Discrimination positive : les minorités ethniques favorisées pour l’emploi au Royaume-Uni

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« L’anti-racisme est un racisme à l’envers », aime à dire Bernard Antony : la tendance actuelle au Royaume-Uni en matière de recrutement lui donne plus que jamais raison. Les médias conservateurs s’étranglent actuellement devant les directives de « tri » des candidatures au sein des unités régionales du système national de santé (les « NHS trusts »). Une enquête du Telegraph de Londres révèle en effet qu’en Angleterre, on y a de plus en plus recours à la « Rooney Rule », cette règle qui exige la présence de femmes et de membres des minorités ethniques parmi la liste retreinte de personnes ayant fait candidature pour un poste.

C’est une discrimination assumée, contraire à l’égalité devant la loi et l’égalité des chances. Aux Etats-Unis, la Rooney Rule existe depuis 2003 : elle imposait alors à la Ligue nationale du Football américain de proposer des entretiens de recrutement aux membres des communautés ethniques « sous-représentées », au titre des politiques de « Diversité, équité, inclusion » (DEI). Les règles se sont durcies depuis lors puisque l’inclusion de ces personnes n’est plus seulement requise dans le cadre de la mise en avant des candidatures, mais dans la décision d’emploi elle-même. Depuis 2022, un système de quotas requiert qu’un membre au moins des coachs pour les joueurs offensifs soit une femme ou issu d’une minorité ethnique.

Cette exigence de « diversité » s’est étendue sous diverses formes à d’autres industries.

 

La discrimination positive pleinement assumée au Royaume-Uni

La mode a donc traversé l’Atlantique. Aujourd’hui, il est acquis que les candidats « ethniques » jouissent d’un coup de pouce pour se retrouver en haut de la pile des candidats, passant devant les Blancs – d’autant moins désirables qu’ils sont mâles et hétéros ? De même, si en bout de course il ne reste qu’un Blanc et un membre d’une communauté jugée « minoritaire », c’est ce dernier qui aura l’avantage, sa couleur de peau jouant le rôle de départageur.

Le domaine de la santé n’est pas le seul affecté par cette politique de discrimination positive, qui n’est autre qu’une manière de mettre en place une discrimination institutionnelle contre la population autochtone du Royaume-Uni. La West Yorkshire Police est elle aussi actuellement sur la sellette en raison de sa décision récente de bloquer, carrément, les CV soumis par des Britanniques mâles blancs.

Un ancien ministre Tory, Grent Shapps, a vivement critiqué ces pratiques en soulignant qu’elles « institutionnalisent les quotas raciaux », qui plus est de manière « paternaliste, clivante et fondamentalement inacceptable ». « Les emplois doivent être donnés selon le mérite et non selon la couleur de peau. Nous devons construire une société daltonienne plutôt que d’établir des quotas raciaux sous prétexte de “diversité” », a-t-il déclaré.

Comme en France – au moins théoriquement – la discrimination positive est proscrite par la loi au Royaume-Uni. On n’a pas le droit d’y préférer explicitement un candidat issu d’une minorité par rapport à un candidat blanc ayant un meilleur dossier.

 

L’emploi au Royaume-Uni, une récompense pour la couleur de peau ?

Certes, les partisans de la Rooney’s Rule assurent que celle-ci ne pose aucun problème légal dans la mesure où la politique d’entretien et de proposition d’emploi est la même pour tous ceux qui sont au nombre de la liste restreinte en vue d’un recrutement donné. Mais la pression est bien là, et pourrait aboutir à recruter un membre d’une minorité ethnique ayant des origines dites « privilégiées » par rapport à un autre candidat ayant franchi avec succès de multiples obstacles pour atteindre un certain niveau, la couleur de peau étant finalement la principale qualité retenue…

C’est ce qu’affirme un membre du parlement Tory, ancien ministre de la Santé, Neil O’Brien. Notez que le discours DEI est toujours présent, quelle que soit la manière de retourner les arguments : l’emploi semble être systématiquement considéré comme une sorte de récompense pour ceux qui cochent les bonnes cases, c’est l’appréciation de ces dernières qui varie.

On en arrive dans une unité régionale de la NHS à refuser de finaliser une procédure de recrutement s’il n’y a pas au moins une femme et un membre d’une minorité ethnique parmi la liste restreinte des candidats. On en arrive aussi à qualifier les non-Blancs qui doivent – de force – figurer sur une telle liste de « majorité globale », au motif que les Blancs ne sont pas du tout majoritaires dans le monde.

Ces arguments ont ceci de remarquable qu’on peut les retourner dans n’importe quel sens, au mépris du principe de non-contradiction.

 

La discrimination en faveur de l’emploi des minorités prend surtout acte de leur présence croissante

On s’aperçoit de toute façon que la technique de promotion d’une partie de la population en raison du critère de la race ne fait que s’étendre de manière de plus en plus explicite.

On comprend mieux le mécanisme d’après un récent communiqué de la West Yorkshire Police, citée plus haut, qui indique mettre en place une « action positive » en faveur des non Blancs pour tenir compte du fait que 23 % des habitants y sont issus d’une minorité ethnique, contre seulement 9 % des employés de la police.

Près du quart des habitants de Leeds, Bradford et Huddersfield et les campagnes environnantes au cœur de l’Angleterre seraient-ils membres de minorités ethniques ? En fait, c’est ça, la vraie info : les minorités reçoivent des coups de pouce parce qu’elles sont en voie de ne plus l’être.

 

Anne Dolhein