L’archidiocèse de San Francisco en Californie vient de mettre en exergue les explications d’un prêtre au sujet des types de funérailles qui sont acceptées par l’Eglise catholique : elles soulignent que certains enterrements « écologiques » ne répondent pas aux exigences qui naissent de la nature humaine et de la dignité particulière des baptisés. Si la religion écologique préconise l’enterrement « vert » – diverses options existent – cela fait près de deux mille ans que l’Eglise insiste sur bien d’autres critères que le très à la mode « eco-friendly ». Le prisme environnementaliste fait passer à côté de l’essentiel. Comment ne pas penser que c’est voulu ?
« Ces dernières années, certaines technologies de funérailles “vertes” ont émergé qui contredisent la foi catholique », avertit le prêtre.
« Pendant près de 2.000 ans, les catholiques étaient seulement autorisés à inhumer leurs dépouilles. La crémation, à l’inverse, était strictement interdite jusqu’en 1963 », rappelle l’abbé Vincent Woo : « La discipline actuelle de l’Eglise autorise les deux : l’inhumation du corps est vivement recommandée, alors que la crémation est autorisée, mais seulement si elle n’est pas choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne (canon 1176.3). »
L’enterrement selon Eglise se fait dans une tombe identifiable
Dans tous les cas, l’Eglise enseigne que les fidèles catholiques doivent être enterrés dans un cimetière catholique ou civil et dans une tombe identifiable – sauf cas de nécessité, évidemment, telles les funérailles en mer.
Ces règles sont dictées par trois raisons : la sépulture digne renvoie à la doctrine de la résurrection des corps, à celle qui ordonne le respect du corps humain en tant que temple du Saint-Esprit, et à la pratique de la prière des vivants pour les morts qui doit être ainsi encouragée.
Fait partie des pratiques interdites l’hydrolyse alkaline : la « crémation à l’eau » ou aquamation qui consiste à dissoudre les tissus mous dans une eau chauffée à 96 degrés et additionnée de carbonates, de sodium et de potassium pour accélérer le processus. Autorisée dans plusieurs Etats ou pays anglosaxons, elle reste proscrite en France où seuls les cadavres d’animaux peuvent être réduits à l’état d’ossements de cette façon. Les ossements, eux, sont broyés et recueillis… ou dispersés comme compost.
Le compost, voilà une autre marotte des gens qui ont plus envie de retourner à la « Terre Mère » qu’au Père éternel. Et le compostage humain n’est pas plus respectueux des corps que l’aquamation, souligne le document.
Funérailles écologiques, enterrement « vert » : c’est « Mère Nature » au-dessus de tout
Ainsi, l’aquamation transforme les parties molles du corps en liquide qui se mélange à l’eau contenue dans un réservoir sous pression ; puis le contenu de ce dernier est traité comme n’importe quelle eau usée, évacuée via la plomberie et versée dans les égouts. Dans certains cas, on en fait un fertilisant à répandre dans les champs.
Le compostage humain consiste à placer la dépouille dans une boîte en métal avec de la matière végétale, où elle se décompose en l’espace d’un mois. Là encore, les restes sont utilisés comme fertilisants.
Ni l’une ni l’autre méthode ne traite le corps humain avec respect, et elles ne témoignent pas non plus de l’espérance de la résurrection, souligne l’abbé Woo.
Dans le cas de la crémation autorisée, précise-t-il encore, les cendres doivent impérativement recevoir des « funérailles dignes ». Et de souligner que le fait de les enterrer dans une urne biodégradable ou de les répandre dans la nature – « dans l’air, sur terre ou en mer » – est souvent signe de croyances panthéistes, nihilistes ou naturalistes.
C’est très clairement qu’il a dénoncé l’aspect panthéiste de cette pratique : l’incinération non suivie d’une sépulture digne peut également indiquer une volonté de ne faire qu’un avec « Mère Nature », ce qui « contredit directement la croyance chrétienne en la résurrection du corps », écrit le père Woo : « De telles pratiques doivent être évitées. »
L’Eglise se soucie du salut éternel, pas d’une « sépulture éternelle »
Il n’est pas plus acceptable de recueillir les cendres pour les intégrer dans un bijou ou un autre objet de souvenir, notamment en raison du risque d’oubli ou de manque de respect au fur et à mesure de la succession des générations.
Si donner son corps à la science (comme l’avait envisagé saint François de Sales lorsqu’il avait contracté une grave maladie au cours de sa jeunesse estudiantine) peut être louable, c’est uniquement à la condition de s’assurer que les restes du corps recevront une sépulture convenable, ce qui n’est pas toujours le cas, a-t-il également souligné.
Enfin, la mode plus récente des « inhumations naturelles », sans embaumement et avec le placement du corps dans un panier, un simple linceul ou une autre matière biodégradable n’est pas proscrite en soi (certains ordres religieux prescrivent de telles pratiques ; en France, certaines municipalités les interdisent au contraire, imposant le caveau), mais elles doivent se faire dans un cimetière catholique ou civil : la tombe doit également être « marquée », ce qui n’est pas toujours cas, rappelle l’abbé Woo.
C’est une mode qui a récemment fait son apparition aux Pays-Bas où l’on peut réserver un emplacement de « sépulture éternelle » (sic) dans des cimetières « naturels » : une campagne étendue, boisée ou non, marquée par sa biodiversité, où les défunts sont ensevelis sans identification particulière sinon des donnés de localisation consultables dans l’appli des concessionnaires du lieu. Ceux-ci ont pour obligation d’y préserver la nature, à laquelle le défunt est censé « participer ». Pour « toujours »… Mais surtout, sans tombes visibles, sans croix, sans autre référence que la nature elle-même. Ce type d’inhumations « naturelles » fondent les chers disparus dans l’environnement en interdisant leur identification et en rendant impossible tout signe religieux.
Jadis, il n’y avait pas pire exil que d’être interdit de sépulture religieuse dans une terre bénite. La religion écologique veut cet exil pour tous.