’une ancienne sœur assurant qu’elle avait été victime, comme les autres carmélites, de torture et de réduction en esclavage, de pénitences physiques barbares et de « torture psychologique » à longueur de journée ? Sans pouvoir porter un jugement certain, on a désormais un peu de recul : les témoignages des autres sœurs, le soutien sans ambiguïté apporté par les évêques d’Argentine, viennent confirmer avec assez de force qu’il a pu y avoir un montage d’autant plus facile à réaliser que tout ce qui concerne la pénitence catholique et le choix de la vie religieuse est absurde aux yeux du monde moderne. La justice argentine, elle, s’est jetée à bride abattue sur l’affaire. Il ne faudrait pas croire qu’au XXIe siècle, la persécution des catholiques par un État laïciste ne puisse plus exister.
 
Tout part des déclarations, fin août, d’une ex-religieuse de 34 ans passée par le couvent des Carmélites déchaussées de Nogoya, dans la province d’Entre Ríos. Elle se plaignait d’avoir dû supporter le bâillon, les coups de fouet, le cilice et les coups tout en subissant la pression psychologique de mère Marie Isabel qui voulait soumettre la volonté de ses 18 religieuses afin de les faire servir Dieu dans la culpabilité et la pénitence. Les pénitences en question, tels la discipline et le cilice, les religieuses se les infligent pourtant à elles-mêmes et volontairement. Celle-ci assurait que elle y était poussée, voire contrainte par le discours de la mère supérieure lui disant que c’était là le seul moyen d’expier les fautes d’autrui et les siennes propres, ou encore que si elle, la mère supérieure, était malade, c’était par la faute de cette religieuse. « Je me sentais coupable, je croyais ce qu’elle me disait et c’est pour cela que je ne me frappais pas doucement. »
 

Le témoignage d’une ex-religieuse contre la mère prieure du Carmel de Nogoyá

 
Une deuxième ex-religieuse devait elle aussi s’exprimer auprès de journalistes hostiles par principe à la religion catholique et à la vie carmélitaine.
 
L’idée est donc de faire déclarer coupable la prieure du Carmel de Nogoyá des pratiques pénitentielles que ses religieuses s’infligent, tout comme de leur choix de vivre cloîtrées, coupées du monde. Elle risque aujourd’hui de 4 à 15 années de prison.
 
Dès que l’affaire est sortie dans la presse, en août, l’archevêché de Paraná dont dépend le Carmel a fait déclarer par un porte-parole que l’autoflagellation est « permise » par la règle des Carmélites. Ignacio Patat souligna que cette pratique ne peut être considérée comme une torture. « Ce n’est pas un châtiment, mais une discipline. Il faut tenir compte du fait que les monastères ont des règles diverses. C’est la règle de Saint Thérèse, c’est l’ancienne manière, pour le dire ainsi, dont vivent les sœurs carmélites. »
 
Jean-Paul II lui-même, un temps attiré par l’ordre des Carmes, ne pratiquait-il pas lui aussi des mortifications corporelles, portant un cilice pendant le carême et se flagellant avec sa ceinture ? Il s’inscrivait ainsi dans une tradition dont le saint curé d’Ars est un exemple bien connu lui aussi…
 
A-t-on usé avec excès de ces pratiques très traditionnelles de l’Eglise catholique au Carmel de Nogoyá ? On peut se poser la question mais quoi qu’il en soit, le concordat entre l’Argentine et le Saint-Siège prévoit de soumettre d’abord des faits allégués à une enquête interne de l’Eglise. Le procureur de Nogoyá, Federico Uriburu, ne s’est pas cru obligé d’en tenir compte.
 

Persécution de l’Eglise catholique en Argentine

 
Et ce malgré les témoignages sans ambiguïté de nombreuses carmélites qui, sortant de leur silence pour défendre l’honneur de leur prieure, de leurs couvents et de leur ordre, ont mis en ligne une vidéo
 

où chacune parle de sa vocation, de sa joie et de son indignation face aux procédés dont elles s’estiment toutes victimes. L’une d’entre elles dénonce et s’amuse presque de la « grande imagination » des ex-religieuses qui ont déclenché cette affaire avec la complicité de quelques journalistes. Elle ne se reconnaît pas dans leurs récits.
 
