C’est le chroniqueur économique de l’émission de David Pujadas sur LCI, François Lenglet, qui a mis les pieds dans le plat. Tout le monde savait que Thomas Piketty, dans son désir de montrer que « les inégalités s’aggravent », prenait de grandes libertés avec la réalité des chiffres, mais Lenglet en a fait un résumé assez sanglant, en utilisant tout bonnement des données à la portée de chacun, celles de l’OCDE de 1975 à 2022 concernant la France. Les recettes fiscales sont passées de 33 % à 46 % du PIB, une hausse de 13 points, soit 400 milliards d’euros ; l’impôt sur les sociétés, de 1,8 % à 2,9 % du PIB, soit une augmentation de 40 % ; l’impôt sur le revenu, de 3,7 % à 10 % du PIB, une hausse de 6,3 points, deux fois plus. L’impôt sur le patrimoine a lui aussi doublé, de 1,8 à 3,6 % du PIB. Enfin, contrairement à ce que soutient Piketty, le taux marginal de l’IR n’a pas baissé de 65 % en 1982 à 45 % maintenant. Il est le même plus élevé aujourd’hui à cause, entre autres, de la suppression de l’abattement de 20 % sur tous les revenus, de la taxe sur les hauts revenus et de la CSG. Cerise sur le gâteau, les derniers chiffres de la Direction générale des finances publiques montrent que de moins en moins de Français sont assujettis à l’impôt sur le revenu, les 10 % les plus riches payant 76 % du total. Le plus grave n’est pas que Piketty se trompe aussi grossièrement, c’est que de nombreux Français le prennent pour un économiste sérieux.