Le cannabis n’est plus une « drogue douce » : la skunk, variété à forte concentration de THC, représente 94 % des saisies au Royaume-Uni

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Au Royaume-Uni, le marché du cannabis est désormais complètement dominé par une variété à très forte concentration de tétrahydrocannabinol (THC), le composé psycho-actif de la « drogue douce » : de la skunk à 14 % de THC, contre environ 6 % pour la résine de cannabis (un taux qui était de 4 % en moyenne il y a encore 10 ans). Pire encore, la skunk ne contient plus que 0,29 % de cannabidiol (CBD), qui prévient le développement des psychoses provoquées par le THC. La teneur en CBD de la résine de cannabis est de 6 %. Or, à en croire les saisies, la part de marché des résines (haschich) au Royaume-Uni est tombée de 43 % en 2005 à 6 % en 2016. Les 94 % restants appartiennent désormais à la skunk surpuissante, aux effets dévastateurs sur la santé mentale. À Londres, c’est même 99 % du cannabis saisi qui est de la skunk. Selon les études, le risque de développer une psychose est multiplié par cinq chez les consommateurs quotidiens de cette variété de cannabis. Si donc le cannabis était qualifié jusqu’ici, à tort ou à raison, de drogue douce, cette drogue s’est beaucoup durcie au cours des dernières années sous l’effet de divers croisements entre variétés.
 

Le cannabis est encore moins une drogue douce dans sa variété « skunk »

 
L’étude du King’s College London a permis d’analyser 1.000 échantillons de cannabis saisi par la police. Les chercheurs anglais confirment les effets de cette domination du marché par les variétés de cannabis à forte de concentration de THC sur la santé mentale des consommateurs de cette drogue. Ces effets sont encore plus dévastateurs chez les consommateurs jeunes dont le cerveau est encore en développement. Pour le docteur Tom Freeman, du King’s College de Londres, « Ces données peuvent aider à expliquer pourquoi un nombre croissant de jeunes consultent désormais pour être traités à cause de problèmes liés au cannabis ». Valerie Curran, professeur en psychopharmacologie à l’University College de Londres suggère aussi que les variétés plus puissantes de cannabis renforcent l’effet de dépendance.
 

Le très dangereux « skunk » : 94 % des saisies de cannabis au Royaume-Uni

 
De par ses effets psychotiques, le cannabis accroît le risque de comportements violents ainsi que l’a prouvé une étude canadienne récente. Myha Grant, condamné il y a un an à seize ans de réclusion pour avoir poignardé à de nombreuses reprises et tué deux membres du personnel d’un établissement psychiatrique, était un consommateur quotidien de cannabis de type skunk. Il avait commencé à prendre de la « drogue douce » à 13 ans et avait par la suite développé des troubles psychiques, jusqu’à devenir meurtrier aux cris de « Allahu Akhbar » à 31 ans en proie à un accès de schizophrénie paranoïde. Pour le coup, il s’agissait bien d’un déséquilibré.
 

Olivier Bault