Punir la Chine de sa gestion du covid en lui confisquant des terres et des biens acquis sur le territoire américain : c’est la judicieuse idée de l’Etat du Missouri qui vient de remporter un procès historique. Le juge a déterminé que l’empire du Milieu avait causé un préjudice économique et individuel considérable à l’ensemble de l’Etat et qu’il fallait qu’il paye ! Un nombre encore indéfini de terres agricoles et d’actifs chinois vont donc être saisis pour commencer à écluser la somme pharamineuse de 24 milliards de dollars qui a été établie.
Un bon prétexte que le covid ? Il est certain que la Chine n’est pas responsable de toute la gestion dommageable de la crise aux Etats-Unis. Et puis Pékin ne possède qu’une part infime des terres arables de celui qu’on appelle « The Show-Me State ». Néanmoins, elles sont souvent achetées à côté de lieux stratégiques. Et la Chine communiste reste la Chine communiste qu’on a de moins en moins envie de voir sur le territoire…
17.000 hectares de terres agricoles chinoises dans le Missouri
Comme le faisait remarquer The New American, aucune loi américaine ne restreint de manière absolue le nombre de terres agricoles privées pouvant être détenues par des étrangers, même si certains Etats limitent ce droit.
Selon les chiffres du Département de l’Agriculture des Etats-Unis, les citoyens, entreprises ou pays étrangers possédaient environ 16,6 millions d’hectares de terres agricoles américaines en 2021. Le Canada vient en première ligne, avec plus de 5 millions d’hectares. Viennent ensuite les Pays-Bas, avec environ 2 millions, et l’Italie, avec un peu plus d’1 million d’hectares.
La part de la Chine est relativement faible, avec un peu moins de 1 %, soit environ 155.000 hectares, les trois principaux Etats les abritant étant le Texas, la Caroline du Nord et le Missouri. Mais cette part a augmenté ces dernières années : NewsNation a rapporté qu’entre 2019 et 2021, la propriété foncière agricole chinoise aux Etats-Unis a bondi de 55 %.
Pour mettre un terme à cette évolution et remettre la main sur les 17.000 hectares qui appartiennent à la Chine dans le Missouri, l’Etat a donc porté l’affaire devant le tribunal. Et ce dernier a décidé, le 7 mars, que le gouvernement chinois avait dissimulé le début de l’épidémie et s’était livré à des « actions monopolistiques » en accumulant des équipements de protection médicale (EPI). Il a condamné la Chine, le Parti communiste au pouvoir, les collectivités locales chinoises, l’Institut de virologie de Wuhan et une agence sanitaire.
« La Chine a trompé le monde sur les dangers et l’ampleur de la pandémie de Covid »
Autant d’acteurs qui n’étaient pas présents le jour du jugement et qui comptent bien se défendre autant qu’ils le pourront, évoquant par le biais du porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington, « des contre-mesures réciproques, conformément au droit international ».
De fait, la loi sur l’immunité des Etats étrangers (FSIA) de 1976 limite peut-être la possibilité de les poursuivre devant les tribunaux fédéraux et étatiques. Mais elle établit aussi des mécanismes permettant d’identifier, de saisir et de vendre les actifs d’une puissance étrangère pour satisfaire des jugements légitimes.
On pourrait dire, évidemment, que le prétexte est facile pour confisquer les terres d’une nation étrangère hostile… Comme le souligne The New American, la réponse au virus (ainsi que le refus volontaire des Etats-Unis de fabriquer des produits médicaux de première nécessité) a causé plus de dégâts que le virus lui-même – ou que les mensonges de la Chine à son sujet. Et c’est grâce à un financement américain (par l’intermédiaire d’EcoHealth Alliance) que l’Institut de virologie de Wuhan menait ses expériences de « gain de fonction » qui consistent à modifier génétiquement des virus pour les rendre plus transmissibles ou plus virulents.
De plus, les gouvernements des Etats américains n’ont pas mené les politiques les plus heureuses. A New York, par exemple, le gouverneur de l’époque, Andrew Cuomo, a contraint les maisons de retraite à accueillir des patients positifs… ce qui a entraîné l’infection et le décès des personnes âgées. Des patients atteints d’autres maladies ont été laissés pour compte, et des milliers d’entreprises ont été fermées, sans pouvoir rouvrir.
Pas de place sur le sol américain pour les ennemis de l’Amérique
Mais là n’est pas la question. C’est la Chine qui est en face. Cette Chine communiste qui se plaît à acheter régulièrement des terres, alors qu’elle n’en manque pas chez elle. Notamment à des fins d’espionnage : en juin 2024, le Département du Trésor a même proposé une nouvelle règle qui donnerait au Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis le pouvoir d’empêcher les entreprises chinoises de posséder des terrains à proximité des bases militaires américaines.
Car c’est le cas. En 2022, le fabricant chinois Fufeng Group a acquis 121 hectares près de la base aérienne de Grand Forks, dans le Dakota du Nord. Quelques années auparavant, une autre filiale acquérait des terrains près de la plus grande base d’entraînement de pilotes de l’armée de l’air, la base aérienne de Laughlin, dans le sud du Texas. En mai 2024, l’administration de Joe Biden a dû prendre un décret pour obliger MineOne, une société de minage de cryptomonnaies soutenue par la Chine, à se séparer des terrains qu’elle possédait dans le Wyoming, près de la base aérienne Francis E. Warren, qui abrite des armes nucléaires.
Finalement, ce jugement est une double leçon. C’en est une pour les Etats-Unis qui feraient mieux d’adopter une politique de protocole sanitaire indépendante de la Chine ainsi qu’une production indépendante d’équipements médicaux de protection et d’antibiotiques de base. C’en est une autre, de taille, pour la Chine qui se voit persona non grata sur le sol d’un Etat américain, et contrainte de se replier malgré elle.
Trump avait promis, lors de sa campagne de réélection en 2024, d’interdire aux ressortissants chinois d’acheter des terres agricoles américaines : Anne Dolhein le rappelait ici. « Il est temps, écrit The New American, que le Congrès envisage d’adopter une loi interdisant aux gouvernements qui empoisonnent les citoyens américains et se préparent à la guerre avec nous de posséder des terres à l’intérieur de nos frontières. »