Un Budget vert et rouge pour un Barnier arc-en-ciel

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L’examen du budget proposé par le gouvernement Barnier à l’Assemblée nationale vient à peine de commencer dans un climat d’insatisfaction générale, l’extrême-gauche et la gauche le jugeant trop doux pour les riches, la droite, le MEDEF et une partie du centre trop rouge pour les entreprises, le RN le jugeant inapte à résoudre « aucune crise ». On ne sait donc quel sera son texte final, quels amendements seront retenus, ni si le budget sera voté ou imposé par l’article 49.3, ou si Barnier sera abattu par une motion de censure. Une seule chose est sûre : en préférant l’impôt à la baisse massive de la fonction publique et des subventions, Barnier a confirmé ce que nous observions le 2 octobre : il demeure dans la voie socialiste choisie par la France voilà plus de quarante ans. Et en augmentant les dépenses d’Etat dites « favorables » à l’environnement, le ministre de l’Economie a composé un « budget vert » soumis au paradigme de l’écologisme dans la ligne de la révolution arc-en-ciel impulsée par les élites mondialistes dont le gouvernement français est aujourd’hui le représentant.

 

Barnier écartelé entre le rouge et le vert

Depuis 2021, Bercy a pris l’habitude d’annexer à son projet annuel de loi de finances (PLF) un document qui évalue l’ensemble des dépenses de l’Etat présentes dans le budget en fonction de l’incidence qui leur est prêtée sur l’environnement. Ces dépenses sont classées en quatre catégories, favorables, neutres, défavorables, ou encore mixtes, quand on pense qu’elles ont des effets favorables et en même temps défavorables. En comparant maintenant le PLF 2025 aux projets de lois précédents sous ce rapport, le ministère de l’Economie affirme que, si l’on fait abstraction des mesures de relance, les dépenses favorables à l’environnement ont augmenté de 35 % entre 2022 et 2025, alors que les dépenses défavorables diminuaient de 15 % dans le même temps. Michel Barnier, qui fut ministre de l’Environnement et a publié voilà trente ans un Atlas des risques majeurs écrit avec de fermes convictions écologistes, a choisi, tout en affirmant qu’il réduit la voilure de l’Etat, de changer l’équilibre des dépenses en les soumettant à l’obsession écologiste.

 

La Cour des comptes juge le budget vert pas « opérationnel »

Cet exercice de budget vert a quelque chose d’un peu hors sol, selon un rapport publié par la Cour des comptes en juillet 2023. Pour deux raisons : une partie des dépenses de l’Etat sont « non cotées » par le budget vert en l’absence de données permettant d’évaluer leur incidence sur l’environnement. Et surtout, 75 % des dépenses sont cotées « neutres », les plus importantes, emploi, éducation, retraites, défense, justice, police. En somme, seules 10 % des dépenses font l’objet d’une cotation « non neutre ». La Cour des comptes se demande donc quel bénéfice le gouvernement peut tirer de cette comptabilité annexée au PLF pour ses décisions à court terme, et, bref, ne semble pas convaincue de son « caractère opérationnel ». Son point de vue est celui du bon sens.

 

Barnier incarne les valeurs de l’arc-en-ciel

Mais au moins deux éléments doivent être pris en considération. D’abord, dans l’immédiat, cette progression du budget vert est un appel du pied aux écologistes de toute nuance, une sorte de « je vous ai compris et nous sommes du même bord » qui vise à éviter toute motion de censure. Michel Barnier, sous ses airs graves de faux gaulliste de centre droit, s’efforce de rassembler la grande coalition arc-en-ciel qui a pour projet une Union européenne mondialiste fondée sur certaines « valeurs ». Dès son discours de politique générale, le Premier ministre avait rassuré tant ses soutiens que ses opposants ou commanditaires sur ce point en fixant ses « lignes rouges ». C’étaient celles du politiquement correct arc-en-ciel : « aucune tolérance » à l’égard du racisme, de l’antisémitisme, des violences faites aux femmes, du communautarisme. « Aucun accommodement sur la laïcité » et aucune remise en cause de la loi Veil sur l’IVG comme du mariage pour tous et de la PMA.

 

Sous le vert de la pastèque un cœur arc-en-ciel

Le même alignement s’observe sur la question économique et budgétaire. La comédie du pouvoir impose aujourd’hui à Michel Barnier de feindre de découvrir une dette que ses prédécesseurs et amis ont creusée depuis 45 ans sans états d’âme et qui sert à ouvrir nos frontières à l’immigration, à la compétition déloyale des pays à bas coût salariaux et aux exportations de nos savoir-faire, et à bâtir l’édifice de l’Europe arc-en-ciel. Il doit donc montrer un semblant de rigueur budgétaire, tout en soumettant son budget à l’exigence verte. Il a ainsi augmenté de 2 milliards, à 42,6, les dépenses « favorables » à l’environnement, et réduit d’autant (8,1) les dépenses défavorables. Dans les « favorables » figurent par exemple le « soutien à la production d’électricité renouvelable en métropole » ou le « soutien à la rénovation énergétique des logements privés et des bâtiments publics ». L’Etat oriente par ses ponctions et redistributions. On l’a souvent répété ici : les politiques dites environnementales sont un moyen socialiste de capter la richesse mondiale pour la redistribuer selon une grille idéologique. La peau verte de la pastèque cache une pulpe arc-en-ciel dont le rouge n’est qu’une composante. Après une vie politique blanchie sous le harnais, le grand dépendeur d’andouilles savoyard n’a accédé enfin aux premiers rôles que pour servir en grand le dessein qu’il a déjà servi à Bruxelles. Tel est l’objet du budget qu’il essaie de pousser cette semaine.

 

Pauline Mille