La course est lancée, et ceux qui en ont les moyens se précipitent : l’intelligence artificielle (IA), outil de domination tous azimuts sans exemple dans l’histoire de l’humanité, intéresse les différents « blocs » qui s’affrontent tout en allant dans la même direction : celle qui mène l’humanité vers une soumission à la machine qui, forte de son incroyable capacité de calcul, semblera la rendre obsolète. Et elle pourra y arriver dans les faits… Que pèsera le cerveau humain face à ces monstres technologiques, dès lors que l’on tiendra pour néant l’âme, la relation à Dieu, tout ce qui fait de l’homme un être sans commune mesure avec le reste de la création ? La Russie, en particulier, s’engage dans cette voie avec un enthousiasme affirmé : pas question de se laisser distancer par les Etats-Unis ! Elle se veut leader global de l’IA.
La Russie et les BRICS forment une alliance IA
Le Russian Direct Investment Fund (RDIF) vient ainsi d’annoncer la création d’une alliance avec les BRICS afin de développer conjointement l’intelligence artificielle. Des accords ont déjà été signés avec 20 sociétés originaires de six membres des BRICS (Russie, Chine, Inde, Brésil, Iran, Emirats arabes unis) dont l’adhésion à l’Alliance BRICS+AI s’est faite en marge de la conférence « AI Journey » à Moscou du 11 au 13 décembre. La conférence, organisée par la banque PJSC Sberbank dont l’Etat russe est l’actionnaire majoritaire, visait à explorer le rôle de l’intelligence artificielle dans l’industrie, les affaires, la science et la société.
L’une des applications de l’IA mise en avant à cette occasion était l’augmentation de la demande des consommateurs comme de la rentabilité. La Russie n’a pas caché à cette occasion sa volonté de développer les technologies IA afin de prendre la tête dans l’industrie globale dans le secteur.
Ce type de conférence, qu’il se tienne au Forum économique mondial ou à Moscou, affiche toujours une sorte de langage commun : c’est pour le bien de l’humanité qu’on fait la promotion de l’IA, et celle-ci peut non seulement contribuer au développement économique mais jouer un rôle vital en vue d’unir l’humanité afin de répondre ensemble aux défis communs, comme l’ont affirmé les organisateurs.
Bref, c’est le globalisme qui est visé, et quoi de plus unifiant (et d’uniformisant) que les réponses apportées par des ordinateurs pensants ? C’est la forme ultime de la technocratie.
La Russie de Poutine se rêve en leader de l’intelligence artificielle
Ainsi, Vladimir Poutine qui assistait à l’événement a-t-il participé à une table ronde intitulée : « L’IA pour les humains. Aider les gens. Unir les pays. » Un autre moyen, finalement, que l’invasion militaire…
Le rôle de l’IA dans la gouvernance des pays a également été souligné. La Chine communiste n’est pas en reste : le Dr Song Haitao, vice-président du Shanghai Institute of AI a expliqué comment l’intelligence artificielle améliore les opérations du gouvernement (communiste) en automatisant la gestion des données, en fournissant une aide à la décision et en optimisant l’allocation des budgets.
Les représentants russes ont assuré que des pratiques similaires sont en cours en Russie où le ministère des Finances, notamment, utilise l’IA pour l’élaboration du budget national. A Dubaï, ce sont les forces de l’ordre qui sont contentes du concours de l’IA, puisque la criminalité y a chuté de 25 % depuis que les outils « Smart City » assistent la police et les autorités locales. Identité numérique, mesure du « bonheur », collecte permanente de données via les téléphones portables, connectivité tous azimuts, et des caméras de surveillance à chaque coin de rue – à haute définition, bien sûr – concourent à une société de surveillance généralisée.
La Russie veut de l’IA partout – comme la Chine communiste ?
Les Russes – par la bouche du directeur du Fonds d’investissement direct – se plaignent aujourd’hui d’être tenus à l’écart des développements de l’IA. Vladimir Poutine a répondu dans le même sens en assurant que la Russie a besoin du développement de la technologie pour assurer sa « souveraineté scientifique et technologique », fût-ce en s’alliant avec des pays amis « innovants ».
Lors d’une déclaration en assemblée plénière de la conférence, le président russe a déclaré que l’IA « restructure » actuellement la vie quotidienne en Russie et devrait devenir une source essentielle pour la mise en œuvre de ses objectifs nationaux, que ce soit en matière des capacités de défense, de développement « de haute qualité » des secteurs économiques et sociaux comme de l’administration publique, et de soutien pour l’innovation.
« Pour résoudre efficacement ces problèmes, la Russie doit devenir un leader mondial non seulement dans la création, mais aussi dans l’ampleur de l’application et de l’utilisation de l’IA dans toutes les sphères de notre vie, sans exception », a déclaré Poutine, assurant que la Russie doit développer ses propres technologies IA pour que demeurent respectés certaines valeurs, la culture, les traditions et les intérêts nationaux du pays, en développant des produits qui serviront « au monde entier ».
La bataille pour l’IA est une guerre de pouvoir, on l’aura compris. Mais aussi une forme d’abdication du genre humain.