Sir James Ratcliffe est une figure doublement connue au Royaume-Uni, étant à la fois à la tête d’une très grosse fortune et co-propriétaire du prestigieux club de football Manchester United. Il vient de mettre en garde contre la prochaine « extinction » de l’industrie chimique, l’une des plus importantes du pays, qui brasse des milliards de livres. En cause, le prix exorbitant de l’énergie, alourdi outre-Manche par la marche forcée vers le « net zéro », la fin des émissions carbone.
« Extinction » ? Nous sommes aujourd’hui tellement conditionnés par le discours écologiste pour penser aussitôt aux opérations « Extinction rébellion », par lesquelles des militants protestent contre la disparition d’espèces animales du fait du « réchauffement climatique » attribué à l’homme.
Mais c’est l’homme qui est menacé dans ses activités et même dans son existence par les exigences du « net zéro » : il lui est reproché de se chauffer, de se déplacer, de souiller la planète par son « empreinte carbone », de se livrer à des activités professionnelles qui sont présentées comme néfastes, même si elles assurent le pain quotidien d’un grand nombre.
Extinction : la rébellion contre le « net zéro »
Les remarques de « Sir Jim » faisaient suite à la fermeture, la semaine dernière, d’un centre de production d’éthanol synthétique à Grangemouth, Falkirk, en Ecosse : 80 emplois perdus, sans compter les quelque 500 emplois indirects liés à la présence et au fonctionnement de cette usine chimique. Grangemouth pouvait produire jusqu’à 180.000 tonnes d’éthanol destiné à l’industrie pharmaceutique par an.
Le propriétaire de l’usine, le groupe Ineos, a justifié la fermeture du site en soulignant que les coûts élevés de l’énergie au Royaume-Uni faisaient que l’usine perdait de l’argent. Ces coûts ont doublé au cours de ces cinq dernières années et surtout, ils sont désormais cinq fois plus chers qu’aux Etats-Unis. Plus précisément, c’est la taxe carbone qui pèse sur les industries manufacturières.
Ineos a ainsi dénoncé le fait que l’actuel système d’échanges de quotas d’émission par lequel des producteurs de « gaz à effet de serre » achètent des permis d’émettre fait du tort au marché interne britannique, alors que les importateurs ne sont pas frappés par de telles obligations. C’est pourquoi il réclame du gouvernement des prix compétitifs pour le gaz naturel et des réformes capables de soutenir la production industrielle sur le sol britannique.
L’industrie européenne victime du net zéro
Le site de Grangemouth est justement un « bon élève » de la course contrainte vers le net zéro, puisque ses émissions de CO2 ont chuté de près de 50 % au cours des 20 dernières années (pour rien, puisque le lien entre le CO2 atmosphérique et le réchauffement n’est pas établi), et il était prévu de les ramener à zéro d’ici à 2050. Mais il se heurtait également à ce qu’il faut bien qualifier de concurrence déloyale imposée au nom du « net zéro », puisque d’autres pays qui n’ont pas de plans de réduction des émissions peuvent purifier l’éthanol à bien moindre coût.
Jim Ratcliffe a raison de parler d’extinction : dix grosses centrales de production chimique ont fermé leurs portes au Royaume-Uni au cours de ces cinq dernières années. Dans l’ensemble de l’Europe, il ne restait que deux centres de production d’éthanol synthétique : maintenant que Grangemouth a fermé, il n’y en a plus qu’une.
De toute façon, les dés sont pipés.