Cela paraissait difficile, mais le Nouveau front populaire l’a fait : il représente une opposition encore plus hors-sol qu’Emmanuel Macron, et il l’a manifesté en se mettant enfin d’accord sur une « candidate » à Matignon tout à fait croquignolesque, Lucie Castets. Alors que le NFP prétend écouter les Français et représenter l’électorat populaire tout en présentant un programme propre à relancer l’économie française, il a choisi une énarque qui n’a jamais quitté la fonction publique, et qui, à la tête des finances de la ville de Paris, a considérablement accru leur endettement en cautionnant des dépenses sociétales que les Français ont condamnées par leur vote du 9 juin. Mais ce n’est pas tout : déclarant qu’il n’y a « pas de trêve olympique », elle mène une sorte de campagne électorale pendant laquelle elle sillonne la France à la rencontre des élus de gauche. Elle donne même une interview à La Tribune pour annoncer « des recettes fiscales et sociales à hauteur de 150 milliards d’euros à l’horizon 2027 ». Il serait bon, pour qu’elle descende de son petit nuage arc-en-ciel, de lui rappeler quelques réalités terre-à-terre. On ignore si elle a obtenu un congé sans solde de sa patronne Anne Hidalgo, mais, en tant que haut-fonctionnaire, elle se trouve soumise à un devoir de réserve qu’elle trahit effrontément. En outre et surtout, il n’y a pas de « candidature » à Matignon dans la cinquième République. La Constitution, laconique, simple et claire dit seulement : « Le président de la République nomme le premier ministre », sans rien préciser d’autre. Il est seul maître et arbitre de cette nomination. L’usage qui prévaut depuis De Gaulle est qu’il choisisse le premier ministre dans le parti qui a fait élire le plus de députés : en l’espèce ce serait le RN. Mais il est vrai qu’aucun des partis issus des dernières législatives n’approche, même de loin, de la majorité. Si donc on se place dans une logique de coalition, comme sous la quatrième République, ou chez nos voisins belges, le président de la République choisira le premier ministre capable de rassembler la plus vaste coalition. Rien ne dit que cela sera le NFP, c’est même peu probable, et en tout cas, rien n’est encore dessiné dans une France en vacances et marquée par les Jeux Olympiques. La campagne illégale, non constitutionnelle et politicienne de Lucie Castets, bien sûr soutenue par le NFP, paraît complètement hors-sol à des électeurs que des arrangements d’appareil ont déjà déboussolés et qui attendent de sortir de la crise politique d’urgence.