Si les carmélites ont choisi de « riposter » sur Internet, c’est pour attirer l’attention sur la grande violence qui leur est faite en les traitant comme des délinquantes dangereuses pour la société. Le 25 août dernier, le procureur Uriburu avait dépêché la police dans le couvent où celle-ci avait fait irruption de grand matin, franchissant la clôture et séquestrant fouets, cilices et bâillons. La mère prieure avait tenté en vain de les empêcher d’entrer et de récupérer ce que la presse appelle des « instruments de torture » à l’intérieur du couvent : cela fait partie des faits invoqués pour justifier son inculpation.
 
L’archevêque de Paraná devait s’indigner de ce qu’on eût reproché à la mère prieure d’avoir demandé une minute pour l’appeler avant d’ouvrir à la police. Celle-ci avait répondu en défonçant la porte. « C’est cela, l’empêcher d’entrer ? », a demandé Mgr Juan Alberto Puiggari.
 

Pour inculper la religieuse on l’accuse de torture et d’atteinte à la liberté des religieuses

 
Pour montrer leur solidarité, plusieurs jeunes religieuses ayant déjà 10 ou 20 années d’ancienneté dans le couvent de Nogoyá ont donc enregistré leur version des faits. Elles évoquent leur peine et leur horreur devant la descente de police qu’elles ont vécue. Le visage rayonnant, parlant toutes de leur joie d’avoir suivi leur vocation d’épouse du Christ, elles tentent d’expliquer au monde comment leur choix de vie d’oraison et de pénitence n’est en rien une vie de torture. L’une d’elles, évoquant sa vie d’étudiante ordinaire avant son entrée au Carmel, se rappelle qu’on la traitait de folle pour vouloir renoncer au monde. Et dans un grand éclat de rire : « Je suis folle et je serai folle jusqu’à la fin du monde parce que Dieu m’a appelée et m’a choisie. »
 
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La manière dont elles parlent de Dieu est bouleversante. Elles se sacrifient pour les prêtres et pour le salut des âmes, délibérément. Elles font vœu de silence, d’obéissance et de chasteté, ce qui va évidemment à l’encontre de tous ce que le monde peut comprendre. Elles disent toutes le faire librement et par désir d’aimer : comme la petite Thérèse de l’Enfant Jésus, elles croient que leur vocation est d’être « l’amour au cœur de l’Eglise ». L’une d’entre elles explique : « Loin d’être enfermée ici, je peux aller au bout du monde par la prière » – au bout de l’espace et du temps.
 
Librement, voilà le mot. L’attirail sado-maso des pervers sexuels et leurs pratiques extrêmes qui parfois vont jusqu’à provoquer la mort ne dérangent pas la justice, pourvue que tout cela résulte du libre choix de la personne en cause. Au contraire, on glorifie cela dans les romans et dans les films : pensez à Cinquante nuances de Grey. Les pénitences, la renonciation aux plaisirs du monde – les légitimes comme les illégitimes – sont très loin d’atteindre ce niveau de violence. Mais dans un Etat laïque, elles sont insupportables.
 
C’est la même logique laïciste – et, disons-le, la haine de Dieu – qui avait conduit les révolutionnaires de 1789 à dénoncer la privation de liberté par les ordres religieux. Sous la Terreur, on préférait raccourcir les carmélites que de les voir librement choisir de faire vœu d’obéissance et de vivre cloîtrées.
 

Les évêques d’Argentine protestent contre l’effraction par la police du Carmel de Nogoyá

 
Le 22 septembre, la commission exécutive de la conférence des évêques d’Argentine a publié un communiqué de soutien aux religieuses de Nogoyá, protestant vigoureusement contre l’effraction de la police dans leur couvent. « Il n’y avait et il n’y a aucun motif pour supposer qu’un monastère connu et implanté de longue date doive subir une telle effraction. Cette manière d’agir, qui serait tout aussi peu acceptable pour une maison de famille, offense de manière spéciale la considération que mérite une maison de prière légitimement constituée et le sentiment religieux de la communauté catholique », affirme le communiqué.
 
