“Changement climatique” : les 195 pays membres du GIEC ont approuvé son 6e rapport de synthèse

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Les 195 pays membres du Groupe inter-gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) ont adopté, dimanche, la note de synthèse du 6e rapport d’évaluation des scientifiques, établi à partir de 10 000 pages de publications depuis le précédent rapport, il y a neuf ans. Fruit d’âpres négociations, tant les exigences du GIEC ont un impact sur les économies nationales, le document affirme une nouvelle fois l’origine humaine du changement climatique et, pour la énième fois, parle de l’urgence de réduire les émissions carbone pour avoir une chance d’éviter la catastrophe du réchauffement, en assurant que depuis le XIXe siècle, les températures mondiales moyennes ont déjà augmenté de près de 1,1 degrés Celsius.
 
Réunis à Interlaken en Suisse, les délégués avaient retardé de 48 heures la signature du document, et c’est seulement ce lundi à 14 heures que le Rapport de synthèse 2023 a été rendu public. Sur place, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué l’événement en déclarant que le rapport est un « manuel pratique pour désamorcer la bombe à retardement du climat ».
 

Les 195 pays membres du GIEC s’engagent selon des modalités très diverses

 
On devine ici la ligne de crête psychologique que doivent sans cesse avoir à l’esprit les marchands de peur du climat : il faut à la fois persuader que la catastrophe est pour demain (quitte à repousser les échéances de temps en temps, lorsque la réalité vient contredire les prédictions modélisées) et que des mesures globales seront suffisantes pour l’éviter. Des mesures « sacrificielles », serait-on tenté de dire, puisque les braves gens doivent renoncer, et de bon gré, au confort de l’énergie bon marché, à leur mode de vie, à toute activité réputée accélérer le réchauffement.
 
Le consensus des 195 Etats membres (qui vont de l’Arabie Saoudite aux Etats-Unis en passant par la Chine et la Russie) fait du rapport de synthèse du GIEC un outil redoutable pour peser sur les réglementations climatiques, les choix énergétiques et les possibilités de croissance.
 
Consensus difficile : pour les producteurs de pétrole et autres « énergies fossiles » incriminées dans l’affaire du réchauffement, la perspective du « net zéro carbone » recherché par les climato-alarmistes, la perte de la valeur l’or noir représente un lourd problème. Une autre pierre d’achoppement est la classification parmi les « pays les plus vulnérables » au changement climatique : faire partie de ce club très fermé, comme plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne, l’Inde ou la Colombie, c’est s’assurer des subventions du fonds « pertes et dommages » mis sur pied lors de la COP27, fin novembre 2022, pour compenser les « dégâts irréversibles dus au dérèglement climatique », dont les contours sont actuellement en cours de négociation.
 

Le changement climatique, prétexte aux équilibrages financiers mondiaux

 
Il reste notamment à déterminer d’où viendra l’argent. Dans un axe voisin, des pays développés comme les Etats-Unis ont exigé des modifications ligne à ligne de la note de synthèse afin d’éviter le plus possible d’être considérés comme des responsables historiques du « changement climatique », et de devoir payer en conséquence des réparations aux pays en développement, qui de leur côté sont soumis à de moindres exigences d’émissions pour – dit-on – leur permettre de rattraper leur retard.
 
Le scénario se complique encore par les avantages accordés à des pays qui ne sont pas encore considérés comme développés, alors même qu’ils sont des acteurs économiques mondiaux de premier plan : ainsi, la Chine, la Corée, Singapour, Arabie Saoudite pourraient dans l’état actuel profiter de reversements de la part des « pays riches » (et surtout leurs industries et leurs contribuables) que les réglementations désavantagent déjà en les soumettant à des obligations onéreuses en termes de recours à l’énergie « renouvelable ».
 
Dans le même temps, face aux pays développés, les exigences imposées et les délais impartis bénéficient d’aménagements. Un exemple parmi d’innombrables autres : la Banque mondiale vient de donner son accord pour aider le Mozambique à développer ses gigantesques ressources de gaz naturel si cela constitue pour ce pays le moyen le moins cher d’accéder à l’énergie, alors même que ladite banque a mis fin en 2019 à tout financement de projets d’extraction de pétrole et de gaz.
 

