Le Canada inflige une amende à des Amish pour ne pas avoir utilisé l’application Covid (sur des smartphones qu’ils n’ont pas)

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Dans la famille Absurde, je demande le père Trudeau. Le Premier ministre, au Canada, aurait été capable d’infliger une amende à six chiffres à une communauté de l’Ontario vivant comme au XVIIIe, dans le pacifisme le plus absolu. Non pas parce qu’elle a enfreint les lois fondamentales de son Etat, mais parce qu’elle n’a pas usé de l’appli ArriveCAN qui avait été rendue obligatoire pour toute personne entrant au Canada, entre novembre 2020 et octobre 2022 pendant que les restrictions de voyage liées au covid étaient en vigueur. Mais qui dit appli, dit smartphone. Et a priori, en vivant comme il y a deux siècles, on n’en possède pas, à moins de faire un péché d’anachronisme.

Si quelques précisions sont à apporter pour rendre exactement compte de cette affaire, il n’en reste pas moins qu’elle illustre merveilleusement la tyrannie progressiste (et parfois ridicule) de nos dirigeants occidentaux qui ne s’embarrassent pas de considérations spécifiques quand des obstacles se dressent contre leur programme. Surtout lorsqu’il s’agit de communautés attachées à leur foi. La liberté religieuse doit plier – avant tout.

 

Une certaine forme ou une forme certaine de persécution des Amish au Canada

C’est le site RebelNews, le mois dernier, qui a révélé cette situation qui serait cocasse si elle n’avait pas des conséquences potentiellement dramatiques sur cette petite communauté Amish de Chatsworth, en Ontario. Très traditionnelle, liée avant tout à sa foi et à ses traditions, la petite société d’agriculteurs vit sans électricité, sans téléphone ou Internet, sans voiture : une vitrine low-tech en quelque sorte. Et elle se garde bien d’être au courant des actualités politiques et sociales.

On comprend aisément qu’en période covid, la situation a pu être complexe. Et que la conformité numérique dont on nous a rebattu les oreilles dans ce moment de crise qui a permis l’imposition de toutes les contraintes, a pu leur faire radicalement défaut.

Très logiquement, au bout de deux ans d’obligations tous azimuts, ces Amish se sont donc retrouvés avec un certain nombre de « manquements » à la loi. Que ce soit dans l’absence d’utilisation de l’application ArriveCAN pour ceux qui franchissaient les frontières, dans la non présentation de justificatifs de vaccination, ou encore dans le non port du masque.

Selon le Fonds pour la démocratie (TDF) qui a dépêché ses avocats pour les défendre, ce sont ainsi 74 membres de la communauté qui ont été condamnés à des amendes dont le cumul est égal à environ 300.000 dollars.

« Beaucoup de ces personnes n’ont pas été correctement informées des contraventions ou des dates de procès, ce qui a conduit à des condamnations prononcées en leur absence. Par conséquent, des privilèges ont été placés sur leurs propriétés, ce qui constitue une grave menace pour leur communauté et leurs moyens de subsistance si le gouvernement les oblige à vendre leurs terres. (…) Nous pensons qu’il est injuste et déraisonnable qu’ils soient menacés de perdre leur maison en raison de litiges liés à des infractions réglementaires mineures », affirment ces avocats.

 

Quand les crises, comme le covid, sont les prétextes à plus de gouvernance

Certains se sont empressés de signaler qu’il était tout à fait possible de ne pas utiliser l’application ArriveCAN et de présenter des documents papiers pour justifier, à la frontière, de sa vaccination. Si cela est vrai en théorie, la pratique ne fut apparemment pas toujours celle-là. En outre, la question centrale n’est pas tant l’imposition de l’usage d’un smartphone que l’imposition d’un calendrier vaccinal précis…

Au Canada, les Amish ont toujours bénéficié d’exemptions religieuses en matière de vaccination, beaucoup d’entre eux rejetant cette technologie médicale. Conformément à la « Charte des droits et libertés », de 1982, qui donne à la liberté de religion une définition exclusivement subjective, chacun peut d’ailleurs défendre ce choix en toute « sincérité » devant la justice (quand bien même les chefs de son groupe religieux pensent différemment). Seulement la crise covid a fragilisé cette possibilité, car comme le faisait remarquer l’American Thinker, elle n’est pas un droit, seulement un privilège : or « les privilèges viennent du gouvernement, et ce que le gouvernement donne, le gouvernement peut le reprendre ». La gouvernance pandémique a pu justifier ainsi bien des écarts.

Et le cas Amish est un bel exemple. « Les amendes n’étaient pas seulement un oubli bureaucratique, mais une action ciblée », lit-on dans RebelNews. C’est en réalité une atteinte directe à leur liberté religieuse, via le pointage de leur non soumission bureaucratique et numérique. On peut d’ailleurs se demander si les tribus autochtones canadiennes, avec ou sans smartphones, ont subi pareille discrimination. Les communautés chrétiennes sont évidemment une cible privilégiée.

 

La liberté religieuse de plus en plus en question (avec ou sans smartphone)

Mais on dira toujours que c’est pour le bien des citoyens. « Tout totalitarisme moderne, y compris celui d’Hitler, se présente sous le couvert d’une attention bienveillante », rappelle l’American Thinker. Le gouvernement va rendre votre vie meilleure et celui qui n’y croit pas est par définition mauvais.

« Trudeau a décrété que l’application covid visait le bien des Canadiens. Par conséquent, tous les Canadiens doivent se conformer au programme. Ceux qui ne l’ont pas fait se sont faits les ennemis de l’Etat aimant et ils doivent payer. En défiant l’amour du gouvernement, ils ont perdu le privilège d’avoir la liberté de conscience et de religion », ajoute l’article.

Et aux Etats-Unis, la tendance est la même, bien que la liberté de religion soit, là, un vrai droit constitutionnel, ce qui d’ailleurs, entre autres, irrite largement les dirigeants démocrates. Dans une interview qu’il a accordée en 2001 à la station de radio publique de Chicago WBEZ alors qu’il était encore sénateur de l’Illinois, Barack Obama avait déclaré : « La Constitution est une charte de libertés négatives, elle dit ce que les Etats ne peuvent pas vous faire, elle dit ce que le gouvernement fédéral ne peut pas vous faire, mais elle ne dit pas ce que le gouvernement fédéral ou le gouvernement de l’Etat doivent faire en votre nom. »

Pour mettre en place certaines politiques qui grèvent les libertés fondamentales (comme l’ObamaCare), les dirigeants progressistes américains ont fait du contournement de la Constitution un sport régulier. Et Kamala Harris aura, on n’en doute pas, de nombreuses idées en la matière. Les Amish des Etats-Unis seront-ils bientôt aussi mal lotis que leurs comparses canadiens ? Quoi qu’il en soit, ils savent où se situe la meilleure garantie de leurs libertés : chez Trump, sur qui ils ont jeté leur dévolu, quand bien sûr ils votent (ce qui est loin d’être le cas général).

 

Clémentine Jallais