Celui-ci demandait également que l’on respecte la manière de vivre des religieuses contemplatives de Nogoyá. Elle peut être « difficile à comprendre en notre temps », reconnaît l’épiscopat. Mais il ajoute : « Nous voulons réaffirmer l’estime particulière, l’appréciation et la reconnaissance que nous, évêques, et le peuple de Dieu avons à l’égard de la vie religieuse contemplative. Il s’agit d’un témoignage lumineux qui nous aide à découvrir la présence de Dieu. Les monastères sont des lieux d’horizon et de paix, qui font beaucoup de bien à l’Eglise et à la société elle-même. »
 
Et si l’Eglise ne recherche aucun privilège par rapport aux enquêtes et à la sanction des délits, étant « la première intéressée à ce que justice se fasse », les évêques demandent quand même que dans cette affaire soient respectées « les exigences de la justice et les instances canoniques dont il faut tenir compte ».
 
Ce n’est pas le cas actuellement, alors que l’inculpation est intervenue avec une grande rapidité qui pose des questions sur le respect des droits de la défense.
 

Le texte de Mgr Hector Aguer sur le sens chrétien de la pénitence et du sacrifice

 
L’archevêque de la Plata, Mgr Hector Aguer, a publié un texte important pour évoquer la question du Carmel de Nogoyá et des pénitences. Il rappelle d’emblée que sainte Thérèse d’Avila, à propos de celles-ci et des mortifications, disait à ses religieuses : « Je vous modère lorsqu’elles sont excessives. »
 
Ou pour reprendre la citation complète de ces phrases du Chemin de la Perfection : « Je voudrais, mes sœurs, que ces grandes vertus soient l’objet de notre étude et de notre pénitence car, vous le savez, pour ce qui est des autres mortifications, même louables, je vous modère lorsqu’elles sont excessives. De grandes vertus intérieures ne peuvent être l’objet d’excès : elles ne débilitent pas le corps des forces nécessaires pour pratiquer l’observance ; au contraire, elles fortifient l’âme ; et en s’exerçant à vaincre de très petites choses, on peut parvenir à remporter la victoire dans les grandes. »
 
Mgr Aguer s’en prend aux préjugés d’un monde qui ne comprend pas le renoncement, la générosité dans son expression la plus grande, la virginité vécue dans la joie pour le royaume des cieux. Il rappelle que les chrétiens considèrent le corps comme « le temple de Dieu », « qui est digne de respect avec lesquels nous arriverons à la vie éternelle : avec ce corps, nous devons un jour le voir face-à-face ».
 
Il poursuit :
 
« Par son incarnation le fils de Dieu a donné au corps humain la plus grande des dignités en le transformant en instrument de rédemption par sa mort sur la Croix et sa Résurrection glorieuse. Mais nous lisons dans les Evangiles que ce corps humain assumé par le Verbe a souffert des tourments et des douleurs indicibles, une flagellation des plus cruelles et sanglantes, le couronnement d’épines, les chutes, les coups, les tortures et pour finir les clous qui ont perforé ses mains et ses pieds sur la Croix… Pendant des siècles il y a eu des chrétiens fervents, réellement amoureux de la Passion du Christ, qui désiraient imiter et reproduire d’une façon ou d’une autre ce qu’Il avait souffert. De cette manière, et poussés par un amour ardent ils se sont livrés à de grandes pénitences, comme saint François, saint Benoît, sainte Catherine, sainte Hildegarde… et même de nos jours mère Teresa de Calcutta… Comme tant d’autres saints des temps anciens qui sans doute n’avaient pas notre connaissance des maladies, des infections et des germes qui entrent dans le corps à travers les blessures. »
 

La liberté laïque, c’est pour les sado-masos et les sportifs, pas pour les chrétiens

 
Et de rappeler que malgré ces connaissances et nos façons de voir nouvelles, de nombreux hommes et femmes « passent outre allègrement pour se soumettre au nom d’une prétendue beauté ou de leur simple goût personnel à toutes sortes de blessures corporelles » qui ont pour objet le tatouage, le piercing des parties les plus sensibles du corps, tout comme d’« aberrantes tortures que s’infligent mutuellement les sadomasochistes au nom du plaisir érotique ».
 