Le 6e rapport de synthèse du GIEC tient pour certain l’origine humaine du changement climatique

 
Ce n’est pas nouveau mais cela mérite d’être redit : l’affaire du climat, qui repose sur un « consensus » politique global mais dont de nombreux scientifiques contestent les données, les interprétations, ou les deux, contribue concrètement à appauvrir et à désindustrialiser les pays développés d’Occident et à favoriser les nations dites « émergentes », y compris la Chine toujours communiste qui caracole en tête des économies les plus puissantes du monde. Mais n’est-ce pas l’un des objectifs affirmés du « développement durable » de l’ONU : « réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre » ? Cela passe nécessairement par l’égalitarisme raboteur et le transfert de richesses, en une course vers le socialisme international.
 
Le communiqué de presse à l’issue de la réunion d’Interlaken parle, lui, encore et toujours d’urgence, évoquant des « phénomènes météorologiques extrêmes », des « risques pour la santé humaine », de « l’insécurité alimentaire », etc. La marche vers la « justice climatique » est aussi évoquée. La note de synthèse publiée par le GIEC insiste d’ailleurs, à l’égard des pays en voie de développement, pour dire que tout ou presque dépend de leur accès au « financement » pour adopter des solutions.
 
On nous explique ainsi que « l’électrification à faible émission de carbone ainsi que les déplacements à pied, à bicyclette et en transport public assainissent l’air, améliorent la santé, créent des emplois et favorisent l’équité »… « Il nous faut investir davantage de ressources au profit du climat pour atteindre les objectifs climatiques planétaires. Les gouvernements, en faisant bon usage des fonds publics et en donnant des signaux clairs aux investisseurs, peuvent considérablement contribuer à réduire ces obstacles. Les investisseurs, les banques centrales et les organismes de réglementation financière peuvent également jouer un rôle décisif »…
 

Au nom du climat, des changements profonds dans le domaine de l’énergie, des transports et de l’alimentation

 
On nous annonce qu’il faut « aller vers la préservation équitable et efficace d’environ 30 à 50 % des terres émergées, des eaux douces et des océans », apporter « des modifications dans le secteur alimentaire » (mais aussi dans les transports, l’industrie, la construction…), en faire davantage en matière d’éoliennes et d’énergie solaire. Dans le même temps, les modélisations du GIEC indiquent que les températures continueront d’augmenter quoi que l’on fasse.
 
Dans son allocution adressée par vidéo à la conférence de presse de présentation du rapport, Antonion Guterres, avec l’aplomb du diseur de bonne aventure qui s’appuie sur des modélisations supposées infaillibles, a cependant déclaré qu’il est « possible » de maintenir le réchauffement en-deçà de 1,5° :
 
« Il faudra que l’action en faveur du climat fasse un grand bond en avant. Ce rapport constitue un appel vibrant en faveur d’une accélération massive des efforts en matière de climat de la part de tous les pays, de tous les secteurs et selon tous les calendriers. En bref, notre monde a besoin d’une action climatique sur tous les fronts – tout, partout, en même temps.
 
J’ai proposé au G20 un pacte de solidarité climatique, en vertu duquel tous les grands émetteurs feront des efforts supplémentaires pour réduire leurs émissions, et les pays les plus riches mobiliseront des ressources financières et techniques pour soutenir les économies émergentes dans un effort commun visant à maintenir la barre à 1,5 degré. Je vous présente aujourd’hui un plan visant à intensifier les efforts pour concrétiser ce pacte de solidarité climatique par le biais d’un programme d’accélération mettant tout le monde à contribution… afin de parvenir à une émission nette de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale d’ici à 2050, conformément au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, à la lumière des différentes situations nationales. »
 
Ou pour le dire plus clairement : l’Occident n’a pas fini de payer !
 
Jeanne Smits