Rome : formation de nouveaux exorcistes sous le signe de la foi, de la prière et du jeûne

Rome, formation de nouveaux exorcistes sous le signe de la foi, de la prière et du jeûne
 
L’accent mis par le pape François sur l’existence et la réalité personnelle du diable a été à la racine de la mise en place d’une session de formation de futurs exorcistes à Rome, du 13 au 18 avril, à l’université pontificale Regina Apostolorum, sous l’égide de la Congrégation pour le clergé. C’est donc très officiellement que quelque 170 prêtres et soignants du monde entier ont fait de cet événement régulier le plus fréquenté de son histoire, attirant l’attention des médias et mettant l’accent sur l’emprise croissante du démon dans le monde moderne. Il a été beaucoup question des qualités requises chez l’exorciste pour chasser les mauvais esprits avec efficacité : dans une intervention par vidéo, filmée par la télévision vaticane et rendue publique par aleteia.org, l’un des plus célèbres exorcistes du monde, le P. Gabriele Amorth, a apporté sa réponse. Elle est simple : l’exorciste doit avoir la foi, une charité ardente, il doit prier et se confesser pour être toujours le plus « propre » possible, il doit jeûner.
 


La pratique des exorcismes, délaissée au cours des décennies récentes, apparaît ainsi comme une vocation très spéciale parmi les appels au sacerdoce : un appel dont la responsabilité concrète revient à l’évêque qui est chargé d’assurer ce « service ».
 

10e session du Sacerdos Intitute à Rome : de nombreux exorcistes en formation

 
La 10e session organisée à ce jour pour la formation des exorcistes par le Sacerdos Institute, affilié aux Légionnaires du Christ, a été encouragée par le cardinal Mauro Piacenza, pénitentiaire majeur. Soulignant combien les exorcismes rendent visible l’action du démon qui cherche à « tuer, à posséder, à tromper, à usurper, à humilier et à offenser », le message du cardinal rappelle que le diable conduit depuis deux mille ans une guerre contre l’Eglise avec ses artifices de toujours, en « occultant les exigences de la vérité, de la justice et de l’infinie miséricorde de Dieu ». Il « revendique des droits qui n’existent pas », « attaque au moyen du mensonge pour affaiblir le lumineux message de la vérité de la création et de la rédemption », a souligné le cardinal Piacenza.
 
Mgr Luigi Neri, archevêque de Ferrara Comacchio, a rappelé que le diable, dans sa présence « articulée », « peut intervenir dans la vie des hommes et fait tout pour que la foi diminue et disparaisse » : nos « frères possédés ont besoin de la charité de l’Eglise parce qu’ils portent en eux la souffrance de cette nouvelle lèpre ». Les exorcistes, a-t-il ajouté, sont « les défenseurs de l’amour de Dieu pour les hommes d’aujourd’hui ».
 
L’exorciste italien Aldo Buonaiuto a expliqué aux participants que le satanisme, l’occultisme, la magie et la sorcellerie sont un « grand problème qui s’accentue en Europe », avec l’arrivée de sorciers brésiliens notamment, sollicités par des « clients » qui recherchent des moyens de se venger au moyen de sorts.
 

L’exorciste, plus encore que chaque chrétien, doit avoir une vie de foi, de prière, de jeûne

 
Que faire ? Le P. Buonaiuto a souligné que le plus important pour tous les catholiques est de « renoncer au mal ». L’exorciste, plus que tout autre, doit être un homme de foi : « Croire en la puissance de Dieu, et non au pouvoir du guérisseur. C’est une question de foi. Si je crois davantage en l’action de Satan que je ne crois en Dieu, alors nous sommes sur le mauvais chemin. » Une foi qui doit venir à bout de la peur : celles des personnes qui « sont terrifiées parce qu’elles pensent que le diable ne peut être vaincu ». Et une foi qui passe nécessairement par la « réconciliation avec Dieu ». « Un exorciste ne peut rien faire sans la réconciliation. D’abord, faites une bonne confession ; puis faites le reste. »
 
C’est ce qu’a déclaré le P. Amorth dans sa vidéo, rappelant que le fondateur de son ordre, le bienheureux Giacomo Alberione, se confessait chaque après-midi : « L’exorciste doit être très pur ». Et même s’il est italien, français, espagnol ou allemand, issu de nos pays européens à la riche gastronomie, dit le P. Amorth avec un sourire, il doit « jeûner » pour que son action soit efficace.
 
Les conférences ont porté notamment sur les désordres psychiatriques et la possession ou l’infestation diabolique ; des réalités différentes qu’il faut savoir discerner, d’autant que « 99,9 % » de ces maladies de l’esprit n’ont rien à voir avec le diable, sinon à la manière de tous les maux et de toutes les maladies qui trouvent leur origine dans le péché originel, a rappelé le P. César Truqui, exorciste basé en Suisse. Mais il a souligné que les problèmes psychologiques ou psychiatriques peuvent être consécutifs à une possession, causés par elle, et qu’il est donc important pour l’exorciste de travailler avec d’autres spécialistes.
 

De quoi a peur le démon ? De ceux qui s’aiment : l’exorciste doit avoir une foi forte et une charité au plus haut degré

 
L’exorciste mexicain Pedro Barrajon, fondateur du Sacerdos Institute, a cependant voulu rappeler que le démon fonctionne habituellement de manière plus « subtile » que par la possession visible. « La vraie action du mal est la tentation, telle est l’action du démon, 99 % du temps. Après nous avons quelques cas d’influence spéciale, d’infestation, qui est une présence supplémentaire du démon qui dépasse la tentation. Et puis, quelques rares cas de possession, où le diable vit dans le corps d’une personne qui devient un autre sujet. »
 
« De qui a peur le démon ? », a pour sa part conclu le P. Buonaiuto. « Saint Bernard (de Clairvaux) a dit qu’il a peur de ceux qui s’aiment les uns les autres ; dès lors l’exorcise ne doit pas être une personne qui n’est pas conciliante. Le diable craint ceux qui s’aiment, alors l’exorciste doit vivre dans la charité fraternelle au plus haut degré. Il est un homme de communion ; il ne peut pas vivre dans la division, il doit vivre réconcilié avec Dieu et son prochain. »
 
Ainsi la charité est la réponse au mal : une vérité qui, pour le coup, concerne chacun.
 

Anne Dolhein