Relève, histoire d’une création est un documentaire portant sur la danse, un mélange de danse classique et de danse contemporaine. Le titre, explicite, renvoie bien au sujet principal du film, qui se veut complet sans se perdre, en brassant les différents intervenants de la mise en place d’un ballet. Relève a été en effet la création en septembre 2015, la grande œuvre de l’éphémère directeur du ballet de l’opéra de Paris, le danseur international et chorégraphe Benjamin Millepied. Relève a été titré précisément en anglais – triste abandon de notre langue pour l’Opéra de Paris – Clear, loud, bright, forward , et les non-anglicistes se passeront de traduction (clair, bruyant, brillant, en avant). Benjamin Millepied a été en fonction de novembre 2014 à juillet 2016. Très célèbre dans l’univers de la danse actuelle, il a effectué l’essentiel de sa carrière aux Etats-Unis. Il en est résulté un décalage culturel considérable à son retour en France, en plus à un poste de direction. Benjamin Millepied est incontestablement un grand danseur, et mérite d’être connu pour lui-même, et non seulement comme mari français de l’actrice israélo-américaine Natalie Portman, bien plus célèbre que lui.
Relève, histoire d’une création n’ennuie jamais et dépasse le cercle restreint des seuls amateurs de danse
Le documentaire dresse tout au long du film un portrait évidemment favorable de Benjamin Millepied. On reconnaîtra volontiers un grand professionnalisme au chorégraphe : les nombreuses étapes de son élaboration du ballet sont montrées, des idées initiales, dansées par Benjamin Millepied tout seul dans une petite salle, ou crayonnées par lui, au spectacle final, en passant par les innombrables corrections lors des répétitions avec les danseurs. Le chorégraphe a acquis de son long séjour aux Etats-Unis la mentalité là-bas dominante dans les milieux artistiques, professant un progressisme normalisé dont il ne se rend peut-être même plus compte : le discours politiquement correct des plus convenus est agaçant. Par contre, aux Etats-Unis, même chez les artistes progressistes, on travaille évidemment. On respecte le travail, le sien ou celui d’autrui, et le public. Benjamin Millepied se montre choqué par les grèves répétitives à l’Opéra, qui compromettent les répétitions, et même les spectacles. Il pense aux amateurs venus exprès de l’étranger, qui pourraient trouver porte close à l’Opéra ! Et en France, ce scandale a l’air d’être trouvé normal ou presque…En outre, il se montre très à l’écoute de ses danseurs, d’une bienveillance remarquable, sans oublier les exigences professionnelles.
Relève, histoire d’une création montre tout le personnel de l’opéra à l’œuvre, une véritable ruche,, avec les danseurs évidemment, mais aussi le secrétariat –absolument vital – les accessoiristes, les techniciens du son et des lumières, les musiciens…Le film n’ennuie jamais, et devrait pouvoir intéresser les curieux, au-delà du cercle restreint des seuls amateurs de danse.