Le Frère René Stockman accuse du détournement d’un million d’euros des Frères de la Charité partisans de l’euthanasie

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Le torchon brûle entre le supérieur des Frères de la Charité de Belgique, le Fr. René Stockman – réélu à la tête de la congrégation cet été pour la quatrième fois d’affilée – et nombre de frères qu’il accuse devant la justice d’un détournement de fonds portant sur pas moins d’un million d’euros. Des biens appartenant à l’ordre et que ces frères indélicats tenteraient de lui soustraire afin d’assurer leur subsistance et leurs vieux jours alors même qu’ils sont ouverts à la possibilité de l’euthanasie dans leurs établissements hospitaliers, fort nombreux dans le pays. Dix religieux sont concernés par la poursuite dont les premiers épisodes se sont déjà joués au mois de septembre devant le tribunal de Gand.
 
Les Frères de la Charité jouent un rôle de premier plan dans la médecine psychiatrique en Belgique puisque 60 % des lits d’hôpital pour les patients souffrant de maladies mentales sont gérés par l’ordre dans les douze hôpitaux spécialisés qu’il possède.
 

Le Frère René Stockman n’entend pas faciliter le rejet de la doctrine catholique

 
C’est en mars de l’année dernière que les Frères, du fait de l’action, semble-t-il, des membres laïques majoritaires dans leur conseil d’administration, ont accepté le principe de la possibilité de faire euthanasier des patients au sein des dits établissements. Affaire doublement scandaleuse : d’une part parce qu’il s’agit d’un accord donné à la mise à mort volontaire d’êtres humains accueillis dans un établissement de soins ouvertement catholique et géré par des religieux, de l’autre parce qu’il s’agit, qui plus est, d’accepter que la mort demandée et délibérément donnée puisse se justifier non seulement face à des souffrances physiques insupportables – c’est toujours l’excuse avancée pour faire admettre l’euthanasie – mais dans le cadre d’une affection psychiatrique sur un patient qui peut bien être en bonne santé physique.
 
D’emblée, le Fr. Stockman, au nom du devoir de respecter toute vie humaine de sa conception à sa mort naturelle, avait dénoncé la décision prise au sein de la branche belge des Frères de la Charité dont il est le supérieur général basé à Rome.
 

Des Frères de la Charité accusés du détournement d’un million d’euros

 
Il n’a pas caché qu’une telle prise de position est incompatible avec l’appartenance à un ordre religieux catholique et d’emblée, avait officiellement écrit aux Frères de Belgique pour dire que des mesures pourraient être prises depuis Rome. La menace de l’excommunication avait été brandie ; les Frères belges soutenaient que leur « vision » est conforme à la doctrine de l’Eglise rejetant l’euthanasie, la seule nouveauté étant selon leur spécialiste en éthique que le respect de la vie ne soit plus considéré comme un « absolu ». Les Frères ont été invités en août 2017 à présenter une version modifiée de leur « vision » éthique de la fin de vie et de son accompagnement dans leurs établissements ; il semble que cette version revue se fasse encore attendre. En septembre dernier, le président du provincialat belge, Raf de Rycke, annonçait en tout cas qu’il n’était pas question de changer de point de vue. Les Frères belges refusent désormais tout dialogue avec Rome, et ce depuis septembre dernier selon la presse flamande.
 
Mais face aux menaces d’excommunication venues du Vatican, des Frères belges ont pris les devants. C’est ce que dénonce aujourd’hui le Fr. Stockman : ces dix religieux ont créé une association privée qu’ils ont fait doter par l’association de fait qui gère les biens de l’ordre en Belgique. Entre les dons déjà consentis et les virements programmés, la somme d’un million d’euros a été dépassée. Pour Stockman, cela constitue un détournement de fonds manifeste au détriment de la congrégation religieuse et il entend faire obtenir justice à cette dernière face à ce qu’il considère comme un vol.
 

Les Frères belges de la Charité continuent de justifier l’euthanasie pour certains malades psychiatriques

 
Le tribunal civil de Gand doit maintenant déterminer ce qu’il en est, étant posé que la création d’une association privée est établie – l’affaire date de mars dernier – et que ses statuts affirment clairement avoir pour but de permettre aux frères de « se consacrer entièrement à l’apostolat, sans avoir à se faire trop de souci par rapport aux besoins matériels de la vie : nourriture, vêtements, logement, vieux jours, etc. »
 
Il s’agit donc, si on lit bien, d’éviter de rechercher le royaume de Dieu en respectant sa loi en bénéficiant de ce reste qui est promis par surcroît…
 
Une source interne à la province belge des Frères de la Charité affirme clairement que la démarche a été dictée par la peur de l’excommunication qui priverait les intéressés, pour la plupart déjà d’un certain âge, de leurs « petites économies ». « A travers cette association, ils espéraient se constituer un petit pécule pour les mauvais jours, et plus particulièrement pour leur retraite. »
 
Voilà décidément une affaire à suivre : que dira la justice belge de cette démarche de religieux qui contredisent un principe fondamental de la doctrine de l’Eglise qui les fait vivre, et qui est fondée à demander l’adhésion à cette doctrine, mais qui dans le même temps sont parfaitement dans les clous de la loi nationale qui autorise l’euthanasie ? On peut imaginer toutes sortes d’issues, en se demandant si la liberté religieuse des catholiques sera ici respectée.
 

Jeanne Smits