Russia Today (RT) de tout cœur avec le gouvernement socialiste de Nicolas Maduro, le successeur d’Hugo Chávez à la tête du Venezuela

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Le président venezuelien Nicolas Maduro lors d’une intervention télévisée le 18 avril 2017.

 
Quand Russia Today (RT) reprend la rhétorique du président de la République bolivarienne du Venezuela et de son gouvernement socialiste, cela en dit long sur la politique internationale de la Russie dirigée par Vladimir Poutine. Une Russie pourtant perçue par une partie de la droite conservatrice française et européenne comme désormais chrétienne et favorable aux valeurs traditionnelles. Si c’est le cas, outre Cuba, qui reste un allié de Moscou en Amérique latine avec sa dictature communiste, cette évolution ne concerne visiblement pas le Venezuela depuis la révolution socialiste de l’ancien président Hugo Chávez. Car RT présente sous un jour favorable les gouvernements progressistes, le progressisme étant ici connoté positivement selon son sens socialo-communiste. C’est ainsi que les manifestations de l’opposition vénézuélienne qui se déroulent depuis la tentative de coup d’État du 30 mars sont décrites par le média public (chaviste) vénézuélien TeleSur, dans un article donné en lien par RT, comme une guerre non conventionnelle menée par les Etats-Unis. En effet, explique TeleSur, « les guerres non conventionnelles cherchent à renverser les pays ou gouvernements progressistes qui représentent une menace pour leurs intérêts et leur domination impériale, et c’est pourquoi, dans le cas vénézuélien, la MUD [coalition des partis d’opposition à Maduro, NDLR] tente de saper les institutions démocratiques du gouvernement du président Maduro » et « les députés de droite récemment élus à l’Assemblée nationale sont derrière la guerre non conventionnelle dans ce pays sud-américain, sous la soutane du clergé ».
 

Russia Today (RT) livre la version des partisans de la Révolution bolivarienne d’Hugo Chávez

 
Alors que le président Maduro vient d’ordonner à l’armée de sortir dans la rue pour défendre la révolution socialiste bolivarienne de son mentor Hugo Chávez face aux grandes manifestations prévues par l’opposition pour le mercredi 19 avril, dans un article intitulé Le Venezuela est-il le véritable objectif des États-Unis ?, l’édition en langue espagnole de RT avance les analyses de deux « experts » pour soutenir la thèse d’une action de déstabilisation conduite depuis Washington. Le premier des deux experts est un certain Adel El Zabayar, ancien député chaviste parti rejoindre les rangs de l’armée de Bachar el-Assad en Syrie, critiqué en 2014 par le centre Simon Wiesenthal pour ses déclarations clairement antisémites et révisionnistes selon lesquelles Hitler n’aurait tué que des juifs progressistes et aucun juif sioniste. Le deuxième est l’écrivain et avocat vénézuélien Luis Britto lui aussi partisan d’Hugo Chávez. Troisième Vénézuélien cité au passage par RT pour soutenir la thèse du complot américain, Diosdado Cabello, est un député chaviste et aussi un ancien officier de l’armée vénézuélienne qui avait participé à la tentative de coup d’Etat du lieutenant-colonel Hugo Chávez en 1992.
 

Le Venezuela socialiste serait victime d’une guerre non conventionnelle menée contre Maduro depuis Washington

 
« Le Venezuela est le véritable objectif des Etats-Unis : Washington interfère à travers des actions déstabilisatrices caractéristiques de la guerre non conventionnelle, considèrent les analystes consultés par RT », explique à ses lecteurs hispanophones le média de l’Etat russe dès la première ligne. Ainsi que le décrivent les « experts » consultés par RT, les manifestations actuelles s’inscrivent dans le cadre de cette intervention américaine et les violences sont le fait non de l’appareil répressif de Nicolas Maduro mais des manifestants, le but étant de semer le chaos dans le pays et, au final, « créer une sensation d’ingouvernabilité et de conflit interne » en recourant à des « mercenaires ». C’est ce qu’explique El Zabayar qui compare cela aux « mercenaires payés par les Etats-Unis contre le gouvernement en Syrie et en Ukraine ». Cette comparaison plutôt osée est ensuite reprise dans le même texte de RT par le deuxième analyste, l’écrivain Britto.
 
A en croire RT, le « Socialisme du XXIe siècle » de Chávez (un trotskiste revendiqué, comme son disciple français Mélenchon), les répressions économiques, puis politiques, qui ont accompagné cette révolution socialiste « bolivarienne » sous Chávez puis Maduro, et la faillite de cet Etat assis sur les plus grosses réserves de pétrole du monde ne seraient donc pour rien dans l’écrasante victoire de l’opposition de droite aux élections législatives de décembre 2015 et dans les manifestations actuelles du « petit peuple » vénézuélien.
 

Olivier Bault