Espagne : un maire socialiste « marié » avec un homme dénonce l’« homophobie » du curé qui lui refuse la communion

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Il n’aura pas suffi que le pape François approuve la déclaration Fidicia supplicans autorisant la bénédiction des couples homosexuels pour que l’Eglise catholique échappe aux accusations d’homophobie. Un prêtre espagnol du diocèse de Ségovie l’apprend à ses dépens, lui qui a refusé la communion au maire socialiste de la bourgade de Torrecaballeros (moins de 1.500 habitants) parce que l’édile revendique son homosexualité et vit publiquement en couple avec un homme.

Le curé du lieu avait pris la peine d’expliquer sa décision au maire, Rubén García de Andrés, et s’était même engagé à consulter le diocèse.

Courroux du maire PSOE, qui s’est répandu en propos indignés sur les réseaux sociaux, samedi dernier, se déclarant victime de discrimination. Il a reçu une réponse par mail du diocèse rappelant que la doctrine de l’Eglise est « limpide ».

De fait, il n’est pas permis de donner la sainte communion aux pécheurs publics, notamment en raison du scandale qui peut en résulter.

 

Le refus de communion à un homosexuel « marié » serait une preuve d’homophobie

Rubén García de Andrés a d’autres griefs à formuler : il a fait savoir que jusqu’à il y a deux ans, il « collaborait » avec le diocèse de Ségovie pour mener des « célébrations de la parole » (l’équivalent des célébrations en l’absence de prêtre) mais que ce service lui avait été retiré en raison de l’action de ce qu’il qualifie de « doigts inquisiteurs ».

« L’homophobie qui prévaut dans les doigts inquisitoriaux de ceux qui accusent à Basardilla et Torrecaballeros, encourage l’homophobie de (une partie de) l’Eglise à Ségovie », a-t-il déclaré bizarrement. Et de dénoncer la « grande douleur » que le refus de la communion a causé « spécialement à sa famille » : de manière très peu catholique, il a averti qu’il ne pardonnerait pas à « cette institution » (l’Eglise) la douleur qu’elle provoque aux siens. Basardilla, c’est une autre bourgade de la province de Ségovie où des faits similaires sont dénoncés par le lobby gay, très actif en Espagne.

« Le printemps de François » n’a pas atteint « l’Eglise de Ségovie », déplore encore le maire socialiste, regrettant encore et encore qu’il ne puisse recevoir la communion pour « être homosexuel et vivre en couple » : « Si vous êtes dans le placard, si vous êtes plus faux que Judas, vous pourrez communier et puis c’est tout », a-t-il lancé.

 

Le refus de la communion vise les cas de scandale public

Ce qui signifie qu’il n’a rien compris. Etre homosexuel, qu’on ait fait son « coming out » ou pas, n’est pas le problème : une telle personne peut vivre chastement, ou se confesser et ne pas avoir sur la conscience un péché grave, et recevoir la communion. Comme pour les divorcés qui s’engagent ouvertement dans une nouvelle union alors même qu’ils sont mariés validement et sacramentellement, l’interdiction vise l’existence publique d’une situation durable et objectivement contraire à ce que demande l’Eglise.

Inutile de dire que Rubén García de Andrés, qui a annoncé sa volonté de « lutter et travailler jusqu’à son dernier souffle » pour que la situation change, a reçu un fort soutien médiatique : en Espagne comme ailleurs, la presse est majoritairement de gauche et elle dénonce à son tour « l’homophobie » et « l’intolérance » du curé qui ne fait qu’accomplir son devoir en prenant la défense du corps du Christ réellement présent dans l’hostie, et en évitant qu’un sacrilège ne soit commis.

