Le système anglais de retraites par capitalisation sauvé par la baisse de l’espérance de vie ?

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Divine surprise : la baisse de l’espérance de vie de nos voisins anglais va freiner la croissance des déficits qui mine leur système de retraites par capitalisation. Si la tendance persiste, il pourrait être sauvé, moyennant des hausses de cotisations. Est-ce le prochain argument en faveur de l’euthanasie ?
 
C’était un casse-tête sans solution pour les actuaires anglais. Les différents fonds de pension qui gèrent le système de retraites par capitalisation dits « à prestations définies » font face à des déficits croissants. Par exemple ces déficits sont passés de trente milliards de livre à cinq cent trente milliards entre mars et avril. Pour les seuls trois cent cinquante plus gros groupes anglais, le déficit des retraites a augmenté de neuf pour cent en un mois pour atteindre 145 milliards de livres. De quoi donner des maux de crâne aux responsables.
 

Quel que soit le système, des retraites menacées

 
Chaque système de retraites a en effet ses difficultés et ses contraintes strictes. Dans notre système de retraites par répartition, les principaux éléments du calcul des prestations sont les cotisations, le montant des prestations et le temps durant lequel on en jouit, lui même fonction de l’âge de départ et de l’espérance de vie, et enfin le rapport entre le nombre d’actifs et de retraités. Dans ce système, c’est la faible natalité qui est une catastrophe, puisque elle accroît le rapport actifs / retraités, tel est d’ailleurs le prétexte trouvé par les immigrationnistes pour pousser, par compensation, au remplacement des populations.
 
Dans le système des retraites par capitalisation, il n’y a que deux éléments du calcul, puisque les prestations sont définies, c’est la cotisation salariale et la durée de jouissance, donc, en pratique, l’espérance de vie.
 

La baisse de l’espérance de vie engendre des économies

 
C’est pourquoi, pour faire face à la croissance des déficits, des cabinets de conseil anglais préconisent la hausse des cotisations dès cet été. Mais un « espoir » est signalé du côté des études sur la mortalité des Anglais. L’espérance de vie, qui décroit, va permettre de faire des économies : en effet, elle n’avait cessé de croître tout au long du vingtième siècle, et les projections des actuaires intégraient cette progression continue dans les dépenses. Si elle cesse, celles-ci baissent et le déficit se résorbe. Et le phénomène n’est pas marginal, l’institut PwC estime que si la tendance se maintient, cela pourrait combler de 310 milliards de livres le trou noir du système anglais des retraites.
 

C’est l’espérance de vie des vieux qui  baisse

 
La même chose pourrait se passer chez nous. Quand on parle d’espérance de vie tout court, on entend espérance de vie à la naissance, c’est-à-dire le nombre moyen d’années que peut espérer vivre un nouveau-né, si aucune des conditions en vigueur au moment du calcul ne change. Or on a constaté pour la première fois depuis plus de cinquante ans qu’en France, en 2015, l’espérance de vie à la naissance des hommes et des femmes a régressé de 0,4 ans. Mais, si l’on regarde les choses de plus près, ce qui intéresse les actuaires qui calculent les prestations des systèmes de retraites, que ce soit par répartition ou par capitalisation, ce n’est pas l’espérance de vie à la naissance, c’est l’espérance de vie des gens qui partent à la retraite, c’est-à-dire l’espérance de vie à 65 ans. Or c’est elle qui a régressé. Les journalistes ont tenté de l’expliquer par le froid, la canicule et la relative inefficacité des vaccins, mais quelle qu’en soit la cause, le fait est là, et c’est lui qui importe.
 

Le système anglais par capitalisation sauvé ?

 
En effet, la baisse de l’espérance de vie des « vieux » compense en partie, du point de vue des retraites, le vieillissement croissant de la population. Et les actuaires y voient la planche de salut d’un système qui, sans cela, serait structurellement déséquilibré.
 
Cependant il est extrêmement difficile de faire des prévisions sur l’espérance de vie à long terme. Si la baisse continue, les déficits prévus baisseront avec elle mais rien ne peut l’assurer. D’autant que la recherche médicale tend, elle, au contraire, à trouver les moyens de guérir les plus de soixante-cinq ans de nombreuses maladies, cardio-vasculaires ou cancéreuses – donc à faire remonter l’espérance de vie des plus âgés. C’est pourquoi de grosses entreprises anglaises, où figurent par exemple les laboratoires pharmaceutiques GlaxoSmithKline, envisagent une hausse immédiate de leurs cotisations retraites.
 
Mais la pédagogie de l’euthanasie a fait un pas : l’idée a été lancée qu’une mort plus hâtive des vieux pouvait soulager les comptes des systèmes de retraites. Elle est destinée à faire son chemin. Les processus révolutionnaires prennent du temps : Rome n’a pas été détruite en un jour.
 

Pauline Mille