ALENA, Union nord-américaine, globalisme : Trump au risque d’un retournement complet de ses promesses sur NAFTA

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La volonté d’en finir avec l’ALENA, ou « Accord de libre-échange nord-américain » (en anglais NAFTA), a été l’un des points forts de la campagne de Donald Trump. Il dénonçait cet accord commercial, en vigueur depuis 1994, pour son effet récessif sur l’économie des Etats-Unis, son encouragement aux délocalisations et ses atteintes à la souveraineté. Six mois après l’élection du nouveau président, les partisans de la globalisation en poste au Congrès ou infiltrés au gouvernement tentent de pervertir son programme. Déjà le mois dernier, lors d’entretiens téléphoniques avec ses homologues mexicain et canadien, le président Donald Trump avait renoncé à dénoncer l’accord, évoquant une renégociation. La semaine dernière, le représentant des Etats-Unis pour le commerce a formellement notifié au Congrès que le gouvernement entendait le « renégocier » et le « moderniser », décision présentée abusivement comme la réalisation de la promesse de campagne alors qu’il s’agit de l’exact inverse.
 
Même si Trump n’avait pas explicitement promis un retrait pur et simple, ses anathèmes ne laissaient aucun doute : « Le pire traité de l’histoire aurait pu être signé par n’importe qui d’autre, mais certainement pas par ce pays ».
 

D’ALENA à l’Union nord-américaine : Trump court-circuité ?

 
Or aujourd’hui, plutôt que d’en finir une fois pour toutes, l’analyste Alex Newman, du site thenewamerican, voit venir une renégociation aboutissant à « encore pire », spécialement en matière de souveraineté et de libre administration. Newman se base sur des informations indiquant que « les globalistes, parmi lesquels certains en poste dans l’administration centrale, travaillent pour obtenir un accroissement du rôle des tribunaux, administrations et règlements créés par l’ALENA ». Il ajoute que ces milieux, en connexion avec l’industrie globaliste, en particulier la net-économie, tentent de favoriser prioritairement la croissance des secteurs portés par des programmes transnationaux.
 
Le très mondialiste Conseil des relations internationales (CFR), qui travaille depuis des lustres pour fondre les trois pays de l’ALENA – Canada, Etats-Unis et Mexique – dans une vaste « Union nord-américaine », mène la charge et a placé certains de ses membres à des postes stratégiques de l’administration Trump.
 

Robert Lightizer, représentant des Etats-Unis pour le commerce, est membre du CFR

 
Le représentant des Etats-Unis pour le commerce, Robert Lightizer, membre du CFR, a dévoilé la manœuvre visant à faire l’inverse de ce que le candidat Trump avait promis. Dans une lettre datée du 18 mai et adressée aux présidents des assemblées du Congrès, Lightizer propose que l’ALENA renégocié inclue des secteurs qui n’étaient jusqu’ici pas couverts par l’accord : propriété intellectuelle, réglementations gouvernementales, entreprises publiques, services, procédures douanières, mesures sanitaires, travail, environnement, petites entreprises…
 
Ce projet reviendrait ni plus ni moins à élaborer des institutions communes, en renforçant en particulier les tribunaux de l’ALENA qui déjà prétendent chapeauter les tribunaux américains et les représentants élus par le peuple. Tout cela sous le prétexte « de promouvoir les intérêts des travailleurs, cultivateurs, éleveurs et commerçants américains ». Le CFR a vu certains de ses membres démissionnaires dénoncer ses projets, à l’opposé de ceux de Trump. L’un d’eux, l’amiral Chester Ward, qui en fut membre pendant 16 ans, explique que « dans le lexique du CFR, il n’est pas de termes plus révulsants que les mots “America First” ». Or ces termes résument à eux seuls la campagne de Trump. Chester Ward ajoute : « Le projet central du Conseil des relations internationales consiste à promouvoir la fin de la souveraineté des Etats-Unis, à les noyer dans un gouvernement mondial tout-puissant ».
 

Un retournement de Trump au service du globalisme

 
L’amiral Chester Ward n’est pas seul. La conservatrice John Birch Society se bat pour obtenir le retrait effectif et total de l’ALENA. Cette puissante organisation fondée en 1948 a joué un rôle-clé pour faire échec aux projets de George Walker Bush et Barack Hussein Obama visant à « intégrer » l’Amérique du Nord sur le modèle imposé à l’Europe. La John Birch Society avait, en 2006, distribué un million d’exemplaires de son magazine dénonçant le projet. La menace, explique aujourd’hui l’organisation, « c’est que le président Trump tombe la tête la première dans la machination la plus grave de l’establishment internationaliste, le projet de d’Union nord-américaine (NAU), dont l’ALENA constitue la fondation ».
 
Des documents émanant des ambassades et révélés par Wikileaks ont confirmé que des éléments subversifs travaillaient au sein des trois gouvernements à transgresser les constitutions nationales afin de préparer l’Union nord-américaine. Parmi les projets révélés, l’introduction d’une monnaie unique façon euro, un « périmètre de sécurité » continental – une défense commune –, et des administrations supranationales. L’ex-président mexicain Vicente Fox a même évoqué un « Parlement » nord-américain.
 

La John Birch Society compare le retrait de NAFTA au Brexit : un « Amexit »

 
« La première façon de bloquer la marche vers une Union nord-américaine est de se retirer de l’ALENA, l’alerte est lancée », explique la John Birch Society « et de même que le Royaume-Uni se réapproprie son indépendance avec le Brexit, nous devons restaurer celle des Etats-Unis avec un Amexit ».
 
Du côté des économistes, enfin, les bienfaits de la zone unique sont contestés. Le célèbre partisan de la liberté des marchés Murray Rothbard juge que l’ALENA « est pire que le socialisme revendiqué : c’est un socialisme internationaliste maquillé sous les traits aguichants de la liberté et de l’ouverture des marchés ». Car, explique-t-il, « il s’agit de l’organisation d’un commerce dirigé par le gouvernement, négocié par le gouvernement ; c’est du mercantilisme, pas du commerce libre ».
 
A ce stade de l’histoire, la responsabilité du président Trump est immense. Si le sens de son élection est retourné contre la volonté du peuple qui l’a élu, c’est la démocratie qui sera enterrée.
 

Matthieu Lenoir