Même le ministre de l’Egalité s’est dressé aux côtés du maire : Ana Redondo a même « manipulé » l’Evangile, comme le note le site Infovaticana, pour lui faire dire ce qu’il n’a jamais dit, en citant le passage de l’épître aux Galates où l’on peut lire : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus. »

 

Des réactions en Espagne contre les accusations d’« homophobie » de l’Eglise

Un prêtre de Barcelone bien connu pour ses prises de parole traditionnelles, le P. Pablo Pich, a répliqué aussitôt en citant l’épître aux Corinthiens, où saint Paul rappelle quels sont les pécheurs qui n’hériteront pas du royaume de Dieu…

Mais il ne leur suffit pas de s’en prendre à un curé de paroisse. Le parti socialiste de la province de Ségovie a promis de marquer au pas le nouvel évêque du diocèse, tout récemment nommé, Mgr Jesús Vidal, en exigeant qu’il mette fin à la « discrimination en raison de l’orientation sexuelle » au sein de l’Eglise – non sans agiter quelques menaces en rappelant que la loi espagnole considère la « haine en raison de l’orientation sexuelle » comme un délit.

Le diocèse de Ségovie, où l’évêque démissionnaire Mgr César Franco a fait ses adieux officiels dimanche, a publié lundi le communiqué suivant (traduit par nos soins), assez vigoureux, somme toute :

 

Communiqué du diocèse de Ségovie sur le refus de la communion

« La demande du Parti socialiste de Ségovie dans son communiqué adressé au nouvel évêque de Ségovie, de mettre fin à la discrimination en raison de l’orientation sexuelle dans l’Eglise diocésaine, est un jugement diffamatoire à l’égard de la communauté catholique de ce diocèse, qui repose sur des informations peu nuancées concernant les actions du prêtre. Le prêtre, dans l’exercice de son ministère et conformément aux normes de l’Eglise universelle sur la réception de la Sainte Communion, s’est vu obligé de refuser la communion à des personnes du même sexe qui vivent selon le mode marital, ce qui peut également se produire s’agissant de personnes hétérosexuelles qui ne sont pas liées par un lien matrimonial. Il ne s’agit ni d’homophobie ni de discrimination, puisque la communion n’est pas refusée en raison de l’homosexualité, mais en raison du caractère sacré de l’Eucharistie.

« Cette déclaration est une ingérence inadmissible dans les affaires propres à l’Eglise et une atteinte à la liberté religieuse garantie par la Constitution. Les catholiques savent que pour recevoir l’Eucharistie, qu’il s’agisse d’homosexuels ou d’hétérosexuels, des conditions objectives de moralité sont requises et que l’Eglise a le pouvoir de refuser la communion lorsqu’elles ne sont pas remplies, en particulier si cela provoque un scandale parmi les fidèles, comme cela s’est produit dans les cas de Ségovie. C’est ce que prévoit le canon 915 du Code de droit canonique. Le pape François lui-même, dans Fiducia Suplicans, affirme que la bénédiction des couples homosexuels doit être évitée si elle provoque “de graves formes de scandale ou de confusion parmi les fidèles”. Cela est d’autant plus vrai s’il s’agit de la communion sacramentelle.

« Dire que l’Eglise de Ségovie est homophobe parce qu’elle protège la sacralité de l’Eucharistie est un jugement inacceptable. Le refus de la communion ne signifie en aucun cas l’exclusion de la vie ecclésiale ou de la participation à son culte, car l’Eglise encourage ceux qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas recevoir la communion à continuer à participer à la vie de la communauté. D’autre part, il existe de nombreux documents du magistère dans lesquels l’Eglise affirme expressément que les homosexuels doivent être traités dans le respect de leur condition et sont membres de l’Eglise, ce qui ne signifie pas qu’ils peuvent avoir accès à l’Eucharistie sans respecter les règles de droit qui s’appliquent à tous les fidèles.

« Nous demandons instamment au PSOE de Ségovie de retirer son affirmation publique de discrimination dans l’Eglise ségovienne sur le fondement de l’orientation sexuelle, sans connaissance précise des faits et avec des motivations idéologiques qui vont à l’encontre du magistère de l’Eglise catholique sur cette question. »

Il faut bien comprendre où tout cela nous mène : ce sont des outils de persécution qui se mettent en place.

 

Jeanne Smits