La Turquie veut laisser 3.000 migrants quitter ses côtes chaque jour, selon le renseignement grec

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Les services du renseignement grec affirment avoir mis au jour un plan du gouvernement de la Turquie visant à laisser 3.000 migrants quitter ses côtes chaque jour en direction de la Grèce. La teneur du plan a été exposée dans le journal grec Protothema, selon la source américaine Breitbart.
 
Selon les services grecs, les passeurs ont amassé des milliers de petits bateaux à moteur et de canaux pneumatiques le long de la côte occidentale de la Turquie, pour une opération qui serait prête à démarrer en l’espace de quelques semaines, et qui aurait, selon leurs analyses, le soutien du président Recep Tayyip Erdogan.
 
Info ou intox? Le fait est que l’information a été rendue publique à quelques jours seulement des vives menaces adressées la semaine dernière par le président de la Turquie à l’Union européenne, qui fait mine actuellement de vouloir mettre fin aux négociations pour l’entrée de ce pays dans « l’Europe ». Des menaces largement rapportées par la presse française, au lendemain du vote du Parlement européen réclamant le gel des pourparlers en raison à la dérive « autocratique » d’Erdogan, jeudi.
 

Le renseignement grec accuse la Turquie

 
Celui-ci a déclaré de manière fort peu diplomatique, vendredi dernier lors d’un discours public à Istanbul : « Lorsque 50.000 migrants se sont amassés au poste-frontière [turco-bulgare] vous avez crié à l’aide. Vous avez commencé à vous demander : “Que ferons-nous si la Turquie ouvre ses frontières ?” Ecoutez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s’ouvriront. Mettez-vous ça dans la tête ! », rapportait ainsi Le Figaro. Celui-ci notait en passant que la pression turque est de taille et que la plupart des pays membres de l’UE s’y soumettraient face au risque réel que représentent les 3 millions de migrants massés en Turquie. Il ne donnait par contre aucune raison permettant d’expliquer pourquoi la Turquie parvient à les empêcher de franchir la frontière quand la Bulgarie en serait incapable…
 
La mise en place de toute une logistique permettant la traversée de milliers de nouveaux migrants vers la Grèce vient en tout cas ponctuer la menace de manière opportune du point de vue turc. Les responsables militaires grecs sont très inquiets.
 
Selon l’analyste grec Athanassios Drougas, interrogé par The Times de Londres, les chefs d’état-major « ont peur, et ils ont déclaré aux leaders politiques que si la Turquie ouvre les vannes une nouvelle fois, la Grèce, dans son état actuel de détresse financière et sociale, ne sera pas en mesure de résorber le choc ». « Ce sera la guerre, ou à tout le moins, cela causera autant de dégâts qu’une guerre », a-t-il averti.
 

Turquie : 3 millions de migrants, 3.000 d’entre eux pourraient tenter la traversée vers l’Europe chaque jour

 
La Grèce compte actuellement quelque 60.000 migrants bloqués sur place du fait de la fermeture de la route des Balkans. Lundi, on en dénombrait 5.918 dans l’île de Lesbos, 3.701 dans celle de Chios, et 2.182 à Samos. Pendant ce temps, la flotte grecque mène des exercices dans le nord de la mer Égée, craignant une attaque soudaine en cas de détérioration importante des relations d’Ankara avec l’UE.
 
La rhétorique d’Erdogan montre en effet que celui-ci estime avoir des cartes fortes en main pour faire du chantage sur une Europe fragilisée.
 
Côté allemand, une porte-parole d’Angela Merkel, Ulrike Demmer, a réagi aux menaces du président turc en déclarant que l’Allemagne considère que l’accord conclu en mars entre l’Union européenne et la Turquie a été une « réussite pour chacune des deux parties ». « L’Union européenne s’en tient à ses engagements détaillés dans l’accord et elle les remplit. Les menaces de part et d’autre ne sont d’aucune aide », a-t-elle ajouté.
 
Moyennant finances, aux termes de cet accord, la Turquie s’engageait à conserver les migrants en échange de l’abandon de l’exigence des visas pour les citoyens turcs, ce dernier point étant actuellement toujours en discussion.
 
Si l’on comprend bien, le gouvernement Merkel n’entend nullement courir le risque de mettre fin à ce processus.
 

Anne Dolhein