Au Royaume-Uni, des chercheurs s’apprêtent à créer des embryons humains génétiquement modifiés

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Manipulation génétique.

 
Il ne manque plus que le feu vert des pouvoirs publics pour que des chercheurs passent à l’acte : au Royaume-Uni, les scientifiques du Francis Crick Institute ont indiqué qu’ils peuvent créer des embryons humains génétiquement modifiés d’ici à quelques semaines ou quelques mois tout au plus. L’autorisation administrative qui manque à l’équipe de Kathy Niakan est en cours d’examen : c’est ce 14 janvier que la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA) se penche sur leur demande de modification génétique d’embryons « surnuméraires » et tout indique que l’autorisation puisse être donnée avant la fin du mois.
 
La reprogrammation porterait sur deux ou trois gènes, chaque cas requérant quelque 20 à 30 embryons pour aboutir, et vise selon la chercheuse à mieux connaître l’activité des gènes dans le blastocyte.
 

Bientôt des embryons humains génétiquement modifiés au Royaume-Uni

 
La seule chose qui sépare les scientifiques britanniques de cette expérimentation sur les embryons « fabriqués » en vue d’une fécondation in vitro mais non destinés à l’implantation est donc une signature au bout d’un texte légal. On peut supposer que d’autres pays moins regardants disposent déjà de la technique – relativement facile d’utilisation  – CRISPR-Cas9 et des chercheurs en mesure de créer des embryons transgéniques.
 
Pour l’heure les lois britanniques interdisent l’implantation et la maturation de ces embryons qui doivent être détruits – ou plus exactement tués – au bout de 14 jours. Mais les chercheurs n’excluent pas qu’un jour, cette règle ne soit abolie pour des raisons médicales afin de permettre l’implantation d’embryons transgéniques exempts de maladies génétiques, corrigés en somme pour surmonter un problème précis, telle l’incapacité des embryons d’une femme donnée de s’implanter dans l’utérus : c’est l’exemple donné par le Pr Robin Lovell-Badge du Crick Institute et la justification de la demande déposée auprès de la HFEA.
 

Vers les bébés transgéniques ?

 
« C’est possible. Nous n’en savons rien. C’est une de ces choses inconnues, (mais ce serait un bon argument) pour qu’on utilise la technique d’une manière qui n’a pas d’autres conséquences – et rappelez-vous qu’un bon nombre de gènes actifs dans l’embryon précoce ont un rôle plus tard », a-t-il indiqué de manière un peu confuse.
 
Si pour l’heure l’équipe qui a formulé la demande d’autorisation indique qu’elle détruira les embryons génétiquement modifiés au bout d’un maximum de sept jours, le directeur de l’association Human Genetics Alert n’est pas rassuré. David King a déclaré : « C’est la première étape, soigneusement programmée par les scientifiques, en vue de la légalisation des bébés génétiquement modifiés. On nous dit que la HFEA existe pour assurer que des lignes éthiques décisives ne soient pas franchies, mais en réalité, la HFEA existe précisément en vue de gérer et de faciliter ces transitions, et pour assurer que la pense demeure glissante. »
 
De fait, si cette autorisation est donnée au Francis Crick Institute, il s’agira d’une transgression majeure.
 

Anne Dolhein