Ted Malloch, ambassadeur de Donald Trump à l’UE, traitera directement avec les Etats

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Ted Malloch

 
Ted Malloch, proposé par Donald Trump comme ambassadeur des Etats-Unis près l’Union européenne, a déclaré dimanche à la BBC que le nouveau président entend traiter directement d’Etat à Etat pour la conclusion d’accords commerciaux, quoi qu’en pense l’UE. Le réveil sera difficile, a-t-il déclaré, assurant que cela mettrait fin à l’utilité de l’existence de l’Union.
 
« Trump ne se couchera pas devant les pouvoirs en place. Il dira ce qu’il pense même si cela devait le gêner ou le faire mal voir par les autres. On appelait cela de l’honnêteté, mais à l’ère du langage infantile du politiquement correct, des foutaises en général, on considère aujourd’hui cela comme de la malhonnêteté », a-t-il déclaré, avec des expressions peu diplomatiques.
 

Ted Malloch, un ambassadeur peu diplomatique mais expérimenté

 
Le quotidien de gauche britannique The Guardian publiait vendredi un éditorial annonçant que, du point de vue européen, les personnages comme Malloch et Steve Bannon – principal stratège de Trump – apparaissent comme voulant détruire l’Union européenne. « Il ne s’agit pas d’une politique de non-intervention. La politique en cours consiste à conduire le démantèlement de l’UE, grâce à la position dominante de la présidence et du site Breitbart, en vue de faire tout ce qu’ils pourront pour soutenir les forces populistes à travers l’Europe. Les victoires des partis nationalistes aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et en Italie cette année, conduiraient à coup sûr à l’implosion de l’UE, et doivent donc être encouragées. »
 
Malloch s’estime taillé pour le rôle puisque, il s’en est vanté en janvier auprès de la BBC, il a fait jadis carrière « dans un poste diplomatique où (il) a aidé à la chute de l’Union soviétique ». « Il y a peut-être une autre union qui a besoin d’être un peu matée », disait-il.
 

Donald Trump veut contourner l’UE pour traiter directement avec les Etats

 
Difficile de ne pas l’entendre avec sympathie lorsqu’il explique que son président « n’aime pas une organisation qui est supranationale, non élue, où les bureaucrates peuvent se déchaîner et qui n’est pas franchement une vraie démocratie ». Mais cela met à mal l’idée que les États-Unis se réfugient désormais dans un isolationnisme tranquille : il y a une claire volonté de redessiner aux moins certaines parties du monde.
 
Ted Malloch lui-même, souligne The New American, est un anticonformiste aux multiples casquettes institutionnelles. Il a fait parti du bureau exécutif du Forum économique mondial – mais oui, l’organisateur des rencontres annuelles de Davos. Il a déjà été ambassadeur à l’ONU. Il a travaillé à la banque internationale Salomon Brothers. Et il a rempli plusieurs postes au Sénat et au département d’Etat des Etats-Unis.
 
A titre personnel, Malloch a même soutenu l’idée de l’Union européenne, affirmant que celle-ci avait été créée grâce aux Etats-Unis en tant qu’élément essentiel de l’alliance transatlantique. Aujourd’hui, il y voit « de plus en plus une organisation supranationale aux ambitions politiques qui probablement ne correspondent pas à celles de tous ses Etats membres ». De Jean-Claude Juncker, il a pu dire qu’il était « le maire très acceptable de quelque ville du Luxembourg – peut-être qu’il devrait y retourner… »
 

Donald Trump, Malloch et l’Union européenne, une visée politique

 
En proposant de négocier d’Etat à Etat avec les pays membres de l’Union, les États-Unis pourraient efficacement vider de sa substance un dispositif qui a déjà fait beaucoup de mal à de nombreux pays européens.
 
D’un autre côté, on perçoit un mouvement fort, auquel Trump participe, de promotion de leaders populistes quels qu’ils soient, de droite ou de gauche, dans un mouvement de déstabilisation qui semble répondre à un scénario récurrent, en même temps que le nouveau président américain donne des gages à une haute finance soumise depuis la crise de 2008 à une réglementation de plus en plus stricte par des forces mondialistes se présentant comme vertueuses. Comme il l’avait promis, Trump entame déjà les démarches de dérégulation de la Bourse. Et avec le Royaume-Uni en voie de Brexit, les Etats-Unis annoncent une nouvelle ère pour le libre échange.
 
Qu’en conclure ? A défaut d’être dans les arcanes du pouvoir, on ne peut que constater une importante modification en cours de l’équilibre mondial.
 

Anne Dolhein