Que le président des Etats-Unis se rende à Varsovie le 5 juillet avant d’avoir visité Berlin et Paris n’est pas anodin. Tandis qu’au sommet de l’OTAN à Bruxelles Donald Trump avait refusé en mai de réaffirmer clairement les garanties américaines de défense collective, préférant exiger des alliés européens qu’ils consacrent au moins 2 % de leur PIB à la défense, le but affiché de sa visite en Pologne est bien de souligner « la priorité donnée au renforcement de la défense collective de l’OTAN ». Autre objectif de cette visite mentionné dans le communiqué de la Maison Blanche : « Démontrer nos liens forts avec l’Europe centrale. » Car, outre les dirigeants polonais, Donald Trump rencontrera ceux de onze autres pays d’Europe centrale et orientale présents eux aussi en Pologne pour un sommet dans le cadre de l’Initiative des Trois Mers. Ces trois mers sont la mer Baltique, la mer Adriatique et la mer Noire, et les pays en question sont ceux du Groupe de Visegrád, les Pays baltes et encore l’Autriche, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie et la Croatie.
Au menu des discussions de Donald Trump en Pologne : l’OTAN et les fournitures de gaz à l’Europe centrale et orientale
La Pologne est un des rares alliés européens de l’OTAN à consacrer 2 % de son PIB à la défense, et elle vient de signer (en avril) un contrat d’un demi-milliard de dollars avec Boeing pour trois avions moyens-porteurs pour le transport du président de la République et des membres du gouvernement. Un contrat doit aussi bientôt être signé pour l’achat de systèmes anti-aériens et antimissiles Patriot, et d’autres marchés sont en cours de négociation avec les Américains en lice. Mais Donald Trump parlera très certainement aussi de gaz naturel liquéfié (GNL) puisqu’une première livraison au nouveau terminal polonais construit sur la côte baltique a eu lieu début juin. Avec le développement des gazoducs entre les trois mers déjà mentionnées, ce gaz américain permettra à terme à toute la région d’être moins dépendante du gaz russe. Les pays du flanc oriental de l’OTAN, qui s’opposent aussi au doublement des capacités du gazoduc Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique, ont dans les Etats-Unis leur meilleur allié face à Berlin. Or cette opposition au projet Nord Stream 2 est justement menée par la Pologne.
Une visite pour renforcer la coopération des Etats-Unis et de la Pologne face à la Russie
En outre, la visite de Donald Trump pourrait être utile pour redorer un peu son image de leader international après les sommets de l’OTAN et du G7 et les critiques dont il a fait l’objet de la part de dirigeants comme Angela Merkel et Emmanuel Macron. Car au contraire de l’ouest de l’Europe, en Pologne le nouveau président américain jouit d’une plus grande popularité que le précédent, et il ne faut pas s’attendre à de grandes manifestations contre sa visite. Outre les questions de défense et d’énergie où il y a communauté d’intérêts, il y a communauté de vues quant à la question du terrorisme islamique et de l’immigration musulmane, et aussi en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique, la Pologne étant encore très dépendante du charbon.
Pour Donald Trump, se rendre à Varsovie avant de rencontrer Vladimir Poutine à Moscou est aussi une manière de prouver qu’il n’a jamais été le candidat de ce dernier. Pour le gouvernement de Beata Szydło, l’importance donnée par Donald Trump à la Pologne et à l’Europe centrale et orientale permet de démontrer que Varsovie et ses alliés du Groupe de Visegrád ne sont pas isolés malgré la procédure de sanctions engagée par la Commission européenne dans le dossier de la relocalisation des « migrants ».