Né à Lauingen, en Souabe, au tournant des XIIe et XIIIe siècles, dans la noble famille des comtes de Bollstatt, il étudia les lettres et la médecine en Italie avant d’entrer dans l’ordre dominicain à Padoue en 1223, après avoir eu une vision de la Vierge Marie. Il étudia dès lors la théologie à Paris et à Cologne, où il devint professeur en 1228.
Entre 1237 et 1240, il résida au monastère Saint-Blaise de Ratisbonne, où il enseigna la théologie, mais aussi la philosophie et la physique. Puis, en 1241, il se rendit à Paris, au couvent des Jacobins, rue Saint-Jacques, où il se fit remarquer pour ses enseignements sur Aristote. Il considérait que tout ce qui était vraiment rationnel était compatible avec la foi chrétienne. Il attirait tellement de monde qu’il dut bientôt enseigner en public ; la place sur laquelle il parlait fut depuis renommée en son honneur : c’est la place Maubert (Magnus Albertus).
Il écrivit de nombreux traités, fut provincial de Germanie pour l’ordre des frères prêcheurs entre 1254 et 1257, eut aussi un poste de lecteur au studium de la curie… S’étant lié d’amitié avec saint Thomas d’Aquin, qui avait été son disciple à Paris, il organisa notamment avec lui les études des dominicains lors du chapitre général de l’ordre en 1259. Sa très grande érudition lui valut dès son vivant le titre de « grand ». Il eut en parallèle un rôle de conciliateur dans divers conflits qui frappèrent la chrétienté.
Le pape Alexandre IV le nomma évêque de Ratisbonne en 1260, charge à laquelle il renonça trois ans plus tard, avec l’accord d’Urbain IV. Il prêcha alors pendant un an la croisade dans les pays de langue allemande, puis reprit son rôle d’enseignant. Il entreprit aussi la rédaction de nouveaux traités, dont une grande encyclopédie sur la faune d’Europe, De animalibus.
En 1275, Albert prit part au concile de Lyon II, convoqué par le pape Grégoire X, qui traita notamment de la croisade, de l’union des chrétiens et de l’élection pontificale. Il mourut à Cologne le 15 novembre 1280. Il fut canonisé et proclamé Docteur de l’Eglise par Pie XI le 16 décembre 1931. En 1941, Pie XII le déclara saint patron de ceux qui étudient les sciences naturelles : « Il voulait faire disparaître le désaccord entre la foi et la raison qu’en ce temps-là déjà certains philosophes introduisaient dans les universités par le moyen de leur axiome trompeur d’une double vérité. »