Pour le P. Samir Khalil, l’Etat islamique, c’est l’islam mis en œuvre

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Dans un entretien mis en ligne par le site de vidéos catholiques EUK Mamie, le père jésuite Samir Khalil, islamologue de l’université Saint-Joseph de Beyrouth et intervenant dans plusieurs universités pontificales, dénonce la persécution contre les chrétiens du Proche-Orient de la part de l’islam. Pour lui, il n’y a pas de doute : l’Etat islamique, c’est vraiment la mise en œuvre de l’islam, appuyée sur l’exemple de Mahomet : « Daesh, l’Etat islamique, n’a rien fait contre la loi islamique. Il a appliqué ce qui se trouve dans le Coran ou dans la vie de Mahomet, et dans ses paroles. »
 
De la part d’un fin connaisseur de l’islam comme le P. Khalil, cette analyse a du poids – même si elle contredit frontalement le politiquement correct qui veut que l’islam soit une religion « de paix et de tolérance ». Auteur d’une soixantaine de livres et de plus de 1.500 articles universitaires, il est spécialisé dans l’histoire de l’Orient chrétien et du patrimoine culturel et théologique chrétien arabe ; il s’est également beaucoup penché sur les relations entre chrétiens et musulmans et la question de « l’intégration » des musulmans en Europe.
 
Le P. Samir Khalil a livré ses réflexions sur l’Etat islamique en italien, dans le cadre de l’émission « Sur les traces du Nazaréen ». Le site hispanophone Infocatolica en a retranscrit la substance.
 

Samir Khalil, père jésuite, refuse le langage lénifiant sur l’islam

 
Ayant noté que l’islam pratique la « discrimination » par le truchement de l’inscription de la religion sur la carte d’identité dans les pays du Proche-Orient – question épineuse qui pose aussi le problème de la sauvegarde les légitimes privilèges communautaires en matière de droit matrimonial par exemple – le P. Khalil souligne qu’en islam, « la liberté de conscience n’existe pas ». A la manière du traître qui révèle des secrets d’importance capitale pour son pays, « celui qui abandonne l’islam pour adhérer à une autre religion est tenu pour un traître qu’il faut châtier » : c’est pourquoi le musulman qui abandonne publiquement l’islam est passible de la mort. Cela s’explique, souligne le jésuite, par la nature de l’islam : « Il est religion, Etat, politique, économie, tout. »
 
A quoi s’ajoute une autre grave difficulté : les musulmans identifient l’Occident et le comportement moral de l’Europe et de l’Amérique avec le christianisme, ce qui leur fait dire que les chrétiens sont pires que les païens.
 
A propos de l’actualité du Proche-Orient, le P. Khalil explique : « Les tendances les plus fanatiques de l’islam, les plus radicales, ont pris le pouvoir. C’est la force qui a triomphé et des mouvements radicaux sont apparus, culminant avec l’Etat islamique ou Daesh. » Ce mouvement sunnite vient s’opposer aux forces chiites favorisées en Irak par les États-Unis ou au pouvoir en Syrie avec le clan Alaouite de Bachar al-Assad. Et selon le jésuite, il est tout naturellement soutenu et armé par l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres pays sunnites qui laissent l’État islamique mener leur bataille contre les chiites considérés comme « hérétiques ».
 
L’Etat islamique s’est fait barbare, poursuit-il. « Il n’est plus humain, il est inhumain : il tue des enfants, il tue des personnes désarmées, des femmes… Ils ont réhabilité l’esclavage, les femmes ont été prises comme esclaves, vendues ; ils ont organisé un marché d’esclaves – comme cela se faisait au temps de Mahomet – un marché qui a lieu toutes les semaines et où on les achète comme on achète la nourriture et d’autres choses. Tout cela est un scandale mais on s’est tu. »
 

Un islamologue montre que l’Etat islamique, c’est l’islam

 
C’est alors qu’il explique : « L’Etat islamique, ou Daesh en arabe, fait tout ce qu’il fait en le justifiant par des arguments tirés de la vie de Mahomet ou du Coran. Ou des paroles de Mahomet. Par exemple, l’esclavage, en particulier celui des femmes était la chose la plus banale car la guerre se faisait pour cela, pour prendre les biens mais aussi pour prendre les personnes : les hommes, on les faisait travailler ou on les tuait, les femmes devenaient esclave pour le plaisir sexuel. Il existe dans le Coran un chapitre appelé “sourate du butin”, qui explique comment prendre le butin au cours de la guerre. »
 
Cela est certes nié par les musulmans « modérés ». « Les musulmans n’osent pas le dire, ils disent : “Non, Daesh n’a rien à voir avec l’islam, parce que l’islam veut dire Salam, paix.” C’est avant tout un mensonge linguistique. Ce mot peut signifier salut, paix, soumission, etc. Islam veut dire soumission, ce qui suppose la soumission à Dieu. (…) Dire que cela n’appartient pas à l’islam est un mensonge. La réalité, c’est que l’État islamique est 100 % musulman. Que cela ne plaise pas aux musulmans et à leur sens de l’honneur, cela veut dire que celui qui dit cela n’est pas musulman, c’est une personne modérée  mais juridiquement, il est musulman. (…) On ne peut pas dire que l’islam est égal à la violence. Mais on ne peut pas dire le contraire : qu’il n’y a pas de violence dans l’islam. Il y a de la violence. »
 

La convivialité avec les musulmans suppose l’évangélisation

 
Et de conclure : « Voilà la situation telle qu’elle est, mais l’expérience prouve que l’on peut vivre ensemble, dans la paix et la tolérance. C’est ce qu’il nous faut recréer aujourd’hui : aider les musulmans à vivre ensemble comme frères. (…) Il nous appartient de donner un autre modèle de coexistence, de fraternité, et de dire où nous l’avons appris : dans l’Évangile, et de Jésus. Si tu veux être parfait, va, suis Jésus. Voilà notre mission. »
 
Une mission d’évangélisation, donc. Voilà pourquoi le P. Samir Khalil ajoute : « On pourrait changer beaucoup de choses si l’on se disait : bien, Dieu a envoyé les musulmans en Europe. Ils sont aujourd’hui peut-être près de 15 millions. Que faisons-nous pour leur faire connaître l’Evangile ? C’est-à-dire quelque chose qui dépasse l’islam et l’être humain ordinaire. L’Evangile, c’est le maximum. Pourquoi ne le transmettons pas ? Jadis, nos pères traversaient les mers, affrontait le martyre, ils étaient tués, etc. (…) pour gagner un musulman à l’Evangile. Aujourd’hui je n’ai pas besoin de traverser la mer. Ils viennent. Alors, tenter de les marginaliser… c’est un crime. Cela n’est pas admissible. Il s’agit de les accueillir, et de leur dire : “Je te donne ce que j’ai de plus beau, l’Évangile.” Et si quelqu’un découvre que l’Évangile est en vérité la chose la plus belle, je l’invite à devenir chrétien. Mais c’est une invitation, rien de plus. »
 
On peut s’interroger sur l’efficacité de cette démarche face au nombre des musulmans et à l’agressivité de l’islam en Europe, et à sa tendance à se marginaliser – à constituer une communauté à part – lui-même. Mais dire qu’il n’y a pas d’autre salut que leur conversion – avec la grâce de Dieu – est sans doute la seule réponse véridique au drame du tsunami migratoire.
 

Anne Dolhein