Aîné d’une famille nombreuse, fils d’un cultivateur, né le 26 mars 1748 à Amettes, dans l’Artois, il fut éduqué par un oncle prêtre. D’une grande piété, menant une vie particulièrement austère, il voulut à l’âge de 18 ans, après la mort de son oncle, entrer au monastère. Il fut pourtant plusieurs fois refusé chez les chartreux et chez les trappistes ; gardant confiance, il écrivit alors à sa famille : « Le bon Dieu m’assistera et me conduira dans l’entreprise qu’il m’a Lui-même inspirée. (…) J’aurais toujours la crainte de Dieu devant les yeux et son amour dans le cœur. »
Devant l’impossibilité de devenir moine, il commença une vie de pèlerin et de mendiant, visitant à pied les grands sanctuaires de France, d’Italie, d’Espagne, de Suisse et d’Allemagne. Se déplaçant avec pour seuls compagnons son chapelet et son crucifix ainsi que quelques livres pieux et son bréviaire qu’il récitait tous les jours, il dormait le plus souvent en plein air, évitant les auberges qui auraient troublé son recueillement. Se contentant de peu de nourriture, il donnait le superflu aux pauvres.
D’une très grande austérité, il acceptait avec patience et amour les moqueries dont il était l’objet. Il faisait cependant l’admiration de beaucoup par sa vie de prière et de pénitence, son dévouement aux autres et les miracles qui accompagnèrent son existence. A un hôte qui lui demandait un souvenir de son passage, il déclara, alors que sonnait l’horloge : « Chaque fois que vous entendrez ce timbre, rappelez-vous que l’heure suivante ne vous appartient pas. »
Dans les années 1770, il écrivit la Prière des Trois Cœurs, qui résume sa spiritualité : « Mon Dieu, accordez-moi, pour Vous aimer, trois cœurs en un seul. Le premier, pour Vous, pur et ardent comme une flamme, me tenant continuellement en Votre Présence et me faisant désirer parler de Vous, agir pour Vous, et, surtout, accueillir avec patience les épreuves qu’il me sera donné de devoir surmonter au cours de ma vie. Le second, tendre et fraternel envers le prochain, me portant à étancher sa soif spirituelle en lui confiant Votre Parole, en étant Votre témoin comme en priant pour lui. Que ce cœur soit bon pour ceux qui s’éloignent de Vous, et plus particulièrement encore s’ils me rejettent ; qu’il s’élève vers Vous, vous implorant de les éclairer afin qu’ils parviennent à se libérer des filets du chasseur. Qu’il soit, enfin, plein de compassion pour ceux qui ont quitté ce monde dans l’espérance de Vous voir face à face. Le troisième, de bronze, rigoureux pour moi-même, me rendant vainqueur des pièges de la chair, me gardera de tout amour-propre, me délivrera de l’entêtement, me poussera à l’abstinence et m’incitera à me défier du péché. Car je sais que plus je maîtriserai les séductions de la nature, plus grand sera le bonheur dont Vous me comblerez dans l’éternité. Ainsi soit-il. »
A la fin de sa vie, ayant achevé ses pèlerinages, Benoît-Joseph se fixa à Rome, où il vécut plusieurs années encore en pénitence dans les ruines du Colisée. Il mourut dans la Ville éternelle le 16 avril 1783. Tout de suite, une très importante ferveur populaire se manifesta sur sa tombe ; plusieurs miracles y furent constatés. Il fut canonisé par Léon XIII le 8 décembre 1881. Surnommé le « vagabond de Dieu », il est saint patron des mendiants et des SDF.