Après l’assassinat d’un prêtre catholique âgé de 44 ans au Myanmar (anciennement la Birmanie) la semaine dernière, deux villageoises témoins de la scène ont raconté ses derniers instants à l’agence d’informations pontificale Fides. Les deux femmes ont vu comment le P. Donald Martin Ye Naing Win a affronté calmement un groupe de dix hommes armés qui venaient de faire irruption au presbytère de l’église Notre-Dame-de-Lourdes du village de Kangyi Taw, dans l’archidiocèse de Mandalay. Il s’est dressé « sans peur » devant les miliciens qui venaient de contraindre au silence les catholiques présents – les deux femmes mais aussi des enseignants et des travailleurs paroissiaux – et qui le menaçaient à son tour. Le chef du groupe lui a ordonné de se mettre à genoux, mais le prêtre a répondu paisiblement : « Je m’agenouille seulement devant Dieu. » Et de poursuivre : « Que puis-je faire pour vous ? Y a-t-il quelque chose dont nous puissions discuter ? »
L’un des miliciens qui se trouvait derrière a riposté en lui assénant un coup de son poignard qui était toujours dans son fourreau, mais ce faisant il frappa accidentellement le chef du groupe. Les assaillants étaient visiblement ivres ou sous l’influence de stupéfiants, selon les témoins, et la maladresse provoqua la rage de ce dernier, déjà irrité par le refus du prêtre de se mettre à genoux : c’est lui qui commença à poignarder la victime à de multiples reprises, le blessant au cou et au corps.
Témoignage sur la foi d’un prêtre tué au Myanmar
Le P. Donald ne dit pas un mot, rapportent les deux femmes : il endura cette violence gratuite sans dire un mot, « comme un homme innocent », « comme un agneau conduit à l’abattoir ». Les coups à la gorge du prêtre furent d’une telle violence que sa tête se détacha presque de son corps.
Les autres miliciens étaient restés sans bouger : une fois le crime commis, ils quittèrent les lieux avec leur chef ; et ce sont les deux femmes qui ont lancé l’alerte. D’autres villageois ont alors aidé à évacuer le corps du prêtre alors que l’armée « Force de Défense du peuple » du gouvernement en exil, qui contrôle cette partie du territoire birman, a pu suivre et arrêter les attaquants.
L’assassinat d’un prêtre fidèle
Les témoignages des deux femmes ont été enregistrés et transmis au gouvernement d’unité nationale qui a officiellement regretté les faits et promis que les responsables seraient punis « selon la loi ».
S’agit-il d’un martyre au sens strict du mot ? On ne peut affirmer sans enquête que le prêtre a été tué en haine de la foi. Mais son attitude et ses paroles témoignent d’un homme prêt à tout donner, jusqu’à sa vie, pour être fidèle à Dieu.