L’événement a été officiellement approuvé, si l’on peut dire, par l’archidiocèse de München-Freising en Allemagne, qui a répercuté l’information sur sa page Facebook vendredi dernier avec de nombreuses photos : un « requiem œcuménique » pour un glacier avec des membres de l’Eglise évangélique le 25 juillet dernier au Zugspitze, la plus haute montagne d’Allemagne. Une « pasteure » protestante et un « assistant pastoral » laïc catholique, en aube, ont présidé la célébration à l’autel de la chapelle de la Visitation au Zugspitzplatt (altitude 2.600 mètres). Une cinquantaine de personnes assistaient, religieusement.

Fort heureusement, aucun membre du clergé catholique n’était présent, mais il reste qu’on a prêté une chapelle catholique à cette mascarade et que les autorités de l’archidiocèse – dont le cardinal Reinhard Marx, proche du pape François, est l’archevêque – n’y ont rien trouvé à redire.

Le prétendu « requiem » disait adieu au « statut de glacier » du Schneeferner – il devrait le perdre en 2030 d’après les prévisions qui se fondent sur la perte d’un tiers de son volume entre 2014 et 2022, passant de 39 mètres d’épaisseur en son point le plus épais à 27 mètres aujourd’hui.

Ce simulacre de requiem pour un glacier mourant

La cérémonie œcuménique cherchait à « attirer l’attention sur les conséquences de l’évolution rapide du changement climatique et sur l’importance de préserver la création », selon un communiqué de presse de l’archevêché.

Il s’est déroulée tel un simulacre de funérailles, avec un cortège funèbre des précédé d’une croix ornée d’une tête de mort vers le « lit de mort » du Schneeferner, à travers le vent et le brouillard. Chants, bénédictions et encens ont accompagné la « station » devant le glacier. Le directeur musical de l’église protestante Wilko Ossoba-Lochner a même composé une « élégie pour la fin de la glace éternelle » à l’occasion de ce « requiem », interprété par trois chanteurs professionnels.

« Nous avons peur de voir nos moyens de subsistance fondre comme ce glacier », a déclaré la « pasteure » protestante Uli Wilhelm, à l’origine de l’idée du requiem du glacier, selon un reportage de la Bayerischer Rundfunk.

Mme Wilhelm a déclaré voir le climat « avec tristesse, inquiétude et colère ».

La religion œcuménique en Allemagne est celle du panthéisme écologiste

Selon l’enseignement catholique et la tradition, les funérailles catholiques ne peuvent être célébrées que pour des personnes humaines baptisées et décédées, et non pour des objets inanimés comme les glaciers ou même d’autres créatures vivantes comme les animaux ou les plantes. La messe de requiem prie pour le salut de l’âme du défunt, elle ne cherche pas à lui faire des adieux affectueux…

Le mot « requiem » peut certes être utilisé dans un sens figuré, mais en l’occurrence tel n’était pas le but lors de la mascarade au Schneeferner, puisqu’il s’est agi d’une cérémonie qui se voulait religieuse. Et qui démontre bien, s’il le fallait, que « leur » écologie est bien une religion, avec des rites détournés de la vraie religion appliqués à des biens matériels au nom d’un panthéisme à peine dissimulé.

Jeanne Smits