« Nous autres chrétiens, nous aimons notre corps, nous le défendons et nous en prenons soin. Mais une chose est d’aimer le corps et autre est de l’idolâtrer » souligne l’archevêque : « Nous ne pouvons en faire un dieu ni une ordure », explique-t-il, ajoutant que le monde moderne n’hésite pas à le considérer comme tel à travers l’avortement, l’eugénisme, l’euthanasie et toutes sortes de discriminations.
 
« Nous sommes pleinement d’accord pour dire que notre corps n’a pas été fait pour la torture physique, et que ce n’est pas la fin pour laquelle a été créé ce corps merveilleusement constitué et formé de manière aussi admirable par le Créateur, avec ses propres lois, et aussi avec sa beauté naturelle… Mais nous ne pouvons nier qu’il puisse exister chez l’un ou l’autre le désir d’accompagner le Christ dans ses douleurs, dans sa Passion, dans ses souffrances, comme il y en a eu dans l’Antiquité chrétienne… Aujourd’hui, après tant de siècles, les moyens et les formes seront différents sans doute, mais l’esprit qui anime ces désirs est le même : imposer quelque limite au corps afin de livrer au Créateur quelque chose de licite et de bon, comme moyen de se rapprocher de lui à travers le sacrifice… Et que personne ne s’étonne de ce que nous chrétiens, parlions de sacrifices pour nous approcher de Dieu alors que n’importe quel athlète ou mannequin doit se soumettre à tant de sacrifices de régime, d’entraînement et de privations, y compris de choses bonnes et licites, pour arriver à un état qui convienne à la compétition…
 
« Il faut préciser que la droite pénitence chrétienne ne consiste pas à abîmer le corps ni à lui infliger des blessures, mais simplement à produire une incommodité, que ce soit à travers quelque petit instrument ou des petites choses qui peuvent faire que notre corps soit tout simplement mis à sa place, qui est celui de serviteur de Celui qui est l’unique Seigneur, à travers quoi nous exprimons ce que nous sommes : des créatures sorties de ses mains. De telle sorte que nous reconnaissons sa souveraineté et sa paternité à notre égard…
 
« L’Eglise catholique n’approuvera jamais qu’au nom de la foi on inflige une torture physique ou que l’on flagelle brutalement quiconque, précisément en raison de la dignité de chaque personne humaine, de chaque corps humain, temple du Créateur. Si cela s’est produit à de lointaines époques, l’Eglise elle-même à travers ses autorités a révisé cela et changé de conduite, regrettant ce passé et proposant une demande de pardon correspondante. Ceci doit être clair ; et si un membre quelconque ou une communauté appartenant à l’Eglise doit tomber dans ce travers il sera corrigé et sanctionné comme il se doit…
 
« Aujourd’hui plus que jamais, il y a des fondamentalistes islamiques qui se suicident et qui assassinent autrui au nom d’Allah, mais la presse n’en tire pas argument pour défenestrer tous les autres musulmans ou l’islam dans son ensemble… Il se peut, et il faudra voir dans ce cas concret des moniales de Nogoyá, si on a dépassé les règles de la prudence, ou s’il ne s’agit que du sensationnalisme auquel les médias n’en finissent pas de nous habituer… Il faudra voir s’il existe réellement des excès tels que nous en conte la presse, auquel cas l’Eglise, mère attentive, se chargera de modérer et de rectifier ce qui doit l’être. Nous pouvons penser qu’il peut y avoir une bonne intention ; il est difficile de croire à des tortures physiques infligées aujourd’hui à quiconque par les mains de quelques petites moniales cloîtrées. Nous espérons qu’une saine justice, non viciée par des préjugés et des choses préconçues, nous aide à voir la réalité. De toute façon, les dommages et la confusion ont déjà été semés parmi nous.
(…)
 

