« Le président Trump a mis le candidat Obama sur écoutes » :
les médias n’auraient pas un doute !

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Trump accuse Obama de l’avoir mis sur écoutes lorsqu’il était candidat : est-ce fondé ? On n’en sait rien : Obama et un ancien du renseignement le nient, le président demande une enquête du Congrès. Mais les médias dominants, eux, n’ont aucun doute, Obama est sûrement innocent, alors que, quand c’est Trump l’accusé, ils croient n’importe quoi sans preuve.
 
Pour Donald Trump comme pour François Fillon, la présomption de culpabilité est acquise dans les médias. Dans l’affaire russe, par exemple, qui est double, tant la prétendue intrusion des services de Poutine dans l’élection présidentielle que les liens proches et significatifs entre Poutine et Trump ont été acceptés comme du bon pain par les médias américains et par les médias français, alors qu’aucun commencement de preuve n’a été donné à ce jour. Si c’était Obama qui accusait Trump de l’avoir mis sur écoutes, les médias le croiraient sur parole !
 

Pour les médias, Trump, président ou candidat, est un maniaque

 
Dans l’affaire des écoutes présumées au contraire, Obama est par définition innocent. Et l’on avale sans sourciller les déclarations de ses collaborateurs. L’un a fait valoir par exemple qu’il n’entre pas dans les prérogatives du président de mettre quiconque sur écoutes, ce serait parfaitement illégal. C’est un peu comme si Richard Nixon avait dit, le Watergate ne peut avoir eu lieu, je n’ai pas le droit de mettre des adversaires politiques sur écoute. Mais, dans le cas d’Obama, cela passe tout seul, et c’est de Trump au contraire dont on se moque.
 
En voici un exemple, pris entre cent, que je cite un peu longuement pour montrer le ton et la méthode. Il s’agit de la prose du « journaliste » Philippe Boulet-Gercourt, dans l’Obs : « Livré à lui-même, Trump tweete. Ce n’est pas nouveau, et ce n’est pas la première fois que Trump sort une énormité pour détourner l’attention. (…) Pas de doute, son prédécesseur est « un malfaisant ou un malade » dont les méthodes rappellent Nixon et le Watergate. (…) Une fois lancées ses boules puantes, on imagine Trump affichant un sourire satisfait. On ne va parler que d’Obama, plus personne ne s’intéressera aux Russes (…) Sauf que cette fois, les choses ne se passent pas comme prévu. Une partie de la presse, devenue méfiante, attend de vérifier l’info avant d’en faire ses choux gras ».
 

La mise sur écoutes demandée par l’Attorney général ou par Obama ?

 
C’est clair, Trump est un maniaque qui dit n’importe quoi pour faire diversion. On s’y croirait : sauf que l’Obs a vu tout cela dans une boule de cristal et qu’il n’a pas un début de preuve pour lancer ses accusations. Avant de reprocher à Trump d’affabuler, il aurait été plus juste d’examiner s’il ne dispose pas de quelques éléments, qu’il préfère donner au Congrès qu’à la presse qui lui est opposé. Sans doute James Clapper, l’ancien Directeur du renseignement d’Obama nie-t-il les faits : « Il n’y a pas eu de mise sur écoutes du président-élu au moment où il était candidat, pas plus que de son équipe de campagne ». Mais que valent ses dénégations ? Clapper ne savait peut-être pas tout, et puis c’est un partisan d’Obama. Plus intéressant est le point de vue des observateurs extérieurs. Que penser par exemple de la déclaration sur la chaîne ABC de Michael Mukasey, ancien Attorney général des États-Unis dans le gouvernement de George W. Bush? Il a dit ceci : « Je pense que M. Obama a raison, en ce sens qu’il y avait une surveillance et que cela a été mené à la demande du procureur général du ministère de la Justice » C’est un point de vue de juriste, qui donne raison à la lettre de la déclaration d’Obama mais lui donne tort en fait.
 

Le doute n’effleure pas les médias politiques

 
Cela veut bien dire en effet ce que ça veut dire : que le président, lorsqu’il demande une mise sur écoutes, ne le fait pas par une demande sur papier à en-tête, signée et tamponnée. Il passe par la voie administrative et légale. Voilà qui rend sans objet la deuxième défense du porte-parole d’Obama : « Ni M. Obama ni aucun fonctionnaire de la Maison Blanche n’a jamais ordonné la surveillance de n’importe quel citoyen américain ». Bien sûr, mais l’Attorney général a pu le faire à la demande du président. Encore une fois, on n’en sait rien, et l’enquête l’établira si enquête il y a, mais on ne peut l’écarter d’un revers de main. Dans d’autres cas, notamment en 2013 où des journalistes du Washington Post, de Fox News et de l’agence Associated Press ont été dûment mis sur écoutes par le ministère de la justice.
 
Mais là, les médias américains en sont sûrs, Trump affabule et Obama dit vrai. Et leurs confrères français leur emboîtent le pas, eux qui au même moment crient bien haut qu’il faut laisser faire la justice dans le cas Fillon. Il y a une unité de mots d’ordre, de méthode et d’intérêt dans tous les médias mondialistes quel que soit le continent. Cela ne donne aucune certitude factuelle sur l’affaire de la mise sur écoutes de Trump par Obama, mais cela donne une certitude politique sur la nature et la fonction des médias dominants : Trump a raison de les désigner pour ennemis et de les combattre comme tels, il a raison aussi de soutenir que le désir de vérité ne les étouffe pas.
 

Pauline Mille