Rapport du WWF sur la faune sauvage : après le climat, les écolos enfourchent le cheval de la biodiversité

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La fable de l’homme qui réchauffe le climat prend l’eau et ça commence à se savoir. C’est pourquoi le WWF vient de publier un rapport sur la faune sauvage qui diminue. La biodiversité est un bon cheval de rechange pour les prédicateurs écolos : l’essentiel pour eux est de changer le monde au nom de l’écologie.
 
Ouf ! La belle sœur de mon coiffeur commençait à s’inquiéter des études de la NASA qui ne montrent aucune régression de la banquise, et sa copine de Scrabble lui demandait ce que c’est que le minimum de Maunder, et pourquoi ces fichus chercheurs britanniques nous prédisent un petit âge glaciaire pour après-demain. Même l’instituteur ne croit plus trop que l’homme réchauffe le climat. Y avait comme du mou dans la grande cause écolo. Heureusement que nous avons touché Bolsonaro. C’est un décathlonien du mal. Raciste, sexiste, homophobe, c’est en outre une « menace pour l’Amazonie, pour la démocratie, pour le monde ». Je le trouve plus complet que Trump et Le Pen. Les écolos sont remobilisés. Rien de plus stimulant qu’une haine en commun.
 

Le rapport du WWF étudie 4.000 espèces et 16.700 populations

 
Et en même temps, vous avez vu le timing, le WWF, en collaboration avec la société zoologique de Londres, publie son douzième rapport sur la diminution de la faune sauvage dans le monde. D’après ce rapport, le nombre de vertébrés supérieurs (oiseaux et poisson compris) aurait diminué, en moyenne, dans le monde, de 60 % entre 1970 et 2014. Les scientifiques londoniens et le WWF disent avoir étudié pour calculer ce résultat 16.700 populations sur le terrain, représentant 4.000 espèces. N’étant ni zoologiste ni statisticienne, je leur laisse la responsabilité de leurs méthodes et de leurs chiffres. J’observe des inégalités continentales : la réduction de faune sauvage n’est que de 21 % en Amérique du Nord (ça biche pour les ours blancs), et de 89 % dans la zone Amérique du Sud Caraïbe. 
 

Bolsonaro menace la démocratie, la faune sauvage et le climat

 
Ah, nous revoilà avec Bolsonaro, sa transamazonienne, son bœuf. Avec lui, le jaguar, le tapir (le cheval de la jungle), le tamanoir, le tatou, l’attèle vont encore souffrir. L’Amazonie ! Son mythe ! Sa grande forêt pluviale (j’ai une amie qui en parle avec des trémolos dans la voix. Si elle y mettait les pieds, elle n’en dormirait pas de la nuit) ! Son poumon vert (en fait, anti-poumon) ! Pour toutes sortes de raisons, pour la faune, pour les sauvages, pour l’eau et la terre, l’érosion, l’humidité, il faut bien sûr la protéger, mais, côté bilan CO2, j’ignore si ça changerait quelque chose qu’on la transforme en un grand champ de soja. Si vous avez fait le calcul, n’hésitez pas à me le filer.
 

Après le climat, la biodiversité, nouveau mythe dominant des écolos

 
C’est là que les écolos sont malins. Le mythe du climat qui se réchauffe cause de nous a fait son temps. Ma nièce Juliette sait bien que son petit bull, qui ressemble à un gigot et passe son temps à flatuler, ne trouble pas le climat par ses émissions d’acide sulfhydrique. Mais elle a vu Tintin abattre des dizaines d’antilopes, elle sait que le dodo, le mammouth et l’auroch sont éteints, et constate donc que l’homme peut faire disparaître une espèce animale. La sauvegarde de la biodiversité est un thème de prédication écolo beaucoup plus vraisemblable que le réchauffement du climat. Pour les amateurs d’anthropocène, c’est satisfaisant : l’homme n’a pas besoin d’être un titan pour faire de la faune sauvage sa proie et laisser ainsi une empreinte sur la terre. Et la rhétorique moralisatrice que l’écolo en tire est tout aussi efficace, sinon plus, au pays de trente millions d’amis.
 

Un cheval, une alouette, un rorqual, un sanglier…

 
On le voit dans les papiers qui ont salué la publication du rapport du WWF. Le précepte anglo-saxon think global a été traduit chez nous par « pensez confus ». Les valeurs moyennes qu’on nous assène à la massue n’ont proprement aucun sens. On y additionne allègrement des carottes et des souliers. La question du rorqual bleu diffère sensiblement de celle du sanglier. Celui-ci pullule en France en raison du préjugé anti-chasse que les écolos ont grandement contribué à répandre. Moi qui suis une amatrice de champignons, je déplore que le cochon sauvage (porcus singularis) ravage les endroits de cèpes (boletus edulis, boletus aereus, boletus reticulatus). La biodiversité est une chose trop sérieuse pour être laissée aux écolos.
 

Le rapport du WWF et la rhétorique de l’urgence

 
Mais l’essentiel pour les écolos, qui sont les militants d’une révolution globale, c’est la rhétorique. C’est pourquoi ils ramènent sur le tapis et dans leurs articles le « jour du dépassement », date qui revient tous les ans, où les humains sont censés avoir pris à la terre l’intégralité de ce qu’elle peut leur donner en un an. Ils suggèrent ainsi l’urgence du danger. Leurs orateurs saisissent la balle au bond. Marco Lambertini, le directeur du WWF, préconise de « relever le niveau d’alerte ». Et le rapport de préciser : « Nous sommes la première génération à avoir une vision claire de la valeur de la nature et de notre impact sur elle. Nous pourrions aussi être la dernière à pouvoir inverser la tendance ».
 

Le vieux cheval des crooners écolos sert pour la faune sauvage

 
Et d’entonner un thème dont usent volontiers les politiciens lorsqu’il s’agit de convaincre un public indécis, celui du « moment décisif dans l’histoire ». Pour le WWF vient de s’ouvrir « une fenêtre sans précédent qui se refermera vite ». Moi qui suis une femme, je me méfie de ce genre de rhétorique. Elle me rappelle le vieux slow d’Elvis Presley, It’s now or never. En général quand ils disent ça c’est qu’ils veulent quelque chose. Le vers suivant disait : « Be mine tonight ». Remarquez, ça marche avec les gourdes, et les écolos prennent les Français pour des gourdes.
 

Ethique : l’homme doit décroître et la biodiversité animale croître

 
Maintenant, laissons le mot de la fin à Pascal Canfin, le directeur de la section française du WWF. Il affirme que « la disparition du capital naturel est un problème éthique ». Précisons. Le cheval de bataille du rapport du WWF n’est pas la menace d’extinction d’une espèce, mais la diminution des populations de plusieurs espèces. C’est un aperçu du déclin démographique de nombreux vertébrés dans certaines zones. La question éthique que les écolos posent est la suivante : la décroissance démographique de la faune sauvage est un mal pour eux, alors qu’ils présentent la décroissance démographique et économique de l’humanité comme un bien : sur quel critère fondent-ils ce double jugement ?
 

Pauline Mille