L’exemple des pastoureaux de Fatima

 
« Pour finir, si la pénitence est ce qui constitue le scandale plus grand pour notre société à la recherche du confort et de la consommation, rappelons-nous l’exemple des pastoraux de Fatima, petits Portugais qui en 1917 ont vu la Vierge pendant qu’ils gardaient leurs petites brebis. C’étaient trois enfants humbles et ignorants. Personne dans l’Eglise, dans leur paroisse, ni dans leurs foyers, ne leur avait enseigné ce type de pratiques. Néanmoins, ils sentaient qu’ils devaient faire des sacrifices, ils se sont attachés une petite corde à la ceinture, essayant de cette manière d’offrir quelque chose à Jésus et à Marie, en même temps qu’il se privait de dessert ou du repas que leurs mamans leurs avaient donné, pour les partager avec les pauvres du lieu… Répétons-le : personne ne leur avait enseigné cela, ce n’était pas le fruit de l’idée de quelques prêtres ou de leurs mères, c’était la très Sainte vierge qui le leur inspirait, et c’est pour cela que ces petits ressentaient la nécessité d’avoir quelque chose d’incommode pour leur propre corps afin de l’offrir pour les pécheurs. La même Dame leur dit alors qu’ils ne devaient pas dormir avec cette corde, puisqu’elle pourrait leur faire mal.
 
« Voici la clef de ce que l’Eglise nous demande aujourd’hui, à nous chrétiens, à l’heure de faire pénitence. C’est vrai que parfois cela nous coûte beaucoup en raison de la vie confortable que nous menons, et qu’il nous fait mal de nous priver de quelque chose ; aujourd’hui c’est facile de se passer de quelque aliment ou d’un dessert quand on le fait pour des raisons d’esthétique de santé corporelle, alors qu’on comprenne que cela, nous puissions le faire pour la religion… Mais le fait de faire quelque chose qui nous incommode, qui nous fait mal, qui met une limite à notre corps en raison du désir de réparer nos propres péchés ou ceux des autres, constitue un scandale et il semblerait que ce soit bientôt même un délit.
 
« Nous assistons aujourd’hui à ce phénomène : les faits qui par le passé étaient considéré comme délictueux ne le sont plus… Alors, que sommes-nous en train de faire ? Créons-nous de nouveaux types de délits pour remplacer ceux qui manquent ? Pauvre société que la nôtre… N’importe qui peut faire n’importe quoi au nom de son droit à l’autodétermination… Mais personne n’a l’idée d’aspirer à la sainteté. Parce qu’indéfectiblement, il sera disqualifié, et pire, condamné comme un criminel… »
 
Il ne croyait pas si bien dire dans cette chronique publiée fin août. Ce même archevêque, Mgr Hector Aguer, est aujourd’hui sous le coup d’une enquête de la part de la police anti-discrimination d’Argentine pour avoir condamné l’acceptation moderne de la promiscuité sexuelle et la désignant « contre nature ». Le prélat avait qualifié la culture moderne de la promiscuité de « banale », « animalistique » et « infantile ». Dans ce récent article publié par El Dia, Mgr Aguer se lamentait de ce que la « copulation charnelle en dehors du mariage » soit devenue quelque chose de « banal, commun, sans substance ». « J’appelle cela un vice parce que le dictionnaire définit le fornicateur comme celui qui a le vice de la fornication. C’est “elle” ou “lui” en principe, bien que ces jours-ci l’égalité des genres permette d’autres combinaisons, non naturelles. » Si le mot fornication ne s’utilise plus, ajoutait-il, c’est parce qu’on ne la considère plus sérieusement comme un vice.
 
Il est aujourd’hui accusé d’encourager l’homophobie.
 

Anne Dolhein