Les symboles de l’œuvre accrochée dans le bureau d’Emmanuel Macron : la Marianne selon Shepard Fairey

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L’oeuvre a vu le jour en novembre 2015 lors des attentats de Paris et de Saint-Denis, avant d’être déclinée sous forme de fresque urbaine monumentale « Liberté, Egalité, Fraternité », visible au 186 de la rue Nationale, dans le XIIIe arrondissement de Paris.

 

Dans le bureau présidentiel qui a servi de cadre au premier grand rendez-vous télévisé d’Emmanuel Macron avec les Français, on n’a pas manqué de remarquer une représentation très particulière de la Marianne : le poster « Liberté, Egalité, Fraternité » orné d’une Marianne stylisée sur fond de drapeau bleu blanc rouge. Il s’agit d’une œuvre de Shepard Fairey, grand nom du Street-Art connu pour son portrait d’Obama, et encore pour celui d’une femme voilée à la musulmane par un drapeau américain qui s’inscrit dans ses campagnes anti-Trump. L’œuvre sous laquelle Emmanuel Macron s’est mis en scène comporte plusieurs symboles inquiétants : le pentagramme sur fond de symbole de la paix, entouré des fleurs à cinq pétales qui sont une représentation plus « douce » de l’étoile à cinq pointes.
 
Sur l’image derrière Macron, on note donc immédiatement ce pentagramme avec la pointe en haut : ce n’est pas la stylisation de la tête de bouc que l’on trouve couramment dans la symbolique sataniste, mais un symbole fortement présent dans les représentations franc-maçonnes, souvent adopté par l’iconographie de la république américaine naissante. Pouvant symboliser les cinq plaies du Christ comme ce fut le cas aux origines du christianisme, il a pourtant été bien davantage utilisé dans des temps plus récents par l’occultisme kabbalistique chrétien et au sein de la tradition gnostique.
 

Les symboles de l’œuvre de Shepard Fairey illustrant la Marianne : « Liberté, Egalité, Fraternité »

 
Shepard Fairey inclut habituellement dans ce pentagramme, omniprésent dans son œuvre, un visage : celui d’« André the Giant » dont il avait fait un autocollant a placardé partout pour – selon un discours bavard de philosophie phénoménologique – interpeller les passants afin qu’ils renouvellent leur regard conscient sur ce qui les entouraient, justement parce que le dessin n’a pas de signification. Souvent accompagné du mot « Obey » (« Obéis ! »), l’image est censée faire réfléchir également sur le pouvoir et le symbole a été adopté par les anti-gouvernement. Mais comment ne pas voir qu’il illustre en même temps, de manière dialectique, une volonté de toute-puissance, dès lors qu’il est utilisé par le pouvoir lui-même.
 
Surmontant le visage, un triangle comme celui que l’on voit sur le dollar américain. Sans vouloir chercher les explications occultistes partout, on se demande ce que vient faire cette symbolique sur une représentation du drapeau français complétant, d’ailleurs, le drapeau réel que Macron a choisi de placer à sa gauche, s’il n’y a pas de message…
 

Le bureau d’Emmanuel Macron sous le symbole du pentagramme et du symbole pacifiste

 
A l’arrière-plan du pentagone, le symbole pacifiste bien connu des années 1970 est également révélateur. Croix ou plutôt arbre de vie inversé, son utilisation date de la première campagne pour le désarmement nucléaire en 1958 à l’initiative d’un athée, Bertrand Russell. D’aucuns y ont vu une rune de la mort dans la symbolique teutonique, associée au culte sataniste, d’autres le présentent comme « la croix de Néron ». Nous nous contenterons d’observer qu’il s’agit en tout cas d’un symbole gauchiste adopté à l’origine par les compagnons de route du communisme – telle Peggy Duff, ancienne secrétaire de la CND et opposante à la guerre contre le Vietnam communiste. Selon elle, ce signe de la paix est composé par le symbole runique de l’homme mort – la croix aux bras descendants – et la représentation de l’enfant à naître : le cercle qui l’entoure.
 
Quant aux pinceaux de part et d’autre sous l’image de la Marianne fleurie, ils figurent sur la première version de ce poster déjà ancien de Shepard Fairey, « Make Art Not War » (Faites l’art, pas la guerre). L’artiste l’a détourné en Marianne à la suite des attentats de novembre 2015 et l’image orne désormais un immeuble du 13e arrondissement de Paris.
 
Ce n’est certes pas la première fois qu’Emmanuel Macron choisit d’illustrer ses apparitions publiques de manière aussi appuyée : on se souviendra de sa prestation devant la pyramide du Louvre le soir de son élection. Sa photo officielle témoigne également d’une grande attention au choix des symboles.
 

Anne Dolhein