Royaume-Uni : un prestigieux lycée envisage de supprimer les devoirs du soir pour lutter contre la dépression

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Le principal du prestigieux collège-lycée pour filles de Cheltenham, Eve Jardine-Young, fait face à un problème inquiétant : la dépression chez ses élèves. Son établissement ne fait pas figure d’exception puisque l’âge moyen auquel une dépression est diagnostiquée pour la première fois est tombé de 29 ans en 1960 à 15 ans et demi ces dernières années… Le problème est réel et inquiétant, mais les réponses envisagées laissent songeurs. Après avoir pensé à introduire la mixité dans son établissement, Eve Jardine-Young s’est (heureusement) ravisée, mais elle a confiée récemment au Times qu’elle pense à supprimer les devoirs du soir afin de supprimer une source de stress supplémentaire pour ses élèves.
 

Une directrice du lycée de Cheltenham envisage de supprimer les devoirs du soir pour lutter contre la dépression

 
L’information, reprise immédiatement par toute la presse, a finalement été nuancée – mais pas démentie – par Eve Jardine-Young : cette surpression des devoirs du soir ne serait ni imminente ni décidée. Mais elle reste toujours d’actualité dans les discussions de l’établissement, qui souhaite inclure parents et élèves dans la décision.
 
La dépression est une maladie dramatique qui touche naturellement plus de gens – et de plus en plus jeunes – à mesure que la société perd l’ensemble de ses repères et que la vie professionnelle devient plus dure. Supprimer les exigences et les moyens de l’excellence ne fera qu’accentuer ce problème.
 
Sans compter que des enfants poussés à travailler moins – ici dans un établissement adressé à d’excellentes recrues – participe de l’effondrement intellectuel de la société. Sans comprendre, comment sortir de la dépression et trouver une raison de se battre ?
 

Royaume-Uni : suffit-il de supprimer les devoirs du soir pour régler l’angoisse à la racine de la dépression ?

 
C’est la critique émise par Sir Antony Seldon, directeur de l’Université de Wellington à Berkshire : « La vie est stressante. La vie adulte est stressante, alors à moins que nous leur enseignions comment faire face à ce problème, nous ne les aiderons pas à entrer dans le monde adulte. (…) C’est ce à quoi servent les écoles – aider les enfants à apprendre à devenir adultes, à prendre des responsabilités eux-mêmes, plutôt qu’à choyer de jeunes enfants. »
 
Il serait peut-être plus pertinent de s’interroger sur les causes de ces dépressions, sans doute bien plus profondes que la simple dose de stress quotidienne supportée par tous les enfants du pays depuis des décennies…
 
Et si ces jeunes avaient tout simplement cessé d’espérer, n’ayant plus rien à espérer ? Et si ces jeunes filles ne trouvaient plus de sens à leur vie dans une société qui présente leur féminité comme une aliénation ? Et si l’on se penchait sur leurs familles éclatées et la violence de leurs relations amoureuses et sexuelles à répétition ? Et si l’on mettait enfin en cause les nouvelles pédagogies qui rendent si difficile, et parfois même impossible l’analyse et la pensée tout court ? Et si l’on envisageait le désert spirituel dans lequel évoluent tant de jeunes, nécessairement angoissant ?
 

Béatrice Romée